Aujourd’hui, Robert Badinter entre au Panthéon. Si son nom demeure indissociable de l’abolition de la peine de mort il y a 44 ans, réduire son héritage à ce seul combat serait méconnaître l’ampleur de son œuvre au service de la Justice et du Droit.
Pendant ses 4 années en tant que Ministre de la Justice, il a amélioré les conditions de vie des prisonniers, supprimé les juridictions d’exception (comme la Cour de sûreté de l’État) et les lois liberticides (loi anti-casseurs). Il a aussi dépénalisé l’homosexualité en 1982, mettant fin à des décennies de discrimination, et lutté sans relâche contre l’antisémitisme et le négationnisme. Dans son combat pour la mémoire, il a notamment permis la captation audiovisuelle des procès historiques de Klaus Barbie, Maurice Papon et Paul Touvier.
Du prétoire au ministère, Badinter a toujours défendu une justice exigeante et digne, aux antipodes des conceptions vengeresses de ceux qui réclament une justice toujours plus expéditive et sévère. Pour lui la justice doit sanctionner un crime, et non s’acharner sur une personne. C’est dans cette même logique qu’il s’est opposé à la rétention de sûreté et à la perpétuité sans espoir de sortie.
Un engagement qu’il a porté jusqu’au bout : il s’est ainsi prononcé pour la libération du préfet Papon, condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, alors que sa famille et lui-même ont été victimes de la politique antisémite de Vichy.
Alors qu’aujourd’hui certains réclament une justice toujours plus répressive, poursuivons son combat pour une justice au service de l’humain.