Semaine bleue 2011

Le 19 octobre – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de l’ouverture de la Semaine bleue 2011, lundi 17 octobre.

Le 19 octobre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD à l’occasion de l’ouverture de la Semaine bleue 2011, lundi 17 octobre.

Défendre les solidarités qui nous ont été transmises depuis l’après-guerre et le Conseil National de la Résistance. En inventer de nouvelles, car l’espérance de vie pour les hommes et les femmes de notre pays augmente. En amont, ça s’appelle le système de retraites par répartition, et la sécurité sociale. En aval, ça s’appelle la dépendance, le maintien à domicile, et tout un ensemble de mesures, que nous devons prendre et assumer collectivement.

Je reviendrai sur ces points politiques un peu plus tard, en précisant d’emblée que, dans un cas comme dans l’autre, c’est la solidarité nationale qui doit jouer, et non pas le recours à des cotisations individuelles et privées. Je ne veux pas d’une vieillesse du riche et d’une vieillesse du pauvre, je veux, et je le dis clairement, une vieillesse dans la dignité, une vieillesse dans le partage.

Mais il y a aussi, à mes yeux, une solidarité citoyenne à retrouver et à renforcer. Dans les sociétés libérales comme la nôtre, en perte de repères et de valeurs, les individualismes, les égoïsmes, la course contre le temps et la course au matérialisme, ont déstructuré les liens sociaux et affaibli le vivre-ensemble. Ce qui s’est construit, c’est l’indifférence comme esprit général, et le cynisme comme comportement individuel.

En évoquant la solidarité citoyenne, j’attends que chacun d’entre nous porte une attention particulière aux personnes du troisième âge. Aider une personne à descendre du tramway ; aider à porter un sac de courses dans la cage d’escalier ; prendre le bras d’une personne âgée, pour traverser une rue fréquentée ; prendre de ses nouvelles régulièrement car c’est notre voisin, notre voisine.

Prendre le temps, d’écouter, de parler, de partager des moments avec nos aînés. Ce sont des gestes simples, des attentions simples, et je n’ai pas peur d’utiliser ce mot : de la tendresse et beaucoup de reconnaissance. Il n’y a pas de pire société que celle qui laisse dans le dénuement, et la solitude, une personne âgée, coupée de tout, cloîtrée dans son isolement.

Je vous en ai déjà parlé, mais je n’accepterai jamais la canicule 2003, pendant laquelle la surmortalité a atteint quelque 15 000 morts en France, majoritairement les plus de 75 ans. Pas à Vénissieux, car notre vigilance sanitaire a fait que nous n’avons compté aucune victime, mais dans de nombreuses grandes agglomérations, sur l’ensemble de notre territoire. Des hommes, des femmes, nos aînés sont morts ainsi, déshydratés, dans le silence, dans l’indifférence, alors que ces hommes et ces femmes étaient hier nos voisins de palier.

Le gouvernement n’a pas été à la hauteur, certes, mais la solidarité citoyenne non plus, et c’est la raison pour laquelle j’en appelle aussi à un sursaut de ce côté-là. Cette vigilance dont nous devons faire preuve, la crise que nous traversons va la rendre encore plus aiguë.

Le 3ème âge fait partie des catégories sociales particulièrement affectées. De plus en plus de retraités ne parviennent plus à vivre dignement. Se nourrir, se loger, se soigner, se chauffer, ce sont les priorités actuelles pour bon nombre d’entre eux. Le règne de l’urgence sociale domine. En France, près d’un million de personnes, de 65 ans et plus, vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 800 euros par mois.

La perte de pouvoir d’achat est radicale, entre 10 à 20% en moins, en l’espace de dix ans seulement. La moyenne de la pension brute pour les 15 millions de retraités français est de 1100 euros, soit 825 euros pour les femmes, et 1426 pour les hommes. Au Secours Populaire, au Secours Catholique, partout, la sonnette d’alarme est tirée : chaque année, de plus en plus de personnes âgées viennent les solliciter pour demander une aide.

