Chauffage urbain

Le 15 décembre – Retrouvez l’intervention lors du conseil de transparence du chauffage urbain, mercredi 14 décembre 2011.

Le 15 décembre

Retrouvez l’intervention lors du conseil de transparence du chauffage urbain, mercredi 14 décembre 2011.

Nous sommes face à un défi énergétique. En matière de production, en matière de consommation, en matière de respect de l’environnement. J’ajoute à cette liste une dimension cruciale : la nature sociale de ce défi, à savoir la précarité énergétique en augmentation constante, et qui va forcément s’aggraver sous les effets de la crise actuelle. Elle concerne à l’heure actuelle près de 3,4 millions de foyers en France, qui ne parviennent plus à faire face à leurs factures ou qui, le cas échéant, ne se chauffent plus ou très mal.

Enfin, se croisent à ce sujet deux approches complémentaires : les investissements collectifs, comme c’est le cas à Vénissieux depuis de nombreuses années, et l’investissement citoyen, l’investissement de chacun de façon à consommer plus intelligemment, plus raisonnablement, plus économiquement.

Pour entrer dans le vif du sujet, je ne nie pas que l’année 2010 pour certains foyers a été difficile avec des augmentations notables de leur facture de chauffage. Un hiver rigoureux et la flambée des cours des matières premières en sont la principale cause, mais pas uniquement.

Lors des 12 derniers mois, les cours du fioul et du gaz se sont envolés : respectivement +38% et +34% ! En l’espace de deux ans, les prix du fioul domestique ont augmenté de près de 45% ! A l’heure actuelle, nous ne parvenons pas à compenser entièrement l’envolée des combustibles, mais nous en limitons les effets. La note aurait été encore plus salée si la ville n’avait pas décidé de diversifier ses ressources énergétiques, à travers la reconstruction de la chaudière bois et la mise en service de la nouvelle chaufferie gaz depuis le mois de novembre, pour mettre fin à une dépendance au fuel devenue exorbitante.

Nous en faisons tous les jours l’expérience avec notre véhicule, avec nos consommations électriques ou de gaz : le poids des consommations énergétiques dans le budget des familles ne cesse de s’alourdir. Eteindre une ampoule quand la pièce est vide, anticiper nos déplacements plus intelligemment par le biais du covoiturage, ne pas surchauffer son appartement, ce sont des gestes à notre portée, c’est ce que j’ai appelé tout à l’heure l’investissement citoyen. Enfin, il y a du travail à faire et des pistes à explorer en matière d’isolation et d’écarts de consommation entre les différents bâtiments.

Sur le fond, personne ne s’oppose aux normes Bâtiments Basse Consommation reprises par le Grenelle de l’Environnement. La Sacoviv et les différents partenaires l’ont prouvé ici à Vénissieux avec la construction d’Ambroise Croizat II, soit 30 logements locatifs label BBC, une première en Rhône-Alpes. Néanmoins, le surcoût pour chaque projet lié à l’application de ces nouveaux règlements environnementaux, estimé à + 15%, doit être posé sur la table.

Sans le financement de l’Etat, les collectivités locales ne pourront pas assumer tout toutes seules. Nos réflexions concernent également le bâti existant et c’est la raison pour laquelle nous avons proposé aux bailleurs la mise en place d’un réseau de surveillance de consommation en association avec les habitants. L’Etat et l’ensemble des partenaires doivent aussi agir en amont, en mettant en place et en proposant différents dispositifs pour inciter les bailleurs à investir dans les opérations de réhabilitation et de rénovations énergétiques.

Malgré les dysfonctionnements dus au concepteur-réalisateur de la première chaudière bois, la ville de Vénissieux a été pionnière dans le domaine de la diversification énergétique. Elle en a fait une question environnementale (les rejets de CO2 ont été réduits de 46% et les poussières de plus de 60% depuis un an), elle continue d’en faire une priorité sociale. Nous sommes propriétaires d’un des réseaux de chaleur les plus importants de l’agglomération avec plus de 10 000 logements raccordés, auxquels va s’ajouter l’extension du réseau vers le centre-ville.

En ligne de mire, nous avons comme objectif d’atteindre le seuil de 50% d’énergie renouvelable sur le réseau à brève échéance. Pour y parvenir, nous travaillons d’ores et déjà sur l’hypothèse d’une deuxième chaufferie bois qui nous permettrait d’effectuer cette bascule. L’enjeu n’est pas seulement environnemental, il présente des avantages économiques. 50% d’énergie renouvelable, c’est synonyme pour les usagers d’une TVA qui passerait de 19,6 à 5,5% pour leur consommation, soit en moyenne une économie de 10% sur leurs factures.

Un mot pour conclure sur le nouveau fonctionnement du comité de transparence. Première remarque : Vénissieux est la seule ville de l’agglomération à s’être dotée d’un tel outil démocratique ! Il faut le souligner. Ensuite, ce comité n’est pas qu’une instance de veille ou de contrôle des prix, mais un espace d’échanges, de propositions, d’expertises aussi, qui nous permet d’aborder la question énergétique dans toutes ses dimensions.

Afin de renforcer encore son rôle, la Ville affiche sa volonté de mettre en place deux comités de transparence par an, en juin et en novembre, et de dédier un site internet au réseau de chaleur de Vénissieux. Les enjeux sont tels que la question énergétique est aussi et surtout une question démocratique. Je vous remercie.

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