Solidarité avec le peuple tunisien

Mardi 18 janvier à 17h30 – Place de la Paix
Retrouvez ci-après son intervention à cette occasion

Solidarité avec le peuple tunisien

Mardi 18 janvier à 17h30

Place de la Paix, Vénissieux


Déclaration 14/01/2011


Retrouvez ci-dessous son intervention à cette occasion

Nous sommes réunis ce soir pour exprimer notre solidarité et notre soutien au peuple tunisien des deux côtés de la méditerranée. Nous voulons aussi dire notre profonde indignation face à la répression d’un régime dictatorial corrompu qui a tenté d’étouffer par tous les moyens, y compris par le sang la révolte légitime de tout un peuple.

Après les arrestations, les violences policières, ce régime a commis l’irréparable en tirant sur sa jeunesse, sur des femmes et des hommes venus manifester pacifiquement. 74 personnes y ont perdu la vie, assassinées par les sbires de Ben Ali et son régime policier inique, et l’on dénombre de nombreux blessés. Ces tragiques événements ont plongé la communauté tunisienne dans l’angoisse. Je veux vous dire que nous sommes à vos côtés dans l’épreuve que vous traversez.

Tout a commencé par l’immolation de Mohamed Bouzizi devant la mairie de Sidi Bouzid, ce jeune homme de 26 ans, diplômé d’université en était réduit à vendre sur les marchés à la sauvette pour survivre. Mohamed Bouzizi est le symbole du désespoir de tout un peuple, d’une jeunesse sacrifiée, perdue, sans perspective d’avenir. Ce régime n’a offert à sa population que le chômage, la vie chère et les inégalités sociales, et pour les proches de Ben Ali, la répartition des richesses du pays, la corruption et les passe-droits.

Puis ce fut la révolte d’un peuple qui n’avait plus rien à perdre ; 28 jours d’un combat digne de tout un peuple qui scandait « liberté, travail, dignité ». La révolte d’un peuple qu’on empêche de vivre, qui n’a cessé d’être humilié, condamné à mourir à petit feu.

« La force et la faiblesse des dictatures est d’avoir fait le pacte avec le désespoir des peuples » indiquait l’écrivain Georges Bernanos. Mais il y a un moment où l’injustice d’une misère sociale face à l’opulence de quelques uns est si criante que la révolte éclate.

Le gouvernement français embarrassé par son ami Ben Ali s’est très longtemps tu, dans un silence assourdissant. Puis, par la voix d’Alliot Marie, Ministre des Affaires Etrangères, s’est érigé en donneur de leçons en déclarant « déplorer les violences et proposer le savoir-faire de nos forces de sécurité, reconnu dans le monde entier pour permettre de régler des situations sécuritaires de ce type ». Propos iniques, indignes du pays des droits de l’homme et insultant pour le peuple tunisien, vestige d’un autre temps, celui de la colonisation.

Ces événements constituent un avertissement pour la France et l’Union européenne dans leurs politiques de coopération avec les pays du sud qui ne sert que les intérêts des multinationales venues dépouiller les peuples et leurs nations de leurs richesses, à l’instar de l’accord signé en 1995 entre la Tunisie et l’Union européenne pour établir une zone de libre échange et établir des règles de libre circulation des marchandises et des capitaux. Tout comme le FMI et la Banque mondiale qui n’ont pas hésité à imposer leurs directives et conduire la Tunisie vers le gouffre. Ce qui explique l’indulgence des gouvernements européens et des grandes puissances vis à vis du dictateur Ben Ali.Ce formidable mouvement populaire suscite un très grand espoir pour le peuple tunisien d’accéder à la liberté, à des réformes politiques et sociales. Mais nous ne sommes qu’au début d’un long processus de libération et d’émancipation. Il ne faudrait pas que les principaux acteurs de cette révolution soient spoliés de cette victoire qu’ils viennent de remporter.

Le clan Ben Ali ne semble pas avoir dit son dernier mot, quitte à mettre la Tunisie à feu et à sang pour mieux reprendre les rênes du pouvoir. Les fauteurs de troubles qui tentent d’instaurer la terreur et le chaos en Tunisie doivent être démasqués et toute la vérité sur les responsabilités établie.

L’annonce du nouveau gouvernement hier, où un tiers des ministres de Ben Ali a été reconduit à des postes clés (la défense, l’intérieur, et les finances), démontre combien le système mafieux s’accroche au pouvoir.

Le peuple tunisien et les forces progressistes tunisiennes ont jusqu’ici fait preuve d’une grande lucidité et d’une détermination sans faille. Je salue leur courage, leur détermination à poursuivre le combat pour aboutir à un nouveau régime basé sur la démocratie, le progrès social et l’égalité.

Avec les forces progressistes tunisiennes, tous les espoirs sont permis d’une reprise en main par le peuple de l’avenir de la Tunisie.

Partout du Maghreb au Proche Orient, les peuples soulèvent la chape de plomb instaurée par des dirigeants tyranniques, despotiques qui ont délibérément maintenu la population dans un vide politique, idéologique et intellectuel pour mieux la contrôler et la soumettre.

Aujourd’hui, les peuples se lèvent et sont en marche pour la dignité et la liberté.

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