Demi-journée d’échange autour de la parentalité

« Il faut tout un village pour éduquer un enfant ». Ce proverbe résume à lui-seul toute l’attention que la société, dans son ensemble, doit porter à sa jeunesse. Donner à chaque enfant les moyens de bien grandir est notre responsabilité partagée : parents, enseignants, éducateurs, acteurs de la vie de la cité.

Conformément à la convention internationale des droits de l’enfant, dont nous venons de célébrer le 25ème anniversaire, l’Etat a aussi la responsabilité d’assurer à tous les enfants des conditions de vie décentes, pour leur permettre de s’épanouir : droit à un niveau de vie suffisant, à la protection, accès à la santé, à l’éducation.

Pourtant, la situation des enfants, en France, ne cesse de se dégrader. Ils sont les premières victimes de la crise économique et sociale qui frappent durement leurs parents. La défenseure des enfants, Geneviève Avenard, comme l’Unicef France, dressent un constat accablant. Aujourd’hui, 3 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, soit 1 enfant sur 5 ; 31 000 sont sans toit. Entre 2008 et 2012, la pauvreté des enfants a augmenté de 3%, plaçant notre pays en queue de peloton (30ème sur les 41 pays de l’OCDE). Les enfants issus de familles monoparentales sont les plus fragiles, 41% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.

En 2010, le Défenseure des enfants nous interpellait déjà sur les conséquences de la pauvreté chez les enfants, des effets comparables à ceux de la guerre ! Une situation insupportable qu’il faut avoir en tête, quand on parle d’éducation. Plus un enfant vit une privation matérielle importante, plus il rencontre des difficultés dans son environnement familial, dans son quartier, à l’école. Selon une étude de 2013, 17,7% des enfants et des adolescents de notre pays sont en situation d’intégration sociale précaire, ou très précaire.

Comment peut-on grandir, se construire, se projeter dans l’avenir, dans de telles conditions ? Ce n’est pas en supprimant des services publics de proximité, en démantelant la santé publique, l’éducation nationale, en réduisant les actions de prévention et d’accompagnement des familles, que l’on garantit l’avenir de la jeunesse.

L’Education nationale joue un rôle déterminant, central dans la construction de l’enfant, que ce soit par la transmission des savoirs, des connaissances, l’ouverture à l’esprit critique qui posent les fondations de l’émancipation et de la citoyenneté. La lutte contre les discriminations, contre le déterminisme social, passe inévitablement par la volonté publique, et les moyens accordés à l’école publique et aux enseignants.

Notre ville a toujours accordé une place prépondérante aux jeunes vénissians, car nous savons très bien que beaucoup de choses se jouent dès le 1er âge : l’éveil, les découvertes, les apprentissages, la vie en collectivité. Un investissement et une ambition que nous portons à Vénissieux, depuis de nombreuses années.

En 1966, nous étions la 1ère ville de France à mettre en place un service à l’enfance. Les jeunes de 0 à 14 ans représentent une part significative de la population vénissiane : 24,2% en 2014 et nous consacrons une part importante de nos dépenses de fonctionnement, 1 euro sur 2, pour la petite enfance, l’enfance et la jeunesse, que ce soit au travers de l’enseignement/écoles, sport/jeunesse et culture.

Le partenariat fort, que nous développons sur toute la ville, nous permet de mener un véritable projet éducatif et social ambitieux, autour des valeurs fortes de notre République (laïcité, respect, égalité, autonomie, diversité culturelle, intégration citoyenne des jeunes par la coresponsabilité …)

Tous les aspects de la vie des enfants sont pris en compte, la santé, avec les ateliers santé ville et les postes d’infirmières scolaires entièrement financés par la ville, les temps périscolaires, la culture, le sport, la citoyenneté …

Nous avons un maillage de structures important : 11 maisons de l’enfance et des antennes dans tous les groupes scolaires, pour assurer l’accueil périscolaire, 13 équipements du jeune enfant et 6 EPJ pour les adolescents, de nombreux équipements sportifs et culturels répartis sur l’ensemble du territoire.

L’appui à la parentalité est au cœur de nos préoccupations. L’éloignement, et parfois l’isolement de certaines familles, du fait de leur situation de précarité ou des différences culturelles, nous oblige à repenser la relation avec les familles.

Les barrières ne sont pas seulement financières ou matérielles, elles sont aussi psychologiques, culturelles, voire inconscientes, entre repli sur soi ou sorte d’autocensure. Des freins qui font que certains parents, n’ont pas le réflexe d’ouvrir leurs enfants à d’autres environnements, alors que la ville leur donne cette possibilité.

Les modifications de la structure familiale, (famille recomposée, monoparentale), sont également source de difficultés pour le cercle familial. Les parents en recherche d’emploi, mais aussi la flexibilité du travail, avec des horaires décalés, le travail du dimanche, autant de contextes difficiles, que nous devons avoir en tête, dans nos réflexions sur les conditions d’exercice du rôle de parent aujourd’hui.

A Vénissieux, nous prenons en compte toutes ces problématiques. Nous avons mis en place le point accueil écoute famille, et le point accueil écoute jeunes, pour accompagner les enfants et les parents. La convention locale d’application du contrat de ville intègre aussi un volet éducatif, notamment au travers du Programme de réussite éducative, pour repérer, suivre et accompagner, les enfants les plus en difficulté, en impliquant les familles. L’éducation à la citoyenneté est aussi un autre axe qui nous tient particulièrement à cœur. Avec le conseil municipal enfants, nous impliquons les enfants à la vie de la cité. Nous les rendons acteurs de leur ville.

Et, pour participer régulièrement aux réunions plénières du CME, je peux vous dire combien les enfants s’investissent avec sérieux, dynamisme et pertinence. Le CME est un lieu où l’on apprend à respecter l’autre dans l’échange, un lieu où le respect de la parole donnée a du sens, un lieu où le collectif et l’intérêt général priment sur l’individualisme.

Ces ateliers auxquels vous allez participer, entre parents, professionnels, acteurs de la cité, s’inscrivent dans la continuité de ce que nous faisons à Vénissieux. Des temps de partage, d’échanges, dont le but ultime est le bien-être des enfants, et des familles.

Ensemble, dans la coresponsabilité, nous pouvons améliorer le quotidien des enfants, et leur garantir un avenir meilleur.

Je vous remercie d’y contribuer.

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