Mercredi 19 décembre 2012.
Retrouvez l’ intervention de Michèle PICARD à l’occasion de la signature de la convention de jumelage entre l’Opéra national de Lyon et la Ville de Vénissieux, le mardi 18 décembre 2012 à 12h00
Les engagements de notre ville pour la culture ne sont plus à démontrer, mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas les rappeler. L’Opéra, qui pourtant semble être réservé à une élite, est en fait, un spectacle populaire. Le célèbre ténor Roberto Alagna affirmait récemment : « l’Opéra est un art populaire ! C’est la seule musique jouée depuis toujours et dans le monde entier. Quand on voit le nombre de représentations données sur le plan international chaque jour, on ne peut pas dire que ce n’est pas populaire. »
A Vénissieux nous n’en doutions pas, car nous assumons et respirons la culture qui ouvre des horizons, une culture qui résiste, qui interroge et qui nous construit. La culture populaire est avant tout porteuse de sens et de significations, d’ouverture et de rassemblement. A Vénissieux nous avons fait le pari de la culture, de l’expression artistique, accessible à tous et au plus grand nombre. Ce combat là n’est ni vain ni futile. Je dirais même qu’il est nécessaire.
Depuis 2005, la ville a initié avec l’Opéra national de Lyon, un partenariat pour rendre cet art accessible au plus grand nombre. Des actions de sensibilisation ont insufflé un air d’Opéra sur Vénissieux. Ainsi, une première convention triennale de jumelage, de 2009 à 2011, a été signée avec l’Opéra, afin de faire vivre une étroite collaboration, et l’inscrire dans l’environnement social de la ville. C’est un véritable travail de terrain qui s’est engagé sur la ville, avec les équipements culturels, les associations et les habitants. J’ai encore en mémoire, ce formidable moment riche en émotions et en partage, passé au cinéma Gérard Philippe.
Une initiative hors des murs de l’opéra, pour favoriser la rencontre entre les artistes et le public, qui n’aurait pas forcément fait le déplacement sans cette sensibilisation et cette ouverture. C’est aussi pour cela que nous sommes tant attachés à faire découvrir et à faciliter l’accès à toutes formes de culture. Nous pouvons être fiers du bilan encourageant, obtenu pendant ces trois années. Les initiatives ont permis au public de se familiariser avec l’Opéra, autour de moments sympathiques et conviviaux, particulièrement appréciés par les Vénissians.
Mais surtout, l’Opéra est aujourd’hui devenu accessible à travers l’école. En effet, pour l’année 2014/2012, 16 enfants vénissians ont intégré la Maîtrise, sur la centaine d’enfants qui la composent. 6 habitent en territoire CUCS et 9 sont issus de familles modestes. Très encadrés, ils bénéficient d’aides financières en fonction de leurs ressources familiales.
La Maîtrise accueille des élèves qui vont du CE1 à la 3ème, et peuvent chanter dans des Opéras dès le CE2. Ils se produisent en concert, aussi bien en France qu’à l’étranger. Et puis il y a les projets participatifs « Kaléidoscope » et « l’Opéra Nell Opéra », qui ont permis à plus de 300 Vénissians amateurs, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes, de s’engager dans des réalisations de spectacles, encadrés par des professionnels de l’Opéra de Lyon. Des ateliers de découverte de différentes pratiques artistiques et culturelles ont été mis en place, pour laisser le temps à chacun d’effectuer un choix. Les divers projets qui ont été menés à terme ont été vécus comme des expériences marquantes, participant à la valorisation de l’estime de soi, et offrant un autre regard sur l’Opéra.
Depuis 2006, l’Opéra de Lyon a pris ses marques sur le festival des Fêtes escales. Il n’est quand même pas courant que l’on puisse découvrir l’opéra en plein air, avec un public intergénérationnel aussi nombreux. Je pense que chacun, qu’il soit public ou artiste, en retire un plus, une certaine fierté de partager ces moments uniques en émotion. C’est aussi cela qui nous permet de casser les préjugés, et d’amener la population à investir ces lieux un peu feutrés de l’Opéra. Cet été nous avons eu la joie de recevoir l’Orchestre et les Cœurs de l’Opéra de Lyon, et les spectateurs ont applaudi les artistes, debout, à tout rompre.
Avec tout l’engouement pour l’opéra suscité ici à Vénissieux, nous travaillons à un projet d’installation de « La préfabrique Opéra ». Il devrait voir le jour en 2014 sur le territoire de la commune, plus précisément à proximité du futur lycée Jacques Brel. Il va regrouper toutes les activités techniques : costumes, décors, activités de répétitions d’orchestre, chœurs, ballets.
Tout ceci a évidemment un coût pour la ville que nous assumons pleinement, car la culture est un élément majeur du « mieux vivre ensemble ». Les enfants en Maîtrise bénéficient d’une aide de la ville, qui s’élève à 7 000 euros par an ; pour les projets Kaléidoscope, c’est une participation financière de 21 000 euros. Ainsi le budget global pour la ville des actions de l’opéra, qui tient compte des mises à disposition de personnel, salles et matériel, est de l’ordre de 200 000€.
Grâce à l’aide de nos fidèles partenaires institutionnels (État, collectivités locales, Académie de Lyon…) l’Opéra devient une excellente manière, pour les Vénissians, de s’initier aux arts vivants.
La ville de Vénissieux est ravie d’entrer dans la deuxième phase de ce partenariat d’exception avec l’Opéra de Lyon, et de poursuivre ainsi cette belle aventure. L’Opéra c’est l’union de tous les arts en une seule œuvre, rassemblant sur scène le texte littéraire, le chant, l’art instrumental, la danse, les décors et les costumes. L’Opéra se recrée et se réinvente constamment, pour faire partager cette alchimie complexe qui monopolise tous les sens. C’est aussi pour lui l’occasion d’effacer certains a priori, et de s’ouvrir à d’autres horizons.
L’opéra doit tenir ses portes grandes ouvertes, et continuer d’inventer de nouvelles passerelles avec la population, pour susciter l’envie et le partage des émotions.
Je vous remercie.
