5ème rencontre Ville/OMS/Mouvement sportif

« Ces 5èmes rencontres Ville-OMS-mouvement sportif nourrissent une réflexion à la fois locale et nationale, une approche pratique et évolutive. Les thèmes déclinés cette année (l’exigence de nouvelles compétences pour l’encadrement du mouvement sportif, la continuité éducative, l’évaluation de l’utilisation des équipements sportifs) le prouvent : le sport à Vénissieux bouge, change, et sait s’adapter aux mutations plus générales de la société. C’est ce qui fait, entre autres, notre force, et je tiens à remercier l’ensemble des participants à ces 5èmes rencontres, car votre travail, vos suggestions, permettent à la ville d’avancer sereinement et au plus près du milieu sportif, dans la concertation, le dialogue et la réflexion. Nous partageons tous ici la même conviction : le sport est une formidable école d’éducation, d’insertion et d’intégration.

Lundi 8 avril 2013.

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD lors de la 5ème rencontre Ville/OMS/Mouvement sportif,  samedi 6 avril 2013.

Nous avons besoin de penser le sport dans sa pratique, dans l’émergence de nouvelles disciplines, mais aussi dans la place qu’il occupe au cœur de la cité et au centre de l’espace public.

Ces 5èmes rencontres Ville-OMS-mouvement sportif nourrissent une réflexion à la fois locale et nationale, une approche pratique et évolutive. Les thèmes déclinés cette année (l’exigence de nouvelles compétences pour l’encadrement du mouvement sportif, la continuité éducative, l’évaluation de l’utilisation des équipements sportifs) le prouvent : le sport à Vénissieux bouge, change, et sait s’adapter aux mutations plus générales de la société. C’est ce qui fait, entre autres, notre force, et je tiens à remercier l’ensemble des participants à ces 5èmes rencontres, car votre travail, vos suggestions, permettent à la ville d’avancer sereinement et au plus près du milieu sportif, dans la concertation, le dialogue et la réflexion. Nous partageons tous ici la même conviction : le sport est une formidable école d’éducation, d’insertion et d’intégration.

J’ai l’habitude de dire « jouer ensemble, c’est vivre ensemble ». Respect de l’autre, respect des règles, sens de l’effort et du lien collectif, épanouissement personnel, voilà tout ce qui se transmet, je dirais presque naturellement, par le jeu tout simplement. Mais il nous faut aussi être vigilant pour maintenir et renforcer cet état d’esprit. Comme tout milieu perméable, le sport capte aussi bien les avancées que les travers de nos sociétés. C’est la raison pour laquelle notre projet sportif local s’inscrit dans une démarche collective et d’aménagement de la cité. La base, la fondation, c’est bien évidemment l’accès du plus grand nombre à la pratique. Le sport s’est démocratisé ces dernières décennies, il n’empêche que des verrous subsistent, voire se créent.

Nous agissons actuellement pour promouvoir le sport au féminin à travers, entre autres, l’appel à projet La Preuve Form’elle, dont nous marquons cette année la 3ème édition, et pour laquelle une dizaine de clubs était en lice. Les études montrent que seulement 10% des adolescentes pratiquent une activité sportive dans les zones urbaines, et qu’il y a en outre une masculinisation de l’espace public sportif. Des freins culturels, religieux, font régulièrement obstacle à une pratique partagée des activités physiques.A nous d’agir pour inverser cette tendance, car le sport est aussi un espace de laïcité à défendre. De même la démocratisation du sport passe par l’accès des personnes handicapées aux sports en général, et aux équipements sportifs en particulier.

Les gymnases Charréard et Guimier ont été réhabilités avec ce souci d’accessibilité, et la ville poursuit son travail d’aménagement de ses structures, dans le cadre de sa commission communale d’accessibilité. La dimension sanitaire est également l’une de nos priorités, et nous avons su faire évoluer notre Centre Médico-sportif, pour une prise en charge et une prévention de qualité, ouverte aux sportifs vénissians. Un premier défibrillateur a été inauguré au complexe Gerin, d’autres suivront à Anquetil, Tola Vologe, etc.

Enfin, cette volonté de démocratisation du sport à l’échelle locale serait vaine, sans notre combat incessant contre la discrimination territoriale, qui mine l’aménagement de bon nombre de grandes agglomérations.

Vénissieux, c’est un parc sportif qui en fait une des villes les mieux équipées qualitativement et quantitativement au niveau de la région, (nous consacrons en moyenne 350 000€ par an à la réhabilitation et la rénovation de nos équipements). 2013 aura à ce titre une valeur émotionnelle particulière puisque nous poserons, en septembre prochain, la première pierre du nouveau CNI. Vénissieux, c’est un budget sport et jeunesse s’élevant en 2013 à 11 % du budget global de la Ville, alors que celui de l’État ne représente que 0,14% de son budget global, et qu’une grande partie des finances est consacrée au sport de haut niveau, avant d’être orienté vers le sport pour tous. J’y reviendrai.

