Tout au long de son mandat, Françoise Pouzache nous a confirmé que la culture est une affaire de cœur, de passion, de partage. Qu’une salle de théâtre n’est pas une propriété, un lieu surplombant le monde, mais un espace ouvert aux quatre vents de la création, de l’audace, de la curiosité, de l’émotion collective. Que la culture populaire est celle qui va à la rencontre des habitants, qui porte sur ses épaules la jeune création à travers les résidences et concerts. Cette culture-là prend des risques sans prendre de haut, elle s’échappe, interroge, questionne pour émanciper, rapprocher les gens et les cultures.
Après 12 ans à la direction de notre théâtre, puis de la Machinerie, Françoise Pouzache part à la retraite. 12 années marquées par de profondes transformations avec la naissance d’un nouvel équipement, Bizarre, et d’une nouvelle structure, La machinerie, qui regroupe notre théâtre et Bizarre, dédié à la culture musicale urbaine et contemporaine.
Et puis, il y a eu cette crise de la Covid-19, qui laisse les salles vides, les productions à l’arrêt, les textes et les mots sans interprètes. Passage terrible et compliqué d’une culture stoppée net et d’émotions collectives disparues.
Je salue tout le travail que Françoise Pouzache et ses équipes ont mené pour faire revenir les Vénissians au théâtre, pour retisser les liens entre artistes et public, pour retrouver la fréquentation lors de la saison 2023-2024 au niveau qui était le nôtre avant le Covid. Un travail de fourmi, de longue haleine, qui a payé.
Et puis la reconnaissance du devoir accompli et d’une passion toujours intacte, c’est aussi celle que les autres vous adressent comme l’appellation Scène conventionnée d’Intérêt National par le Ministère de la Culture dont bénéficie La machinerie. Ce label montre l’implication de notre ville pour soutenir une politique culturelle d’envergure.
La saison 2024-2025 portera donc, une ultime fois, l’empreinte de Françoise Pouzache avant d’accueillir celle qui lui succèdera en septembre, Duniému Bourobou, à qui nous souhaitons d’ores et déjà la bienvenue.
Défendre la culture est un combat politique.
En temps de crise, beaucoup, dans des discours démagogiques, la relèguent au rang d’accessoire, de superflu, de priorité secondaire. Nous menons au contraire le combat inverse. Quand les difficultés sont là, notre ville répond présent.
Ce fut le cas lors de la pandémie avec une enveloppe de subventions exceptionnelle pour les associations vénissianes à hauteur de 300 000€. Puis à nouveau une seconde enveloppe de subventions de 300 000€ aux associations pour faire face à l’inflation. Enfin, nous avons décidé de revaloriser notre enveloppe des subventions aux associations de 3,2% dans notre budget 2024 ! Cette mesure forte est accompagnée cette année par le gel de nos tarifs municipaux.
Nous n’ignorons pas la fragilité de la culture, de la création, nous connaissons les difficultés des jeunes artistes et la précarité des intermittents du spectacle. Car nous savons que ce qui se joue à travers la culture populaire, c’est l’émancipation de l’enfant et du jeune, c’est la rencontre entre les générations, c’est l’animation de la vie de quartier, c’est le vivre ensemble.
La majorité des engagements du plan de mandat a déjà été réalisée.
Un portail internet Culture Vénissieux pour valoriser l’agenda des manifestations culturelles de la Ville a été créé.
Près de 100 000 visiteurs ont été recensés depuis sa mise en ligne en 2023.
Nous avons instauré et élargi le pass culture afin de favoriser la fréquentation des équipements culturels par les adolescents. 4300 jeunes en ont bénéficié au cinéma cette saison.
Populariser et faire connaître notre patrimoine étaient une priorité que nous avons renforcée avec la mise en ligne de la collection d’art moderne et contemporain de Vénissieux sur la plateforme Vidéomuseum.
900 œuvres accessibles et plus de 700 notices y sont disponibles.
Un parcours culturel et ludique sera édité à l’occasion des Journées du Patrimoine pour découvrir et identifier les œuvres d’art dans l’espace public.
Sans oublier, vous le savez, notre prochaine Maison des Mémoires.
La culture populaire que nous défendons intègre une dimension essentielle, sa démocratisation dans tous les quartiers et le quotidien des Vénisssians. Ce soutien à la participation des usagers dans les équipements culturels en est le cœur et l’épicentre. Nous comptons plus de 250 inscrits aux Ateliers Henri Matisse et 500 élèves à l’École de musique, grâce à des tarifs incitatifs et la mise à disposition de matériel. Chaque année, près de 10 000 euros sont consacrés à l’acquisition de nouveaux instruments. L’automatisation du prêt-retour dans les équipements du réseau de lecture publique a été également effectuée. Et plus généralement, notre ville investit plus de 720 000€ en dépense de fonctionnement pour La Machinerie.
Je ne vais pas citer toutes nos manifestations, des fêtes Escales, l’un des rares festivals gratuits de l’agglomération lyonnaise, aux Arts d’écho par exemple, qui se déroule chaque année à Bizarre !, en association avec La Machinerie, le réseau de lecture publique et l’école de musique. Sans oublier la promotion du stand up et autres spectacles.
Notre théâtre fait preuve d’une vraie dynamique, une dynamique transversale en synergie avec tous nos équipements culturels qui en fait sa force en matière d’accessibilité et de partage de l’art et la culture. La programmation permet une découverte des formes et esthétiques d’aujourd’hui, résolument ouvertes sur le monde et sa diversité : théâtre, musique, danse mais aussi cirque, arts mêlés…
Cette saison 26 spectacles sont proposés, pour tous les âges.
L’accès de l’enfance et la jeunesse à la culture est également au cœur du projet municipal. Le Théâtre développe ainsi une mission importante et fondamentale auprès du jeune public, s’inscrivant dans une réelle volonté d’éducation artistique et culturelle : 7 spectacles en temps scolaire sont au programme, ainsi qu’ateliers de pratique, rencontres avec des artistes, restitutions sur scène… Des sorties en famille sont également proposées, afin de privilégier des instants à partager entre petits et grands, autant de moments de dialogue, d’échange, d’apprentissage, d’éducation.
Aujourd’hui, les dépenses culturelles des collectivités territoriales, évaluées à 8,7 milliards d’euros en 2017, représentent près de 2,5 fois le budget du ministère de la culture! Et dans cette organisation, les communes jouent un rôle central. En 2016, les dépenses culturelles étaient financées à hauteur de 58% par les communes, 20% par les intercommunalités, 14% par les départements et 8% par les régions.
En ce qui concerne le spectacle vivant, le soutien des collectivités territoriales est déterminant. Elles assurent les trois quarts des financements du spectacle vivant, à hauteur de 2,47 milliards d’euros en 2019 contre 700 millions du ministère de la culture.
Cette décentralisation à marche forcée montre à quel point la défense de la culture populaire est étroitement liée à la défense de l’autonomie financière des communes et à son principe de libre administration.
Dire que nous marchons ensemble, main dans la main, n’est pas exagéré. Il faut s’en souvenir à l’heure des périls que la montée de l’extrême droite en France et l’étranglement des finances locales font peser sur notre culture populaire, de proximité, aussi nécessaire qu’indispensable et vitale.
Merci à nos agents, aux équipes, au Conseil d’Administration et à la direction de La Machinerie de faire vivre et rayonner la création à Vénissieux.
Je vous souhaite, à tous et à toutes, une excellente saison 2024/2025 et je vous invite à pousser les portes de notre théâtre avec curiosité, gourmandise et assiduité.
Je vous remercie.


