Palmes académiques

Vendredi 4 février à 18h00, Lucien Guidoni, Gérard Nesme et Mick Wagner recevaient les palmes académiques. Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle Picard à cette occasion.

Vendredi 4 février à 18h00, Lucien Guidoni, Gérard Nesme et Mick Wagner recevaient les palmes académiques. Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle Picard à cette occasion.

C’est un immense honneur de rendre hommage à ceux qui oeuvrent pour l’école publique, pour l’école laïque, pour l’école de la République. « L’égalité, c’est la loi même du progrès humain », disait Jules Ferry.

Lucien Guidoni, Gérard Nesme, Mick Wagner, vous qui allez recevoir les insignes de chevalier dans l’ordre des palmes académiques, vous êtes venus par d’autres chemins que le corps enseignant défendre notre joyau : l’école, l’enfance, l’éveil. Je tiens à saluer l’engagement, le dévouement et la passion dont vous avez fait preuve. Les palmes académiques sont un juste retour des choses, une décoration méritée que tout le monde partage avec vous.

La transmission des connaissances, l’éveil à des disciplines inconnues, l’apprentissage des règles du vivre ensemble, jouent un rôle essentiel dans la construction, l’épanouissement des enfants. L’école laïque telle que nous la connaissons, et telle que nous la défendons, est un formidable lieu d’échanges : du savoir bien sûr, mais aussi du respect de la différence. Ne la limitons pas à la seule formation aux métiers, ce serait l’appauvrir et la normaliser.

L’école publique, c’est celle qui ouvre sur le monde, c’est celle qui offre des possibles que chacun ira explorer en fonction de sa propre sensibilité. Une école qui libère sans formater, une école qui forme sans cloisonner, c’est elle que nous aimons tous ici, et c’est pour elle que vous avez oeuvré. Jules Ferry, encore lui bien sûr, en avait posé les préambules, je le cite : « Faites de nous des hommes avant d’être des grammairiens ».

Il y a des principes et des piliers intangibles auxquels les politiques nationales ne devraient pas toucher, sous peine de voir s’effondrer non pas l’école mais les fondements de la société, la charpente de notre pacte républicain. On les connaît tous : la justice, la santé, la recherche et bien évidemment l’Éducation nationale. On les connaît tous, on connaît leur rôle structurant et fédérateur dans la longue histoire de notre pays, on connaît leur portée pour proposer un avenir à nos jeunes générations, oui, on connaît tout ça, mais on les attaque ! Frontalement, durement, et j’ai envie de dire dramatiquement, car on parle de l’école publique, on parle de la transmission des connaissances, du savoir, du partage de la mémoire commune. Un enfant privé de son enfance, sans racines, sans ailes, quel homme, quel citoyen deviendra-t-il ?

Oui, je le dis avec sincérité et colère aussi, c’est grave, très grave et insensé d’affaiblir l’Éducation nationale à ce point. 16 000 postes supprimés à la rentrée 2010, personnel et enseignants compris. 16 000 à nouveau pour la rentrée 2011, alors qu’on attend 50 000 élèves supplémentaires. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, l’école publique a perdu 40 000 postes, plus de 60 000 depuis 2003 ! Le dogme a pour nom révision générale des politiques publiques. Ce dogme-là est stupide et dangereux, mais on l’applique méthodiquement, bêtement, sans voir les dégâts qu’il provoque, ou du moins en feignant de ne pas les voir.

Oui, le gouvernement Fillon, et plus généralement les politiques libérales actuelles, mettent en péril notre école publique. Que signifie ce jeu de massacre dans l’Education Nationale ? Pour les technocrates, des économies de bouts de chandelle, des purges réalisées au nom de la rentabilité ! Mais pour les enseignants, ce sont des classes surchargées, des conditions de travail qui se dégradent d’année en année !

Pour les écoliers, ce sont des rythmes d’apprentissage inadaptés, et des inégalités que l’Éducation, faute de moyens, aussi bien humains que financiers, ne parvient à corriger.

Dans la dernière étude triennale publiée par l’OCDE en décembre 2010, les résultats de la France ne sont pas flatteurs : nous sommes sous la barre de la moyenne des 34 pays de l’OCDE en matière d’acquis pour les élèves de 15 ans. Et le verdict, lui, est sans appel : les inégalités scolaires recoupent les inégalités d’origine sociale dans notre pays. Comment voulez-vous corriger ce retour inacceptable au « déterminisme social » en supprimant des milliers de postes, en remettant en cause l’école maternelle dès 2 ans ? Où est l’ambition de l’Etat lorsque l’on touche à la formation des enseignants ? Des jeunes professeurs se sont ainsi retrouvés parachutés devant des classes sans avoir effectué de stages préparatoires.

Où va-t-on lorsque le Ministre de l’Education, Luc Chatel, en appelle à des retraités pour effectuer des remplacements comme ce fut le cas en 2010 ? Comment ne pas voir que les primes au mérite attribuées aux recteurs seront conditionnées par les coupes et postes supprimés qu’ils auront effectué selon les bons vouloir du gouvernement.

A Vénissieux, nous nous opposons à cette politique de la terre brûlée.

Nous maintenons une ATSEM par classe. Nous faisons tout pour améliorer les conditions de travail des enseignants, pour améliorer les conditions d’apprentissage des jeunes Vénissians.

Nous refusons les écoles-ghettos, nous refusons les frontières des discriminations territoriales, culturelles.

Défendre l’école publique et l’éducation des enfants en 2011, n’est-ce pas déjà entrer en résistance ?

Avant de procéder à la remise des décorations, et de passer la parole aux délégués départementaux de l’Éducation nationale, je voudrais vous présenter brièvement les trois récipiendaires de cette cérémonie. Entre parenthèses, trois personnes qu’on ne présente plus ici à Vénissieux…

Mick Wagner

Une passion : la musique, découverte tardivement mais rattrapée très rapidement. Après 20 ans passés à l’Institut Musical de Méthodes Actives de Lyon, elle est recrutée dans notre belle école de Musique Jean Wiener où elle s’occupe des cours d’éveil des 5 et 6 ans et de la direction des trois chœurs : juniors, ados et jeunes. Elle a emmené, entre autres, le chœur des jeunes aux Choralies de Vaison-la-Romaine, avec un vif succès à la clé. Mick Wagner a été médaillée du Mérite Jeunesse et Sport en 2008.

Lucien Guidoni

Elu conseiller municipal de 1977 à 2001. Délégué départemental de l’Education nationale depuis 1996, membre du conseil d’administration des DDEN du Rhône depuis 2007. Oeuvrant pour l’école, mais aussi pour l’histoire et le devoir de mémoire des déportés, internés, résistants et patriotes qui nous ont libéré du nazisme, Vénissieux lui doit beaucoup et lui a fait savoir en lui remettant la médaille de la reconnaissance de la Ville en 2004.

Gérard Nesme

3ème fils d’une famille ouvrière de 7 enfants qui déjà en 1967 dispensait des cours d’alphabétisation tout en poursuivant ses études en comptabilité. Particulièrement investi dans les questions de formation professionnelle et de reconnaissance des qualifications, il a été membre des CA des deux lycées d’enseignement professionnel de Vénissieux. Un parcours de militant syndical fort, qui le fait entrer, en tant que représentant CGT, à la commission paritaire nationale de la formation professionnelle et de l’emploi de la branche des Grands magasins et magasins populaires.

Merci encore à vous trois, pour votre engagement, votre générosité et votre dévouement au service des enfants, de l’école et de notre jeunesse.

Palmes acadGuidoniNesmeWagner04022011

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