Intervention de Michèle PICARD sur le rapport n°11 « AFFAIRES CULTURELLES. Convention pluriannuelle de partenariat entre l’espace Pandora, la Ville de Vénissieux ; la Ville de Lyon et l’État (Ministère de la Culture et de la Communication, DRAC Rhône-Alpes). »
A la lecture de cette délibération relative à la Convention de partenariat avec l’Espace Pandora, vous aurez remarqué l’absence d’un acteur : la Région. C’est la Ville de Lyon qui la remplace, au côté de Vénissieux et de l’État. C’est une nouvelle illustration de la guerre idéologique menée par Laurent Wauquiez contre les milieux de la création, de la culture et du spectacle vivant. Elle n’est pas nouvelle, mais s’avère être très dangereuse. En 2022, on a estimé que la Région avait supprimé quatre millions d’euros de subventions à 140 acteurs culturels, les villes de Lyon et Grenoble étant particulièrement visées.
Le 10 mars dernier, le conseil régional a ajourné le vote des subventions à des dizaines de lieux de création et de diffusion en Auvergne Rhône-Alpes sans donner une explication. Pour les acteurs de terrain, les équipements culturels et les associations, ces coupes ou ajournements assombrissent un avenir déjà fragilisé par la crise sanitaire et l’augmentation de leurs charges, notamment énergétiques. Les emplois permanents ou intermittents sont pénalisés, les programmations mises à l’arrêt et certains lieux recourent déjà au chômage technique.
Chacun remarquera que la ville de Vénissieux a adopté l’attitude inverse en créant le 30 janvier dernier un fonds financier de soutien à hauteur de 300 000€ pour que le milieu associatif vénissian puisse faire face à l’inflation et l’envolée des prix. Nous savons que la culture est portée majoritairement par les villes et l’État, les Régions en France jouant un rôle plus modeste. Il n’empêche, certaines d’entre elles gardent une ambition en la matière comme les Hauts-de-France par exemple qui y consacrent 18,15€ par habitant, contre à peine 8,60€ en Auvergne-Rhône-Alpes.
Plus généralement, ces coupes brutales remettent en cause les financements croisés sur lesquels le modèle culturel français s’est développé depuis les années 80. Son maillage sur l’ensemble du territoire national est le fruit d’un consensus, mais aussi de frictions par moments, entre les partenaires que sont l’État, le Département, les Régions, les Métropoles, les communes. Oui, remettre en cause cet équilibre et instrumentaliser la culture à des fins partisanes sont contraires à la vie de nos quartiers, à la curiosité de nos habitants et au monde de la création, quelle qu’elle soit.