Vernissage « Madeleine Lambert et la collection 1970-2000, 30 ans d’acquisitions d’œuvres, dessin, peinture, sculpture… »

Madeleine Lambert nous a quittés, il y a un an, un an déjà, mais tout ce pour quoi elle a œuvré ne nous quittera jamais. C’est l’empreinte d’une femme, et l’empreinte de l’art, c’est l’empreinte d’une femme, et de l’art dans une ville, que nous avons ici sous les yeux. Avec Madeleine Lambert, l’art n’est pas ce mot qui surplombe, l’art est ce levier de la création, et de la démocratisation, il s’est glissé partout à Vénissieux, à la portée du plus grand nombre.

Mardi 21 mai 2013

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, lors du vernissage « Madeleine Lambert et la collection 1970-2000, 30 ans d’acquisitions d’œuvres, dessin, peinture, sculpture… », le vendredi 17 mai.

Ce vernissage revêt une émotion particulière, que nous partageons tous ici, entre hommage émouvant et salut fraternel, entre ce qui s’est échappé, et ce qui nous a été donné, ce qui reste présent.

Madeleine Lambert nous a quittés, il y a un an, un an déjà, mais tout ce pour quoi elle a œuvré ne nous quittera jamais. C’est l’empreinte d’une femme, et l’empreinte de l’art, c’est l’empreinte d’une femme, et de l’art dans une ville, que nous avons ici sous les yeux. Avec Madeleine Lambert, l’art n’est pas ce mot qui surplombe, l’art est ce levier de la création, et de la démocratisation, il s’est glissé partout à Vénissieux, à la portée du plus grand nombre.

On pourrait dresser le portrait de deux femmes en une, l’artiste d’un côté et la militante de l’autre, mais son œuvre et son travail, ont gommé toute forme de frontière. Pour Madeleine, l’art est un engagement, et l’engagement militant est une création. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais l’un et l’autre.

Mado, pour les intimes, est arrivée en mai 68 au centre culturel communal de Vénissieux (l’actuel Maison des Associations Boris Vian), où elle avait ouvert un premier atelier de peinture. Très vite, elle devient conseillère artistique de la ville, et c’est à son initiative qu’une collection de plusieurs centaines d’œuvres, plus de 400 si je ne m’abuse, a été constituée par la ville. Avec ce souci, non pas de les accumuler, mais de les rendre accessibles à tous.

L’art se faufile, l’art se rapproche, l’art se présente, et s’exprime, dans le hall de l’Hôtel de Ville, au centre culturel, dans la salle d’exposition du cinéma Gérard-Philippe, mais aussi en extérieur, sur les places, et dans nos rues. L’art touchable, et pas intouchable, l’art pour tous, et non pour quelques-uns. C’est cet esprit de démocratisation, qui anime Madeleine, et l’amène à développer des ateliers pour la jeunesse dans les quartiers, et des ateliers amateurs pour adultes, maintenant ateliers Henri Matisse, inaugurés en 1990.

C’est sous son impulsion, encore, que les manifestations se sont multipliées, que l’image d’une création dynamique à Vénissieux s’est imposée, et c’est avec une détermination sans faille, qu’elle a défendu le principe de la commande publique. A ses côtés, la ville a porté et mis en place le 1% artistique, cet outil indispensable pour aider et stimuler la création artistique, ici à Vénissieux.

Nous avons fait ce choix, et nous l’avons maintenu, aujourd’hui, encore, en 2013, le 1% artistique s’applique dans notre commune : ainsi 1% du budget de la construction d’un bâtiment public, est dédié à un travail artistique associé. Cette volonté de développer, et démocratiser l’expression artistique, est une marque de fabrique vénissiane : offrir la possibilité aux enfants, et aux adultes, de s’exprimer, de s’initier, de découvrir la peinture, la sculpture, la musique ou l’écriture, c’est une chance, mais c’est aussi le fruit d’une volonté politique de la Ville, quand tant d’autres ont abandonné le 1% artistique, ou relégué en arrière plan, toute ambition culturelle.

Nos équipements publics (cinéma, théâtre, médiathèque, bibliothèques de quartier, école de musique…), la part de notre budget consacrée à la culture (pas moins de 9% !), montrent combien la culture, ici à Vénissieux, est un formidable outil pour l’aménagement de notre territoire, et pour le renforcement du lien social, du vivre ensemble.

Au cœur de notre dispositif, et de nos actions politiques envers l’expression artistique, jamais démenties, Madeleine a marqué, de son empreinte, le patrimoine de notre commune, dans de nombreux domaines, touche-à-tout assez géniale, à l’image de ses créations ouvertes à l’écrit, à la peinture, à l’encre et au collage. L’un et l’autre, une nouvelle fois, car il y a, dans l’œuvre même de l’artiste, la volonté d’associer des formes différentes, comme si le dit et le vu, le lu et le regardé, faisaient cause commune. N’est-ce pas là le sens, et la signification même de l’art populaire, du créateur qui s’expose au regard de l’autre ?

Pour ne rien vous cacher, je suis fière de rendre hommage, à travers cette exposition ouverte jusqu’au 6 juillet, à Madeleine Lambert, à son travail, et aux acquisitions d’œuvres auxquelles elle a procédé, toujours dans le sens de la curiosité générale, de la démocratisation. Fière, également, de donner son nom à l’espace Arts Plastiques de la Maison du Peuple. Son travail nous prouve combien l’art sans engagement, et l’art sans le peuple, restent vains.

Retenons bien son message, à l’heure où la création est mise en péril, par les modèles économiques et politiques actuels.

Oui, Madeleine, créer, c’est résister.

Je vous remercie.

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