Conseil municipal : vote du budget

Ci-après, l’intervention de Michèle Picard lors de la séance publique du conseil municipal, lundi 14 mars 2011 à 18H30, à l’Hôtel de Ville.

Le 14 mars 2011

Le budget de la commune est notre bien commun. Il permet de bâtir la ville de demain. A l’heure où les collectivités subissent de plein fouet les désengagements de l’Etat, les gels de dotations et la politique d’austérité du gouvernement, nous sommes résolument tournés vers un budget 2011 de résistance et de solidarité pour les Vénissians.

La mobilisation de chacun(e) pour défendre l’intérêt général, pierre angulaire du vivre ensemble et de la cohésion sociale sera déterminante afin de continuer à bâtir une ville juste, solidaire et rebelle à la fois.

Ci-après, l’intervention de Michèle Picard lors de la séance publique du conseil municipal, lundi 14 mars 2011 à 18H30, à l’Hôtel de Ville.

Les engagements pris envers les Vénissians sont des engagements tenus. Le budget primitif 2011, là où s’articule la ville d’aujourd’hui, et où se dessine la ville de demain, est un budget de résistance et de solidarité. Il traduit les orientations prises en début de mandat : forte présence des services publics de proximité, dont nous pouvons être fiers, pour répondre au plus près des attentes et des besoins des Vénissians ; maintien d’investissements ambitieux ; amélioration du cadre de vie ; poursuite du développement de la ville en terme de logements (564 logements neufs ont été livrés en 2010 sur notre commune, ce qui est remarquable). Le Puisoz, le Groupe Scolaire Joliot Curie, la reconstruction du lycée Jacques Brel, Vénissy, la ZAC Parilly, le Monery, autant de balises, posées dans un proche avenir, qui illustrent le dynamisme de Vénissieux et renforcent son attractivité. L’ambition de ces investissements sert un intérêt avant tout, l’intérêt général et le vivre-ensemble.

Pour abonder ce budget, nous maintenons là encore les engagements pris : pas de hausse brutale des taux de notre fiscalité, mais une progression mesurée, raisonnée, à hauteur de 1% donc dans les clous de l’inflation, accompagnée pour la troisième année consécutive, d’une non-augmentation des tarifs sociaux.

Le geste est fort et la raison simple : la crise touche de plein fouet les Vénissians, et les hausses des prix incontrôlées (énergies, alimentation, loyers, moyens de transport, produits de première nécessité) viennent plomber un peu plus encore le budget des familles de notre commune. Avec des tarifs sociaux qui ne bougent pas, nous tenons justement à préserver leur pouvoir d’achat en ce qui concerne les dépenses vitales et les dépenses de tous les jours.

Le budget, c’est aussi l’heure de mettre cartes sur table et de se projeter dans l’avenir. Qu’elles soient dirigées par la droite ou la gauche, toutes les collectivités territoriales font part d’une asphyxie financière très avancée, certaines d’entre elles pas loin d’ailleurs du dépôt de bilan.

Nos finances sont saines, mais comme partout en France, nos finances sont comprimées, rabotées. « Faites plus avec moins de moyens », voilà le message du gouvernement Fillon.

Austérité pour la population avec le gel des salaires et la perte vertigineuse de pouvoir d’achat. Austérité pour les services publics (l’Éducation nationale massacrée, la santé privatisée et la justice démunie, et stigmatisée). Austérité enfin pour les collectivités locales, sommées par l’Etat non seulement de comprimer la masse salariale ou de supprimer des services de proximité, mais aussi d’appliquer droit dans les bottes les politiques nationales, sans quoi le robinet des aides et dotations sera coupé.

Avec Nicolas Sarkozy, l’austérité est à géométrie variable ! On supprime le bouclier fiscal, qui a coûté près de 650 millions d’euros par an au budget de la nation depuis 2007, et on fait sortir dans le même temps 300 000 contribuables de l’ISF. A un cadeau aux plus riches succède donc un cadeau aux plus riches. Voilà l’austérité relue et corrigée par l’UMP ! L’austérité touche-t-elle les sociétés du CAC 40 ? Elles ont réalisé en 2010 un chiffre d’affaires de 1262 milliards d’euros, un niveau record proche de 2008.

Derrière ces données financières, combien de classes supprimées, de postes non remplacés, de lits d’hôpitaux fermés, de palais de justice sans moyens humains ?

L’austérité affecte-t-elle les grandes entreprises ? La suppression de la taxe professionnelle leur a fait gagner 7,1 milliards d’euros alors que pour les communes ça représente une perte de recettes de 8,3 milliards d’euros !

On nous reproche de trop parler de politique nationale, mais ne pas comprendre que la perte de la TP, décrétée sans discernement par Nicolas Sarkozy, mettra en difficulté le Grand Lyon, et par ricochet les communes, c’est ignorer la réalité du terrain et des finances locales.

Avec ces orientations gouvernementales, on sait déjà qu’entre 2011 et 2015, la Ville de Vénissieux risque de perdre en épargne de gestion 1,14 millions d’euros par an. 1,14 millions d’euros, c’est la construction de la Maison de l’enfance du Centre, ou c’est 12 mois de participations au logement social, ou encore 14 mois de fonctionnement de la police municipale.

« Faites plus, donc, mais avec moins » : c’est prendre les maires pour des fusibles et les Vénissians pour des imbéciles. Tout le monde sait que cette équation n’a pas de solution, d’autant que jamais peut-être depuis l’après-guerre les Français n’ont eu autant besoin de solidarité, de services publics et de missions de proximité. Nous allons être confrontés à des choix douloureux, à l’impossibilité de tenir la ficelle par les deux bouts. La réforme des collectivités parachèvera l’ensemble en bâillonnant l’autonomie et l’indépendance des politiques locales.

A l’heure actuelle, nous faisons front, mais il dépend de la mobilisation de chacun pour changer cette politique et repousser des échéances inquiétantes.

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