Vénissieux, c’est enfin une enveloppe budgétaire consacrée aux subventions versées aux clubs qui ne baisse pas en 2013 (841 000€ par an à Vénissieux), alors que l’ensemble des autres échelons territoriaux a fait le choix de baisse de subventions drastiques, mettant certaines associations en graves difficultés.
Bilan, prospectives et devoir d’alerte, c’est aussi le rôle des collectivités locales d’anticiper et de contrarier, le cas échéant, des évolutions qui portent préjudice aux politiques de proximité que nous menons. Car les premiers touchés, c’est vous, c’est nous, ce sont les clubs, les éducateurs, les licenciés, les enfants, les familles, c’est la pratique du sport au quotidien, du sport pour tous, qui vit un moment charnière. Le mouvement sportif connaît de profondes mutations.

Je n’emploierais pas le terme de « professionnalisation », antinomique avec la nature du bénévolat, mais plutôt celui d’une nouvelle « technicité ». On ne gère pas un club aujourd’hui comme il y a 30 ans. Les exigences des fédérations, des parents aussi, ont changé et placent la barre de plus en plus haut. Pour les équipes dirigeantes, pour les bénévoles en place, il faut acquérir de nouvelles compétences afin d’optimiser la gestion du club, de monter un projet sportif à court et moyen terme, de se fixer des objectifs viables et raisonnés. Il faut aussi savoir anticiper le renouvellement des dirigeants, des bénévoles, bref, c’est tout un mode de pensée et d’organisation, humain mais aussi plus technique, qui voit le jour.

Dans le cadre de cette mutation et de la pérennité des structures associatives, l’OMS doit jouer un rôle clé en transmettant son expérience, ses valeurs et ses connaissances des différentes problématiques aux bénévoles des clubs. L’OMS, c’est un guide, un repère, il est aussi un référent pour accompagner, former et initier tous ceux qui font vivre les clubs au quotidien.

La réflexion porte également sur les missions, le rôle, les valeurs que les OMS défendent, à l’heure où la nature du mouvement sportif connaît une transformation sans précédent. A travers les articulations et les espaces de concertation entre OMS/Ville et OMS/Clubs, le tissu associatif trouvera des éléments de réponse, afin de pouvoir s’adapter à un environnement et à une société en perpétuel mouvement. C’est l’un de nos défis.

Ces changements profonds nous ramènent à une autre question centrale, celle de la présence de l’État dans le développement du sport à l’échelle territoriale. Que veut-il financer et à quel hauteur ? Est-il en train de sacrifier le sport pour tous, en consacrant une part trop importante du budget national au sport de haut niveau ? Quel objectif national et quelles priorités entend-il décliner sur l’ensemble du territoire ? Nos inquiétudes sont alimentées non par des craintes, mais par des faits : aujourd’hui, le sport en France est financé par l’État à hauteur de 12%, contre 31% pour les collectivités locales, et environ 47% pour les ménages. La part du budget sport dans le budget global de l’État ne représente plus que 0,12%, et en dix ans cette part a reculé de près de 33%.

Imaginer un seul instant que la pratique sportive pour tous ne soit pas impactée par le désengagement répété de l’État, c’est fermer les yeux au lieu de les ouvrir, c’est nier une réalité concrète et des conséquences négatives pour l’ensemble des acteurs que nous sommes. Les politiques d’austérité (4,5 milliards d’euros de concours de l’État en moins pour les collectivités d’ici 2015) menacent nos dispositifs de cohésion sociale et d’aménagement du territoire : la culture, le sport, les politiques sociales sont clairement visés. Si l’on fragilise nos capacités de fonctionnement et d‘investissement, tout le monde sera perdant. Les familles, les bénévoles, qui sont déjà très sollicités et sans lesquels le sport amateur ne serait pas ce qu’il est, les clubs, les licenciés, les jeunes et enfants, n’ont pas à payer au prix fort l’affaiblissement des droits régaliens. Ensemble, portons ce message auprès des fédérations, auprès des pouvoirs publics : nous ne voulons pas d’un sport qui divise, mais d’un sport qui réunit ! Votre implication dans le Projet Sportif Vénissian, et je tiens à féliciter l’OMS pour son rôle charnière d’écoutes, de liens et de propositions dans le cadre de notre politique sportive, nous démontre une nouvelle fois que le sport à Vénissieux est vivant, dynamique et fédérateur.

En valorisant l’image de notre ville, vous contribuez de la plus belle des façons à son essor actuel.

Je vous remercie.

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