Expulsions locatives : mobilisation devant la Préfecture du Rhône

Expulsions locatives : Mobilisation devant la Préfecture du Rhône aujourd’hui 15 mars à partir de 16h30. Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle Picard lors de la séance publique du conseil municipal lundi 14 mars 2011 sur le rapport N°6 « Interdiction sur le territoire communal des saisies mobilières, expulsions locatives, coupures d’eau et énergies pour les Vénissians confrontés aux difficultés liées à la pauvreté »

Le 15 mars avec la fin de la trêve hivernale, la menace des expulsions locatives planera à nouveau sur la tête de nombreuses familles. Alors que la situation sociale ne cesse de se dégrader créant des inégalités et une pauvreté accrue, alors que nous traversons une crise du logement sans précèdent depuis 1946, des familles souvent avec enfants, vont être encore et encore jetées à la rue.

Face à cette violation manifeste du droit constitutionnel à disposer d’un logement, Michèle Picard, maire de Vénissieux mènera une action commune avec les maires de Vaulx-en-Velin, Givors, Pierre-Bénite et Grigny, ce 15 mars en Préfecture du Rhône, 3 rue Dunoir à Lyon 3ème :

  • A 16h30, Michèle Picard, maire de Vénissieux, Serge Tarrassioux, maire de Pierre-Bénite et Bernard Genin, maire de Vaulx-en-Velin, signeront leurs arrêtés interdisant les expulsions locatives, les coupures d’énergies et les saisies mobilières, en présence de René Balme, maire de Grigny et Martial Passi, maire de Givors.
  • A 17h15, les maires seront reçus par Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts, Préfet délégué pour la sécurité et la défense auprès du Préfet de la Région Rhône-Alpes.
  • A 17h30, à l’issue de la rencontre, un rassemblement de soutien à l’action des maires clôturera ce temps de mobilisation contre ces pratiques d’un autre âge, indignes de notre société, devant la Préfecture, rue Dunoir, Lyon 3ème.

Ci-après l’intervention de Michèle Picard lors de la séance publique du conseil municipal lundi 14 mars 2011 sur le rapport N°6 « Interdiction sur le territoire communal des saisies mobilières, expulsions locatives, coupures d’eau et énergies pour les Vénissians confrontés aux difficultés liées à la pauvreté »

Le combat que nous menons avec les arrêtés d’interdiction des expulsions locatives, des saisies mobilières et des coupures d’eau et d’énergies sur le territoire de Vénissieux, agit à trois niveaux.

Contre le cynisme ambiant déjà, cynisme insupportable d’une situation qui s’aggrave d’année en année, d’une pénurie de logements qu’on entretient et sur laquelle s’appuie la spéculation. Cynisme ambiant de communes qui jouent le jeu de la loi SRU, et d’autres qui passent leur temps à contourner la loi, à exclure de leur petit pré carré les familles populaires.

Le fruit de ce cynisme, qui règne en maître depuis plus de trente ans, il est sous nos yeux : le droit au logement, droit constitutionnel pourtant, est une coquille vide, un beau principe inappliqué et vidé de son sens, vampirisé par les règles du marché, encore le marché, rien que le marché. Dix millions de personnes touchées par la crise du logement, 3,6 millions de français mal logés, plus de trois millions de ménages en situation de précarité énergétique. Derrière ces chiffres, la réalité devient insoutenable : c’est se loger mais ne plus se chauffer, c’est se nourrir mais reporter des soins. On continue comme ça ou on agit ? On ferme les yeux sur la réalité ou on prend des décisions fermes pour faire bouger les choses ? On s’habitue à la pauvreté, on la banalise ou on la combat ? Je peux le dire avec d’autant plus d’honnêteté que Vénissieux, c’est 53% de logements sociaux, c’est 564 logements neufs livrés en 2010.

Ce combat contre les expulsions, c’est celui aussi de la dignité humaine. C’est cette dernière qui devrait être le moteur de notre action politique. Et il y a des seuils de tolérance au-dessus desquels il faut savoir dire Non.

Comment pouvons-nous accepter que des familles, des enfants se retrouvent un jour dans la rue, sans toit, sans moyens pour se chauffer, s’alimenter ? Comment pouvons-nous accepter l’errance et le nomadisme urbain qui s’ensuivent, l’exclusion terrible, et souvent sans rémission, que l’on inflige à ces hommes, à ces femmes ? De quel droit assène-t-on une telle sentence irréversible ? Comment imaginer que des enfants vivent dans ces favelas, ces trous à rat qui naissent ici et là dans nos agglomérations, près d’un échangeur, sous un pont, enfants terrés, apeurés, abandonnés aux risques sanitaires, aux traumatismes psychologiques ? ça n’est pas acceptable, ça n’est pas justifiable, ça n’est pas pardonnable pour une société soi-disant développée comme la nôtre, alors que des dizaines de milliers de logements sont inoccupés.

En France, en l’espace de dix ans, les demandes du concours de la force publique ont augmenté de 132%.

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