Table ronde : « La politique de la Ville »

Je l’affirme, les quartiers populaires ont le droit à un meilleur cadre de  vie.

Hier en fin d’après-midi, se tenait une table ronde avec pour question centrale « à quand la fin des inégalités ? ». Lutter contre ces  inégalités nécessite une détermination et une énergie dans la durée. Rien de structurel et de déterminant ne se fait sans le temps et les moyens nécessaires pour bien agir.

La ville de Vénissieux fait partie des premières collectivités métropolitaines à  être entrée dans la Politique de la Ville il y a près de 45 ans, avec le  programme dénommé à l’époque « Habitat et Vie Sociale » datant de 1977. Il y avait déjà la conscience qu’il fallait agir de concert sur la dimension sociale et la dimension urbaine. Dans ces grands ensembles se jouait bien plus que l’avenir urbain de la Ville, il s’y jouait la solidité du pacte républicain.

La problématique des quartiers populaires était d’abord, et reste, une question sociale. L’action publique doit de ce fait d’être globale et inclusive, dans tous les  domaines d’intervention, afin que nos quartiers politique de la Ville ne  soient plus en décrochage avec leur environnement, mais fasse corps au sein de Vénissieux, ville ouverte et solidaire.

Ici, notre action dans les champs de l’aménagement et de l’habitat, fruits  de  décennies d’engagement de la Ville et de ses nombreux partenaires, donne des résultats indéniables :

  • la réalisation de la ZAC Vénissy est une opération structurante pour  la  Ville de Vénissieux. Nous avons créé un nouveau cœur de quartier sur  le  plateau, mixant les fonctions urbaines d’habitat, commerces et services, dans  un cadre de vie apaisé et de qualité.
  • la ZAC Armstrong, dont le maître mot est désenclavement, marque  le  renouveau d’un quartier, non plus fermé sur lui-même mais ouvert  sur le  plateau, ouvert sur la Ville.

Mais bien souvent, sur les problématiques sociales, les politiques de droit commun et la Politique de la Ville accompagnent, mais ne changent pas fondamentalement le devenir des habitants, et les inégalités de vie se  maintiennent :

  • le différentiel de réussite scolaire pour les établissements en QPV reste en deçà des moyennes académiques,
  • le différentiel de taux de chômage ou de niveau de formation pour  l’accès à l’emploi est toujours aussi important,
  • les problématiques d’accès à une alimentation saine et équilibrée, à  payer son loyer et tant d’autres dépenses courantes…pèsent toujours de  manière décisive et disproportionnée dans nos quartiers populaires.

Les émeutes qui ont éclaté avec une rare violence fin juin sont aussi l’illustration de fractures, des injustices sociales vécues notamment dans  les  quartiers et que la politique de la ville ne suffit pas à résorber. La politique de la ville n’est pas pour autant un échec. Lutter contre ces  inégalités nécessite une détermination et une énergie dans la durée. Rien de structurel et de déterminant ne se fait sans le temps et les moyens nécessaires pour bien agir. Certaines choses fonctionnent, il faut donner plus de moyens à  cette politique, mais surtout, que la priorité dans nos quartiers soit l’accès aux droits communs.

Le droit commun doit primer. Ne serait-ce que parce que la géographie prioritaire sera toujours confrontée à sa propre contradiction : tout en permettant une prise en compte optimisée par le biais du principe d’exception territoriale, elle risque sans cesse de renforcer la stigmatisation de ces mêmes territoires.

Je l’affirme, les quartiers populaires ont le droit à un meilleur cadre de  vie. Les quartiers populaires ont le droit à la culture et aux loisirs, à  la  sécurité publique, à la santé publique, à des écoles publiques. C’est pourquoi la Ville de Vénissieux se bat pour la présence des services publics de l’État, pour des services publics de proximité, de qualité et  à  l’écoute, pour l’implantation d’équipements sportifs et culturels dignes de  ce  nom, notamment :

  • l’école de musique et le cinéma Gérard Philipe, bien ancrés sur  le  plateau, drainent aussi des habitants de toute la ville et des communes voisines. Ils participent à briser les préjugés et les cloisonnements liés aux  Minguettes, à les fondre dans l’espace culturel métropolitain.
  • le droit aussi au beau et à l’esthétique s’incarne aussi dans  notre  Médiathèque, édifice phare d’un axe structurant entre le plateau et  le  centre-ville.
  • le projet de reconstruction de la piscine Delaune, d’ici la fin du  mandat, garantira également aux habitants un équipement sportif moderne, un lieu de vie ouvert à toutes les générations et à tous les quartiers.

A  ces  enjeux  fondamentaux  pour  nos  quartiers  viennent  se  greffer  des  enjeux d’actualité non moins importants, qui touchent tous les types de  territoires. Je pense notamment à la question de la place des femmes dans l’espace public, au cœur de l’ensemble de nos projets urbains, pour garantir un espace public partagé et utilisé par toutes et tous. Cette problématique a guidé notamment le  réaménagement de l’esplanade Jean Cagne, devenue l’esplanade Frida Kahlo, à laquelle nous allons donner une dimension artistique avec une  œuvre d’art illustrant le nouveau nom de l’esplanade. Finalement, par tous ces aspects, les Minguettes ont connu et connaissent une mutation et une rénovation incroyable, souvent citées en exemple, une  métamorphose qui sert de référence à d’autres villes.

Sans jamais minorer ou cacher sous le tapis les sujets qui fâchent, mais en  les  prenant de face et sans les instrumentaliser, je peux aujourd’hui le  dire : tout ce travail, pugnace, volontaire et de très longue haleine, a payé.

Cela témoigne aussi d’un partenariat de qualité avec l’État, où les exigences réciproques s’expriment et se composent pour l’intérêt général. Je tiens ici à  remercier Salwa PHILIBERT, sous-préfète en charge de la politique de  la  Ville, pour son écoute attentive sur les dossiers. 

Pour conclure, la politique de la Ville cristallise certes toutes les tensions et débats qui traversent la société française : précarité, chômage, intégration, immigration, discriminations, mixité…

Mais par-dessus tout, la politique de la ville tend à cet idéal républicain d’égalité et de fraternité, associant dans un même effort les collectivités locales, l’État, les habitants, les associations, les bailleurs et organismes publics pour  réduire les inégalités sociales, économiques et urbaines concentrées dans  certains territoires.

Cette philosophie nourrit et guide notre réflexion pour agir mieux, dans  le  cadre du prochain Contrat de Ville 2024-2030.

Agir pour tous nos concitoyens, c’est l’honneur et le sens de l’action publique démocratique.

Je vous remercie.

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