Présentation de la saison théâtrale 2015/2016

Il y a toujours une part d’attente et d’excitation, avant de dévoiler la présentation d’une nouvelle saison 2015-2016, du Théâtre de Vénissieux. Quels artistes, quels spectacles, quelles compagnies, quels comédiens vont venir sur les planches rencontrer un public, toujours aussi fidèle, un public toujours plus fidèle.

Cette saison intervient dans un contexte particulier : elle s’ouvrira le 20 septembre prochain à l’occasion de deux anniversaires, les 30 ans du Théâtre, et les 80 ans de la Maison du Peuple. 30 ans de spectacles, d’imaginaires, de créations, 30 ans de combat aussi pour défendre la culture populaire, pour la rapprocher de tous les publics, de tous les Vénissians, des petits aux grands. Cet anniversaire, je le dédie à toutes les équipes qui se sont succédé, et à sa directrice actuelle, Françoise Pouzache.

On ne peut pas, en ce jour de présentation, rester silencieux sur la situation nationale.

Par respect déjà, pour le monde de la création, pour les intermittents, qui font vivre les festivals et les quartiers de nos villes. Oui, la culture en France est en danger.

Il ne s’agit pas de dramatiser mes propos, mais de bien prendre conscience des réalités. Il n’y a pas de spectacle sans les artistes, mais il n’y a pas de spectacle non plus, sans le public. Cet enjeu de la culture nous concerne tous ! Je vous avais parlé de la carto-crise, qui répertorie tous les festivals et manifestations, annulés dans l’Hexagone, lors de l’inauguration des Musicianes, en janvier 2015. 48 fermetures ou annulations étaient signalées. A la date du 8 mai, nous en étions à 195 !!! Danse, théâtre, musique, cinéma ou arts de la rue : tous les domaines sont touchés.

Le terme d’hémorragie n’est pas trop fort, et la France est en train de perdre une partie de son identité culturelle.

Regardons ce qui se passe près de nous : Fort en Jazz à Francheville annulé ; « Destination Nature » sur le Grand Parc Miribel Jonage annulé ; disparition des Résidences d’auteur, salon des éditeurs indépendants, et prix littéraire à Grigny ; fermeture de la Maison du Fleuve à Givors.
Si on élargit le spectre, on signalera que la ville de Bordeaux, pour faire face à la réduction des dotations de l’Etat de 13 millions d’euros, a annoncé la baisse de la dotation de l’Opéra, de près d’un million d’euros, et la réduction de 3%, de la subvention aux enseignements artistiques et culturels.

Idem pour le Festival d’Avignon, qui envisage de réduire sa programmation 2015, après le gel des crédits du Ministère de la Culture. Deux effets sont à l’œuvre : la bascule de nombreuses villes de la gauche vers la droite, aux municipales 2014, raison de plus pour réaffirmer les liens indéfectibles, entre la culture et les politiques progressistes, et les conséquences de l’austérité décrétée, sans discernement, à l’égard du monde associatif et des collectivités locales. Sur les 10 milliards de dépense publique annuelle consacrée à la culture en France, l’Etat en verse 3 quand les collectivités, villes en tête, en versent 7 ! Toucher aux budgets des communes, c’est toucher par ricochet, aux politiques de proximité, notamment culturelle.

C’est dans ce contresens historique que les orientations européenne et gouvernementale nous placent : à l’heure où les attentats dramatiques de Paris, mais aussi de Tunis, ont remis la notion du vivre ensemble au cœur du débat, l’austérité frappe de plein fouet la vie culturelle, c’est-à-dire ce qui rapproche les gens, ce qui ouvre l’horizon, ce qui fait tomber les frontières de la méconnaissance et de l’ignorance. L’enjeu de société est évident : non seulement il faut protéger la culture (il y a aussi des hommes, des femmes, des emplois derrière ce mot), mais la France se doit de dessiner et de retrouver une ambition culturelle, à la hauteur de son histoire et de son patrimoine, à la hauteur de l’aménagement de son territoire, et de sa diversité créatrice.

Mais je voudrais parler de ce qui nous tient tous à cœur, la culture vivante, populaire, à Vénissieux. Elle se porte bien. Notre théâtre municipal, qui rayonne au-delà des frontières de notre commune, en est un bel exemple. Bravo à Françoise Pouzache, la directrice, bravo à toute l’équipe, bravo aux services, mais aussi à la formidable synergie, qui s’est installée entre tous nos équipements, bravo pour cette belle réussite. En effet pour la saison passée, la fréquentation a été de plus de 13 000 entrées, c’est-à-dire une augmentation continue depuis 3 ans. Plus de 4 000 élèves de la ville ont eu l’occasion d’assister à un spectacle professionnel, et donc d’éveiller leur sensibilité et leur esprit critique, en rencontrant des œuvres.

Autre point fort de la saison à venir du Théâtre, la Ville continue également de s’engager en faveur de la création contemporaine, en assurant, avec le soutien de l’État et de la Région Rhône-Alpes, la mise en place de résidences d’artistes sur plusieurs années, qui permettent aussi d’aller au plus près des habitants. Le Théâtre de Vénissieux joue le jeu de la prise de risque et du soutien aux artistes régionaux, en accueillant des créations de spectacles. Cette saison, ce sont 8 créations, dont 6 par des compagnies régionales soutenues, qui monteront sur les planches. Trois d’entre elles travaillent avec les Vénissians, les établissements scolaires et les partenaires sociaux de notre ville.

Je crois fermement à cette éducation artistique, que les ateliers de pratique, les rencontres avec les compagnies et les restitutions sur scène, renforcent. En ce moment même, la ville accueille en résidence un plasticien de renommée internationale, Bruce Clarke, montrant combien notre attachement à la démocratisation culturelle n’a pas fléchi. 23 spectacles seront présentés lors de cette saison 2015-2016, pour tous les âges, et 6 spectacles en temps scolaire figurent au menu. Des temps forts autour de l’Espagne, une participation au festival Sens interdits, viendront égayer une programmation déjà riche en promesses et découvertes.

C’est le moment également de remercier tous les partenaires du Théâtre, l’Etat pour son travail en direction des publics et l’accueil d’une compagnie en résidence, la Région, au titre du Label Scène régionale, et la Métropole.

30 ans de rires, de larmes, de surprises, d’interrogations, 30 ans, c’est la fleur de l’âge, alors bon anniversaire à notre théâtre de Vénissieux, et bonne saison 2015-2016 à vous tous. La vie et ses émotions sur un plateau, ça donne toujours envie.

Je vous remercie.

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