Avant d’évoquer avec vous le compte administratif, j’aimerais revenir sur les conséquences désastreuses, que les politiques d’austérité des différents gouvernements, à l’égard des collectivités locales, ont provoquées sur le terrain. Nous avons aujourd’hui assez de recul, pour mesurer l’ampleur des dégâts.
Premier point : les dépenses d’investissement du bloc communal ont reculé de plus de 5 milliards d’euros, depuis 2014, et d’environ autant, pour celles des départements. Le niveau d’investissement local en France, est revenu au niveau des années 70, du jamais vu, malgré une faible reprise fin 2017. Ce que je dénonçais, sous François Hollande, comme autant de mesures contreproductives, s’est traduit dans les faits : la chute de la DGF a contraint les collectivités à annuler ou reporter, de nombreux investissements dans des équipements publics, freinant l’économie et l’emploi local.
Dans les petites villes, l’amélioration de l’épargne brute, sans le recours au levier fiscal, s’est traduite par un serrage de vis, au détriment du quotidien des habitants : -44% pour l’entretien de la voirie ; -33% pour l’environnement ;-22% pour la création et gestion des équipements sportifs, la rénovation des écoles, et l’organisation de manifestations culturelles.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, sa politique de droite libérale a pris pour cible, les missions des services publics de proximité. Autour de nous, l’hémorragie ne fait que commencer.
A Tassin-la-Demi-Lune, malgré la crainte des salariés et des personnes âgées, le service d’aide à domicile arrêtera son activité fin 2018.
A Lyon, la ville a décidé de geler des subventions aux centres sociaux, MJC et maisons de l’enfance. Des dispositifs pour les jeunes ont disparu. Des aménagements urbains promis, ont été réduits ou supprimés. Certains jardins publics seront laissés ouverts la nuit. Deux résidences pour personnes âgées ont fermé leurs portes. En matière de culture, le soutien aux institutions culturelles est en repli, certains budgets gelés, comme pour les Célestins.
A Vénissieux, à cause des restrictions budgétaires de l’Etat, la Maison des Mémoires ne verra pas le jour sous ce mandat, un projet auquel je ne renonce pas malgré tout.
Aujourd’hui, des missions et des pans entiers de services publics de proximité, s’arrêtent, qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, de la culture. Les habitants sont bien les premières victimes, avec les collectivités locales, des politiques d’austérité engagées par Nicolas Sarkozy, poursuivies par François Hollande, et accentuées par Emmanuel Macron. Cette fuite en avant n’est plus possible, et elle s’avère extrêmement dangereuse pour nos territoires.
Ce tableau sombre, la ville de Vénissieux veut l’éviter et y parvient, grâce à un budget solidaire, réaliste et pertinent. Les efforts que nous avons engagés en début de mandat, à travers la fiscalité, la contraction globale et mesurée des subventions aux associations, et la maîtrise des dépenses de fonctionnement, ont porté leurs fruits. Un chiffre nous montre que nous sommes sur de bons rails. L’autofinancement était en baisse de 2012 à 2014, à son plus bas, à un peu plus de 6,5 millions d’euros. En 2017, il est passé à presque 11,5 millions d’euros. Ce chiffre est capital, car il traduit notre capacité à autofinancer une part significative de nos investissements, et d’avoir ainsi, un recours modéré à l’emprunt.
Autre signal au vert, la dette par habitant, qui continue de baisser à 873€, contre 1430€ pour les villes de la même strate. Notre capacité de désendettement est de 4,8 ans, un résultat, là encore, très positif.
Il faut inscrire ces indicateurs dans un contexte national préoccupant. Le montant cumulé des dettes des municipalités en France, a atteint des sommets en 2015 : il s’est élevé à 63,4 milliards d’euros, soit 24,6% de plus en 10 ans. Nous parvenons donc à dégager des marges nécessaires, pour maintenir un niveau d’investissement, garantissant le développement de services publics de proximité de qualité.
Je rappelle que le budget 2017 a servi de grands projets d’intérêt général, comme la construction de la nouvelle cuisine centrale, l’extension du groupe scolaire Joliot-Curie, la nouvelle école Flora-Tristan, le schéma directeur des écoles, l’amélioration de l’espace public, du cadre de vie, la participation au logement social.
Comme je le disais à la même époque, l’année dernière, ce n’est pas le moment de relâcher nos efforts. Il y a un mouvement de fond indéniable, pour étouffer et réduire la souveraineté des politiques indépendantes, des collectivités locales.
Le président Macron et sa politique de droite libérale, attaquent frontalement, le principe de libre-administration des communes. La contractualisation, assortie de menaces de sanction, si l’évolution des dépenses de fonctionnement dépasse les 1,2%, place sous contrôle les collectivités territoriales. Alors que la décentralisation a fait ses preuves, la République en Marche prône un retour, au centralisme parisien et technocratique. Comme gage de modernité, on a déjà fait mieux. La suppression de la Taxe d’Habitation s’inscrit dans ce carcan : non seulement on ne connaît pas le montant de la compensation de l’Etat, ni sa durée dans le temps, mais on peut être sûr, à terme, que les collectivités maîtriseront de moins en moins leurs recettes, et dépendront alors de plus en plus de l’Etat.
Attaques contre l’autonomie financière des communes, avec la baisse de la DGF, qui a coûté à notre ville, 6 millions d’euros sur la période 2013-2017.
Attaques en règle d’Emmanuel Macron contre les missions de proximité, la fonction publique, et les services publics territoriaux. Non seulement les communes n’ont aucune garantie sur le proche avenir, (on a vu cet été, comment les contrats aidés ont été supprimés brutalement, sans aucune concertation), mais en plus, on leur interdit de se projeter, en entretenant le flou et les incertitudes, sur la réforme de la fiscalité locale en cours. Mises bout à bout, ces actions visent un seul objectif : elles veulent le conditionnement, puis la disparition des communes, réduites à une coquille vide, ou à une chambre d’enregistrement. Un contresens historique, lourd de conséquences, pour les habitants et les quartiers populaires.
Je vous remercie.