4ème rencontre Ville/OMS/Mouvement sportif

Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle PICARD, lors de la 4ème rencontre Ville/OMS/Mouvement sportif, le samedi 9 avril 2011

Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle PICARD, lors de la 4ème rencontre Ville/OMS/Mouvement sportif, le samedi 9 avril 2011

Je tiens à remercier l’ensemble des participants à ces 4èmes rencontres entre la Ville, l’Oms et le Mouvement sportif. Pour le maire que je suis, le travail de ces rencontres est fructueux, indispensable et très utile.

Laboratoire d’idées pour le sport Vénissian, les débats que vous engagez nous permettent d’agir rapidement sur les mutations, nombreuses et rapides, des pratiques sportives. Nous avons le socle, les fondations en somme, avec des équipements sportifs solides, modernes et de qualité au service de tous les Vénissians, au service d’une certaine éthique du sport, celle qui renforce la socialisation, l’intégration, l’éducation et le respect de l’autre.

Ces fondations, c’est par exemple le fait que la ville est la mieux dotée de l’agglomération en nombre de m2 d’installations sportives par habitant, c’est ses 11 000 licenciés, ses 78 clubs et ce chiffre impressionnant : 20% des Vénissians pratiquent une activité sportive en club. C’est aussi la garantie et la promesse de sortir par le haut du sinistre du CNI, c’est le partenariat du centre médico-sportif avec celui de Lyon Gerland, un plus indéniable pour le suivi médical des sportifs et clubs de notre ville.

Depuis 2001, la ville a investi plus de 18 millions d’euros dans la réalisation, la rénovation et l’amélioration d’équipements. Ça se voit, ça se sait et ça sert le vivre-ensemble vénissian. C’est donc sur des bases solides que viennent s’ajouter les outils de réflexion de ces Rencontres. J’en veux pour preuve le succès de l’appel à projet « La preuve Form’elle », fruit des débats des 3èmes Rencontres relatifs à la pratique sportive au féminin.

Nous avons d’autant plus besoin de ces espaces de réflexion que l’on peut nourrir légitimement des inquiétudes au sujet du sport amateur. A l’instar des lieux publics, des écoles, de la santé, le sport est un espace laïque, un espace où la tolérance, le respect de la différence et la mixité sont en quelque sorte les premières règles de base. Nous devons rester fermes et vigilants sur ce point.

Octroyer dans les piscines des créneaux horaires aux femmes d’un côté et aux hommes de l’autre, c’est faire fausse route, c’est diluer et contaminer l’idée de libre accès aux pratiques sportives, de partager ensemble des disciplines. Les dispenses d’EPS de plus en plus fréquentes pour les jeunes filles, en natation notamment, prouvent que les freins culturels ou religieux agissent ici ou là.

Ce sont des entraves, des entraves à la mixité, des entraves aussi au droit d’entretenir sa condition physique car le sport n’est pas qu’une question de compétition, c’est aussi un enjeu de santé, d’être bien dans son corps ! Je reviendrai sur cet ensemble de questions lors de la remise de prix de la 1ère édition « La preuve form’elle ».

L’autre péril qui menace, c’est, à travers les politiques libérales du gouvernement actuel, l’opposition latente entre sport business, sport spectacle, drainant des fonds étatiques, et sport amateur et sport scolaire devenant les parents pauvres du budget national. Cette évolution est en route : le budget national 2011 pour le sport est en baisse de 15%, et une partie des fonds du Centre National du Développement du Sport est détournée au profit de l’Euro de foot 2016.

Par rapport à 2010, ce sont plus de 35 millions d’euros qui vont manquer. Je tire la sonnette d’alarme. Le sport amateur, le sport pour tous, dont l’Etat se débarrasse sur le dos des collectivités locales, est en danger. Pour preuve : la part de la contribution de l’Etat pour le sport est de 11,9%. Celle des collectivités de 24,3% ! Et ce alors que le tandem Sarkozy-Fillon asphyxie financièrement et politiquement les communes et départements. Gel des dotations, des subventions, et au final la promesse d’une politique d’austérité désastreuse pour les biens et services publics.

