Résidence littéraire de Denis Pourawa

… »Donner du temps, voilà la force des résidences littéraires. »…

Il faut donner des lieux, une ambition, un encadrement, pour la création. Il faut aussi savoir la faire vivre au quotidien, au plus près des habitants, et c’est peut-être là, le défi à relever le plus difficile, mais aussi le plus passionnant, pour une ville. Comme en écho à phrase de Jean-Luc Godard, «les professionnels de la profession », une culture qui ne s’adresserait qu’à elle-même, perd ses racines populaires, son ancrage, et sa proximité.

L’ambition, nous la gardons à Vénissieux, avec cette idée d’une culture démocratisée, et d’une démocratie de la culture. Avec un budget aussi, de 9%, un budget ambitieux, pérenne, à l’heure où les politiques d’austérité écrasent ce qui résiste à la finance : l’éducation, la création, le social, l’associatif, la culture de proximité. Avec nos équipements également, dont le petit dernier, Bizarre, qui va être inauguré la semaine prochaine, au croisement des cultures urbaines et des musiques actuelles. Un lieu pour la jeunesse, un lieu pour ouvrir des possibles, pour chercher, échanger, innover, une réponse à tous ceux qui, entre relents réactionnaires et replis frileux, considèrent la culture comme accessoire, secondaire, comme une variable d’ajustement.

Comment faire vivre la culture au quotidien ?

En la considérant comme le cœur de la vie de la cité, comme le moteur de la curiosité urbaine, comme un vecteur de l’aménagement du territoire, et un trait d’union entre les habitants. Mais le quotidien, c’est aussi la durée, le prolongement, l’enracinement. Donner du temps, voilà la force des résidences littéraires. Donner du rapprochement, voilà ce qui rend le processus artistique, plus accessible au plus grand nombre. Notre ville soutient, avec force, ces démarches, elle les multiplie même, au Théâtre avec des compagnies, ou encore lors du premier accueil d’un plasticien, en 2015, avec Bruce Clarke. Soutien aux artistes, rencontre avec la population, soutien à une expression différente, pluri-culturelle.

C’est dans cette perspective que s’inscrit aujourd’hui, l’auteur et poète Denis Pourawa, qui va s’installer dans notre ville, de février à mai, la découvrir, et partir à la rencontre des habitants. Je tiens à le remercier, et à le saluer, il succède à Pierre Soletti, et ouvre la 7ème résidence littéraire, portée bien évidemment, par l’association L’espace Pandora.

Vous êtes né, Denis Pourawa, à Nouméa, en Nouvelle Calédonie, et à travers votre écriture, c’est la riche culture mélanésienne, qui arrive jusqu’à nous. Une écriture en patchwork de sensations, d’émotions, de chants, d’haïku, de rythmes et de sonorités urbaines. Tout le plaisir de la lecture est là : découvrir un monde, un univers, le vôtre, cher Denis Pourawa.

Comme à l’accoutumée, un recueil édité par la ville, viendra au terme de la résidence, reprendre le travail d’écriture et les textes réalisés avec des habitants, témoignage de ce passage. Ateliers d’écriture, interventions dans les établissements scolaires, les centres sociaux, à la médiathèque, aux ateliers d’arts plastiques, comme une écriture à plusieurs mains, appelée à laisser une trace à Vénissieux, et surtout parmi les Vénissians. En moyenne, entre 500 et 700 personnes sont touchées par la résidence d’un artiste, 200 bénéficient d’une intervention approfondie de l’auteur, et près de 80% des participants aux ateliers, habitent Vénissieux. Au geste de création s’ajoute un geste de sensibilisation, et c’est là, l’essence même de toute résidence littéraire, ouverte au monde qui l’entoure.

Je voudrais, pour conclure, saluer une nouvelle fois L’Espace Pandora, association vénissiane, qui depuis 30 ans, irrigue de mots, de poésies et de textes, tous les quartiers de notre ville. Cheville ouvrière d’une culture de terrain, laboratoire du verbe et de l’imaginaire, ambassadrice de notre ville, à travers les manifestations littéraires qu’elle organise : Printemps des poètes, Parole Ambulante, Semaine de la langue française… Bravo à toute l’équipe, à Emmanuel Merle, son président, à Thierry Renard, son directeur, à Geneviève Metge, sa présidente d’honneur. L’Espace Pandora fabrique de l’esprit et du lien social, comme vous pourrez le constater, cher Denis Pourawa, aussi bien à l’échelle locale, que régionale et nationale.

Je voudrais aussi mettre en avant les synergies qui se sont installées, entre les équipements culturels de notre ville, et je pense, dans le cadre de cette résidence, à nos médiathèques et bibliothèques de quartier.

Et enfin me féliciter de la réussite, avec notre partenaire la fondation Decitre, de l’opération Boîtes à lire. Le verbe est debout, la langue vivante, la création très présente, ici à Vénissieux, grâce à vous, grâce à nous, dans un contexte difficile, celui des politiques d’austérité, auxquelles nous opposons une culture de la différence et de la résistance, pour voir le monde autrement, par le prisme de son altérité.

Cher Denis Pourawa, au nom de tous les Vénissians, je vous souhaite la bienvenue, et une excellente et féconde résidence littéraire.

Je vous remercie.

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