80 ans de l’école Pasteur.

…L’éducation d’un enfant, son émancipation, son éveil, son ouverture au monde, sa curiosité, ne forme pas des éléments de la volonté vénissiane, c’est Vénissieux, c’est son identité, c’est sa force, c’est notre nature…

Samedi 21 juin 2014.

Retrouver l’intervention de Michèle Picard à l’occasion des 80 ans de l’école Pasteur.

Une école centenaire, celle du Centre. Une école octogénaire, ici, dont nous célébrons l’anniversaire, l’école Pasteur.

Que traduit cette durée ? Que l’ambition éducative de la ville de Vénissieux n’a pas pris une ride, si je puis dire, qu’elle s’est inscrite dans le temps, et qu’elle ne s’est jamais démentie tout au long de notre longue histoire. L’éducation d’un enfant, son émancipation, son éveil, son ouverture au monde, sa curiosité, ne forme pas des éléments de la volonté vénissiane, c’est Vénissieux, c’est son identité, c’est sa force, c’est notre nature. Les 80 ans de l’école Pasteur montrent combien l’éducation a toujours été au cœur de notre pacte communal, gravé dans le marbre. J’ai employé le passé composé, mais le présent et le futur peuvent être aussi utilisés, pour illustrer cette volonté inaliénable : le nouveau groupe scolaire Joliot-Curie a ouvert ses portes fin 2013, et à l’horizon 2016, Vénissieux comptera un 21ème groupe scolaire, symbole de son attachement à la jeunesse, et à l’école publique, laïque et gratuite.

L’histoire se poursuit, et la marche en avant pour nos enfants ne cédera pas aux injonctions libérales : non, l’accès aux connaissances n’est pas un secteur marchand, non, la transmission des savoirs n’est pas à géométrie variable, non, l’école publique, laïque et gratuite n’est pas à vendre.

Pour bien comprendre cet enracinement de l’éducation populaire dans notre ville, remontons aux années 30, et aux préoccupations des municipalités de l’époque : « introduire à l’école des nouvelles activités, surtout culturelles, comme l’éducation musicale, la pratique de la gymnastique, que viennent renforcer les œuvres post ou parascolaires laïques comme le cinéma, les bibliothèques scolaires. La ville de Vénissieux met en place une politique municipale en faveur de l’éducation populaire, qui commence à l’école et se prolonge dans les associations, afin de favoriser l’épanouissement des enfants de la classe ouvrière ». C’était il y a 80 ans, bien sûr les choses ont évolué, mais sur le fond, les grands principes, bien tracés, restent identiques, aujourd’hui encore, à Vénissieux.

Mais revenons à notre beau groupe scolaire Louis Pasteur, sorti de terre en 1934. J’aimerais au préalable saluer le travail et le dévouement d’Hélène Bertrand, Clément Barioz et Marie Evangelista, à la tête des trois associations (les anciens élèves de l’école Pasteur, la FCPE et Viniciacum), qui préparent les festivités depuis de longs mois. Je voudrais également remercier le directeur de l’école, Michel Patras, les enseignants et les élèves, pour les différentes animations qu’ils ont réalisées. Elles montrent bien que la vie d’une école, c’est aussi la vie d’un quartier, l’histoire de générations de Vénissians qui se succèdent les unes après les autres, et d’équipes pédagogiques qui prennent le relais, dépositaires d’un savoir au service de l’épanouissement et de la citoyenneté.

Je parlais d’un beau groupe scolaire à double titre, pour ce qui s’y instruit depuis 80 ans, et pour l’originalité architecturale des deux bâtiments. L’architecte Auguste-Émile Chollat, visiblement influencé par l’œuvre de Tony Garnier, a laissé un bel héritage. De 2002 à 2003, les façades, les terrasses et les murs d’enceinte ont été entièrement rénovés, et inscrits à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, en septembre 2003. La même année, le groupe scolaire a reçu le Label « Patrimoine du 20ème siècle ». En 2011, l’éclairage des façades a été primé. Le concours Lumières lui a décerné le troisième prix. A l’époque, le choix de l’implantation au sud de Vénissieux constituait un pari sur l’avenir, tant cette zone était peu urbanisée.

Aujourd’hui, on peut dire que le défi a été relevé. En 2013-2014, le groupe scolaire compte en tout 407 élèves : 7 classes en maternelle, 9 classes en élémentaire, plus une classe spécialisée de 12 élèves, 80 ans après son ouverture, l’école Louis Pasteur se porte bien. Célébrer l’anniversaire d’une école, du haut de ses 80 ans, doit nous permettre, non seulement de nous souvenir, mais de nous interroger sur l’école publique de demain. Se souvenir de la grande loi de 1905, de la séparation des églises et de l’État, d’un combat homérique et d’hommes héroïques, de Waldeck-Rousseau à Aristide Briand.

Se souvenir de la modernité des lois scolaires de Jules Ferry : gratuité de l’enseignement primaire (1881), obligation d’instruction et non de scolarisation, dans le cadre d’un enseignement laïque (1882). Se souvenir de Jean Zay, qui démocratisa encore un peu plus, l’éducation nationale dans notre pays. L’école publique de demain sera d’autant plus forte, qu’elle saura respecter ses origines : laïcité, je tiens à saluer les actions menées à Vénissieux, avec les délégués départementaux de l’Éducation nationale, égalité des chances, refus de toute forme de discrimination. L’État doit se donner les moyens d’affermir cette ambition d’une grande école publique, laïque et gratuite, au service de l’intégration et de la réussite du plus grand nombre.

L’étude PISA de 2013 a montré, de façon virulente, que le poids croissant des inégalités sociales en France, creusait toujours plus le fossé de la réussite scolaire : rien de pire qu’une école à deux, voire trois vitesses. C’est un rappel à l’ordre sévère, après plus de dix ans de politiques nationales désastreuses, pour l’enseignement public.

Voilà pourquoi la ville de Vénissieux continue de croire que l’éducation populaire est le vrai rempart contre le déterminisme social. A travers notre projet éducatif local, à travers nos concertations régulières avec les parents d’élèves, les enseignants, comme nous venons de le faire au sujet des rythmes scolaires, à travers un budget 2014 d’environ 20 millions d’euros, dédié aux écoles et à l’enseignement, nous poursuivons une très longue et très belle histoire : celle de la place de l’école au cœur de la cité, et au cœur de la citoyenneté. Comme quoi, on peut avoir 80 ans et l’avenir devant soi, alors bravo encore à tous ceux qui ont fait vivre, et qui font vivre, le groupe scolaire Louis Pasteur.

Je vous remercie.

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