Pour les 275 000 associations sportives de notre pays, le stade des inquiétudes est dépassé. Pour les communes, que l’Etat place en position de fusible, l’équation « faire plus avec moins de moyens » va vite devenir insoluble. Je pense nécessaire d’avoir ces éléments en tête avant de parler avec vous du thème de ces 4èmes rencontres : le sport et la dimension de développement humain durable. Un sport à taille humaine, c’est l’axe qui est privilégié et qui forme l’ossature des travaux, expériences et échanges de cette journée.

Comment concilier organisations et manifestations sportives et respect de l’environnement ? Cette question est légitime. Elle doit être prise en compte aussi bien par les participants que par les organisateurs de façon à changer nos comportements. Lorsque nous avons organisé la randonnée pour la paix ou encore récemment la marche nordique, qui a rencontré un beau succès, sur le plateau des Grandes Terres, la donnée environnementale a été prise en compte et a fait l’objet de recommandations, de concertations et d’échanges avec le syndicat des Grandes Terres par les services de la Ville.

On ne peut pas pratiquer ses activités physiques n’importe comment ni à n’importe quel prix. Respect du cadre, respect de l’adversaire, respect de l’intégrité physique: le sport connaît ces valeurs-là, et sait les transmettre. Respecter l’environnement semble donc couler de source. Sauf que le sport n’est pas un milieu clos et il est traversé par les maux de notre société, de la réussite individuelle, coûte que coûte, de la compétition exacerbée, parfois même par les parents. C’est la porte ouverte à bien des excès, à des valeurs dévoyées auxquelles le sport, malheureusement n’échappe pas.

L’autre volet de ces 4èmes rencontres est à la fois humain et citoyen. Améliorer l’accessibilité de la pratique sportive à des populations qui en sont privées à leur insu, comme les personnes handicapées, c’est un chantier porteur d’espérance et synonyme d’une démocratisation de la pratique sportive.

Le sport, je le répète, doit rester ce formidable terrain d’intégration, aussi bien pour les personnes handicapées, physique ou mental, que pour les personnes valides. Et si des efforts sont à fournir en matière d’accès aux disciplines, au matériel pour les personnes handicapées, c’est bien la preuve qu’en amont la société dans son ensemble n’a pas accompli cette tâche.

Rejeter les barrières de l’exclusion, renforcer le vivre-ensemble, tout ce qui concourt à ce double mouvement est donc primordial dans une société en perte de repères. Dans cet esprit, le thème de votre table ronde sur l’intégration des jeunes au cœur de la vie associative est fondamental. Il y a des passerelles à dresser entre l’intégration et l’implication des jeunes et le milieu associatif. Pour les jeunes générations, le sport ne doit pas être uniquement un objet de consommation, mais une source de réflexion, de décisions.

Monter des projets, animer les structures, c’est aussi ça la vie d’un club et les jeunes y ont toute leur place. J’ai toujours considéré le sport comme un vivier, qui éduque et qui peut faire passer les jeunes du sportif passionné au sportif citoyen, puis au citoyen tout court. En rejoignant les structures d’un club, on s’implique tout simplement dans la vie de la cité, dans une forme de militantisme synonyme d’engagement : on se met au service de l’intérêt général.

C’est ce que j’appelle l’école du sport, et ce saut entre la pratique d’une activité et l’implication dans l’activité de son club doit être encouragé auprès des jeunes car il ouvre d’autres horizons. De fil en aiguille, à travers la prise de responsabilité et l’engagement, le militantisme sportif, associatif devient un cheminement vers d’autres militantismes. C’est ce parcours, cette initiation que le sport peut aussi apporter.

Enfin, pour conclure, il y a aussi des efforts à faire sur l’accès des femmes aux postes à responsabilités. Elles sont sous-représentées à tous les échelons de la pyramide. Elles ne constituent par exemple que 15,5% des conseillers techniques régionaux, ce qui est très faible, tout le monde en conviendra. Conquêtes intra et extra-sportives, intégration, éducation, voilà des valeurs et des enjeux qui ont des échos dans l’ensemble des espaces publics qui forment notre République.

Je ne doute pas que le sport soit un rouage essentiel dans l’apprentissage de la vie collective. C’est la raison pour laquelle la ville de Vénissieux y est très attentive. J’attends donc avec impatience le fruit de vos réflexions, l’originalité de vos projets et suggestions, qui font la richesse de ces rencontres entre la Ville, l’Oms et le mouvement sportif.

Je vous souhaite une bonne journée de travail et vous remercie.

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