Disparition de Rosette Jeannin, la générosité incarnée

Rosette Jeannin vient de nous quitter. Vénissieux la Solidaire perd celle qui a été l’incarnation vivante de la générosité. Une vie au service des autres à l’image de la devise « …tout ce qui est humain est nôtre… » et du principe « … quelle que soit notre analyse sur les causes, agissons ensemble pour être solidaires… » du Secours populaire français.

Rosette a sans doute puisé dans ses racines, son courage et sa ténacité. «J’ai eu des parents exceptionnels. Ils nous ont toujours expliqué pourquoi ils militaient, et comment ils militaient… ». Dès treize ans, la Résistance fait partie de son quotidien. La famille Barioz héberge et planque des membres du réseau Guy Mocquet. Son père et son frère arrêtés puis déportés, sa mère internée, « la môme » comme la surnommaient les Résistants s’évade de l’Antiquaille où elle avait été conduite par la Police de Vichy avec les enfants juifs raflés et déportés à Auschwitz.

Au lendemain de la guerre, avec Paul Guilbert membre du réseau résistant Guy Mocquet, elle intègre le comité local du Secours populaire français qu’elle présidera par la suite de 1980 à 2004. A l’occasion du 60ème anniversaire de l’association, il y a dix ans, la ville de Vénissieux avait mis à l’honneur son engagement infatigable au service des plus démunis en lui remettant la médaille de ville, en présence de Julien Lauprêtre, président du SFP et devant un public debout saluant son parcours. Au delà de l’aide au quotidien, Rosette, soucieuse de l’équilibre entre les différentes formes de solidarité, impulse et développe les actions les plus diverses : accès à la culture, au sport, aux vacances, aide en direction des personnes âgées, des jeunes, des victimes de catastrophes naturelles en France ou dans le monde … Une lutte incessante contre le repli sur soi, le sentiment d’isolement.

Un combat contre l’oubli aussi. En 1980, Rosette succède à Georges Roudil comme secrétaire de section au bureau de la Fédération nationale des Déportés Internés Résistants et patriotes (FNDIRP). Surtout, elle sera aux côtés de Charles, déporté et résistant qu’elle a épousé en octobre 1948, pour témoigner, transmettre l’histoire aux jeunes, militer et expliquer comme pour rester fidèle à son histoire personnelle, à sa ville natale, à ses valeurs de génération en génération.

Rosette et Charles Jeannin, décédé le 4 mars 2013, chacun dans son rôle, avec leurs propres responsabilités, ont marqué de leur empreinte l’histoire vénissiane. Un couple qui a conjugué sa vie avec celle de notre ville, Vénissieux la belle et rebelle.

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