Soirée-rencontre avec Ghadir

Soirée-rencontre avec Ghadir, jeunes palestinienne blessée par balle dans le camp de Jénine, soutenue financièrement par le conseil municipal de Vénissieux en 2003 – Hôtel de Ville

Ci-après l’intervention de Michèle Picard à cette occasion.

C’est avec un grand plaisir que nous retrouvons Ghadir, une jeune palestinienne blessée par balle dans le camp de Jénine, sept ans après son opération.

Ghadir a en effet pu être opérée en France, à deux reprises, l’une pour extraire la balle, la seconde pour la pose d’un œil artificiel.

Ces hospitalisations représentant des frais importants, la Ville avait manifesté la solidarité de la population vénissiane en votant une délibération au conseil municipal du 23 septembre 2003 afin de prendre en charge le coût financier de l’une des journées d’intervention chirurgicale.

Nous sommes fiers car, ici à Vénissieux, personne n’a oublié ce qui s’est passé au printemps 2002, ce qu’a enduré le peuple palestinien.

La cause palestinienne est une cause Vénissiane, car c’est une cause juste.

A l’initiative de ce formidable élan de solidarité, l’association Jénine Vénissieux se bat pour faire soigner en France des enfants victimes de guerre, qui ne peuvent être pris en charge sur place, collecte de l’argent pour donner aux enfants de Palestine des fournitures scolaires, des ordinateurs dans les écoles…

La situation faite aux enfants sur la terre de Palestine est humainement insupportable. Quelle vision du monde peut-on se construire dès son plus jeune âge quand on grandit dans le dénuement le plus complet, sans repère stable, souffrant au quotidien avec ses parents de l’occupation, des tensions, des affrontements ?

Les attentats suicides, l’utilisation d’artillerie lourde et mitraillage par hélicoptère, les destructions de maisons au bulldozer, les rafles de pères et de frères, contribuent à ancrer, chez de nombreux enfants, la conviction que la violence est une méthode acceptable de règlements des différends.

Imagine-t-on ce qu’est la vie d’un enfant sous le régime de la peur, sous l’empire du bruit des armes et de la guerre.

Imagine-t-on la vie d’un enfant dans son pays, un pays en forme de prison à ciel ouvert, autour duquel on érige de nouveaux murs de la honte, de nouveaux murs de la haine ? Dans ce terrible contexte, l’équilibre psychologique de l’enfant est marqué au fer rouge, à l’encre indélébile.

Lorsque des enfants se voient refuser la possibilité de grandir dans un climat de confiance, de tolérance, de justice, l’espoir d’endiguer les conflits au cours des générations suivantes s’amenuise. Et la sensation d’une profonde injustice, d’un droit international à deux vitesses, alimente le ressentiment et le rejet de l’autre.

Lors de la dernière manifestation de l’association Jénine Vénissieux, j’ai été marquée et touchée par les photos de ces écoliers tenant dans leurs bras leurs cartables. Ils ne les tenaient pas comme les tiennent les enfants des pays en paix, ils les tenaient comme un prolongement d’eux-mêmes, comme une fierté, un bouclier, une carapace contre les temps présents et une passerelle (le savoir), un visa pour des temps meilleurs.

Les dirigeants politiques internationaux portent une lourde responsabilité. Ils n’ont cessé de tergiverser, de se renier, de fouler aux pieds le droit international pour refuser au peuple palestinien le droit à une terre, à un Etat libre et souverain, et à vivre dans la sécurité. C’est inacceptable.

C’est parce que nous refusons l’avenir bouché réservé au peuple palestinien, que nous soutenons toute action visant à établir la paix entre Israël et la Palestine. Une paix juste qui reconnaît aux palestiniens leurs droits à disposer d’une terre.

La Palestine doit être reconnue comme un état souverain, tel que le définissent les accords internationaux, jouissant pleinement de tous les droits afférents et organisant la démocratie sur son territoire. La communauté internationale a le devoir et la responsabilité de veiller à ce que ces droits soient respectés.

Les conditions d’une paix juste sont connues. Depuis longtemps, elles sont traduites dans plus d’une dizaine de résolutions de l’ONU, qui n’ont jamais été appliquées.

Il faut en finir avec l’agression permanente israélienne. L’agression d’il y a un peu plus d’un an à Gaza est encore dans nos mémoires : 1 400 palestiniens dont 313 enfants et 116 femmes y ont perdu la vie dans des bombardements dévastateurs sur des maisons d’habitation, des écoles, des hôpitaux ; des bombardements « intentionnels » au phosphore blanc et des attaques lancées avec l’intention délibérée de répandre la terreur parmi la population.

Des crimes contre l’humanité y ont bien été commis, et ce n’est pas la première fois que les dirigeants israéliens bafouent les normes juridiques les plus fondamentales et les conventions de Genève de 1848 sur le droit humanitaire et la protection des personnes civiles.

L’impuissance et le silence de la communauté internationale forment une nouvelle jurisprudence, celle d’un droit international bafoué et phagocyté par le plus puissant et par les compromissions de ses alliés.

Toutes celles et ceux qui ont la solidarité à cœur se doivent d’agir pour reconstruire un espoir, montrer qu’un chemin vers la paix reste possible. Ce chemin vers la paix passe par le respect du droit, par un règlement politique et par la justice pour le peuple palestinien. Car, comme le disait Karl Marx : « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre ».

La Palestine a besoin de solidarités. Et c’est en développant ces solidarités que nous apportons notre pierre à l’édification d’un Etat palestinien libre, démocratique et souverain.

Je vous remercie.

ghadir060410

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