Les difficultés s’accumulent également en matière de logement et de précarité énergétique : 55% des ménages touchés ont plus de 60 ans ! Là où le gouvernement devrait agir, afin de donner les moyens à ses aînés de vivre dignement leur temps de repos bien mérité, il leur assène une politique d’austérité injustifiable. La hausse des mutuelles, prônée à la rentrée par le tandem Sarkozy-Fillon, va venir grever encore un peu plus le pouvoir d’achat des personnes âgées. Vigilance accrue bien sûr, car la réforme des retraites et le report de l’âge légal à 67 ans, pour toucher une pension sans décote, vont accroître les difficultés financières d’hommes et de femmes, qui auront pourtant travaillé toute leur vie.

Ce qui est écrit entre les lignes, c’est l’arrivée, dans les 5 à 10 ans, de milliers de retraités en situation d’extrême précarité, avec des pensions incomplètes, a minima, qu’ils devront compléter par des petits boulots, sous-payés et dégradants. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

– Parce que le capitalisme financier, depuis plus de dix ans, privatise peu à peu des pans entiers de la sécurité sociale, casse l’idée de solidarité nationale et de services publics.

– Parce que le gouvernement actuel maintient le système en place, en engloutissant des milliards d’euros dans la recapitalisation des banques.

Il n’y a pas de secret : cette politique de la finance et de quelques privilégiés, cette politique à fonds perdus, ce sont autant de sommes et d’argent qui manqueront au budget de la nation : à la santé, aux retraites, aux hôpitaux, à l’Éducation nationale, à la justice, aux collectivités territoriales, que le gouvernement Fillon est en train d’asphyxier.

Sur ce terrain de la dignité du troisième âge, Vénissieux ne lâchera pas les grandes orientations qu’elle s’est fixées. Offrir des structures et des animations à ses aînés, les impliquer aussi dans les grandes décisions de notre ville : être à la retraite, ça ne veut pas dire être mis en retrait, et je sais qu’il y a une demande forte de connections et d’intégrations à la ville, telle qu’elle est aujourd’hui, avec des équipements publics et culturels de pointe.

Dans un contexte d’attaques systématiques de l’Etat contre les collectivités locales, nous sommes fiers de poursuivre une politique humaine, sociale et digne, à l’égard des Vénissians les plus âgés d’entre nous.

Avec les résidences réhabilitées Ludovic Bonin et Henri Raynaud, les trois foyers soleil, avec l’installation prochaine de l’EHPAD sur notre commune, avec les aides pour le suivi social, les services d’aides à domicile, le portage des repas (17500 en moyenne par an), avec l’Office municipal des retraités, nous affichons une politique réellement ambitieuse, de façon à répondre au vieillissement de la population vénissiane.

Au sujet de la dépendance, véritable enjeu de société, outre La Solidage, et bientôt l’EHPAD, il faudrait deux ou trois autres établissements de ce type à Vénissieux, pour les 15 prochaines années. Nous sommes face à un double défi national. En 40 ans, l’espérance de vie est passée de 68 ans à 78 ans pour les hommes, de 75 à 85 ans pour les femmes. On estime que le nombre de personnes âgées dépendantes devrait augmenter de 1% par an, jusqu’en 2040.

Il va falloir répondre à cette demande, et il va falloir aussi s’attaquer au financement de la dépendance. Alors que le gouvernement a reporté le projet de loi sans crier gare, politique de l’autruche irresponsable, il n’y a fondamentalement qu’une solution envisageable : face au coût que va représenter la perte d’autonomie, c’est le principe de solidarité qui doit s’appliquer, à travers, pourquoi pas, la création d’une 5ème branche de la Sécurité Sociale.

Je récuse et je refuse toute privatisation rampante de la dépendance, car ce sont les familles modestes, mais aussi les familles des classes moyennes, qui en feront les frais. Faute de moyens financiers, elles devront prendre à charge la perte d’autonomie de l’un des leurs, avec toutes les difficultés matérielles, de garde, mais aussi psychologiques que cela implique. Ça n’est pas acceptable.

Pour conclure, la semaine bleue est une manifestation qui me tient particulièrement à cœur. C’est un lieu d’échanges, de rencontres, de proximité, au terme duquel les élus que nous sommes sortent enrichis, et plus que jamais déterminés. Dans une société atomisée comme la nôtre, c’est l’occasion de resserrer les rangs, et de réaffirmer ensemble notre attachement à notre ville, et à l’épanouissement de ses habitants, du plus jeune au plus âgé.

Je vous remercie.

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