Ouverture de la semaine bleue

Aider une personne âgée à descendre du tramway ou un escalier. Porter un sac de courses trop lourd, prendre son bras pour traverser une avenue, l’accompagner dans ses démarches administratives ou autre. Le civisme, c’est l’attention portée à l’autre, surtout si celui-ci marche un peu moins vite que nous, voit un peu moins loin que nous, a besoin de plus de temps que nous.

Vénissieux accorde une place à part entière aux personnes âgées, avec leurs droits et leurs devoirs, et je sais, pour écouter nos aînés, qu’ils pensent bien plus à leurs devoirs qu’à leurs droits. Oui, ils pensent bien plus à leurs enfants, à leurs petits-enfants, qu’à leur situation personnelle. Oui, ils savent faire preuve de générosité, quand tant d’autres se réfugient dans l’égoïsme. Oui, ils croient au lien collectif, qui bâtit, qui rapproche, qui rassemble, quand l’individualisme ronge le lien social. Oui, il y a beaucoup de conseils et de leçons de vie à tirer de nos aînés. Voilà pourquoi je parlais de place centrale, de respect, et voilà aussi pourquoi j’employais le conditionnel.

Car depuis des années, notre société ne répond pas à ses devoirs envers les retraités, envers les jeunes, envers les plus fragiles et les plus démunis. Au sujet des personnes âgées, ces manquements insupportables ne sont pas autre chose qu’une immense ingratitude, car elles ont travaillé toute leur vie, se sont donné sans relâche, ont cotisé, pour ne pas recevoir, à la hauteur de leur mérite, leur dû, tout simplement.

Depuis 30 ans, l’héritage du CNR, et de cette grande vision d’une société solidaire et de répartition des richesses, est attaqué sans vergogne, par les politiques libérales et les grands groupes privés. Ils veulent faire main basse sur nos vies.

L’exemple marquant de cette destruction du modèle français concerne le régime des retraites. Il est le plus criant, il est le plus injuste, le plus insupportable.

Je ne vais pas revenir en détail sur les réformes que vous connaissez tous : celles de la droite de 95, 2003, 2007 et 2010 et, plus près de nous, celle du gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault. Toutes s’inscrivent, à quelques nuances près, dans le même cadre : épargner les revenus du capital et cogner, il n’y a pas d’autre mot, sur les revenus du travail. Allongement de la durée du temps de travail, baisse des pensions, hausse de la TVA sur les mutuelles, augmentation des cotisations des salariés et des retraités, la liste des coups portés est aussi longue qu’injuste.

L’année 2014 n’aura pas dérogé à la règle des mauvaises nouvelles.

La majorité des pensions de retraite est gelée jusqu’en 2015, et il a fallu s’armer de patience, au terme d’interminables tergiversations du gouvernement, pour obtenir un coup de pouce au minimum vieillesse, et un petit geste pour les retraites inférieures à 1 200 euros. Cette prime de 40 euros accordée est plus symbolique qu’efficace, pour le pouvoir d’achat. Entre-temps, n’oublions pas que des retraités modestes sont devenus imposables, alors même que les fins de mois sont devenues impossibles, et que 460 000 retraités passeront du taux réduit au taux normal de CSG, en 2015. Mais ma préoccupation, c’est le quotidien des Vénissians, et le vôtre, celui des retraités de Vénissieux. Je le sais, le résultat des politiques libérales, et de la privatisation rampante de la sécurité sociale, vous plonge dans des difficultés inacceptables ! Rappelons-nous que près d’un million de retraités vit en dessous du seuil de pauvreté, et qu’en un peu plus de dix ans, leur pouvoir d’achat a chuté de 10 à 20% ! Aujourd’hui, 50% des retraités vit avec tout juste le smic, et un million d’entre eux, principalement des femmes, se retrouve avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Comment vit-on avec de telles ressources ? On ne vit pas, on survit. Comment vient-on en aide aux enfants et aux petits-enfants ? Comment se chauffe-t-on l’hiver, alors que près de 55% des ménages touchés par la précarité énergétique, ont plus de 60 ans ? Comment faire face au coût de la vie, aux soins qui n’en finissent pas d’augmenter ?

La question de la dignité croise forcément, un jour ou l’autre, la question de la volonté politique et citoyenne. Veut-on accepter le fait établi ? Non.

Veut-on s’en accommoder, en fermant les yeux sur la réalité ? Ma réponse, là encore, est Non. Veut-on accepter que chaque génération vive moins bien que la précédente, que le quotidien des retraités soit de plus en plus difficile ? Etre Vénissian, c’est être solidaire, c’est se battre contre les injustices, et pour le vivre ensemble, c’est tendre des passerelles entre les générations, car nous avons besoin de l’énergie de la jeunesse, et de la sagesse de nos aînés.

Les politiques à l’égard du 3ème âge que Vénissieux défend et met en œuvre, visent à fédérer, à rassembler, à accorder une place à chacun, dans la vie sociale, culturelle, associative de notre commune. Nous y sommes très attachés. Sous le joug du libéralisme et du profit immédiat, Vénissieux résiste.

Avec 3 millions d’euros de notre budget pour le 3ème âge, nous nous sommes donné les moyens d’agir, et d’accompagner les personnes âgées au quotidien. Il y a bien sûr nos deux résidences Henri-Raynaud et Ludovic-Bonin, qui font, aujourd’hui même, l’objet de travaux de rénovation et de maintenance. Il y a la restauration, les restaurants Bonin, Raynaud, mais aussi du Moulin-à-Vent, ouverts aux résidents, mais aussi à toute personne âgée. La participation au Moulin-à-Vent est d’ailleurs en nette progression.

Les deux EHPAD, la Solidage et les Tulipiers, répondent à des enjeux sanitaires, que notre ville a pris en compte et anticipés. Les Tulipiers, qui a ouvert ses portes, offre 84 places d’hébergement, dont 14 places d’accueil Alzheimer.

L’autonomie de la personne âgée est l’un des piliers fondateurs de notre politique.

En 2013, 223 personnes ont bénéficié d’aides à domicile. 114 personnes profitent du portage de repas. Le nombre de repas livrés est en forte augmentation : plus de 16 000 en 2010, plus de 24 500 en 2013, et près de 14 000 déjà, pour la seule période de janvier à juillet 2014.

16 personnes sont inscrites à l’accueil de jour, et 77 patients ont bénéficié, depuis le début de l’année, de soins infirmiers à domicile.

Une dimension supplémentaire me tient à cœur. Je ne considère pas les retraités et personnes âgées comme une catégorie de la population, je les considère comme des acteurs de la vie de notre commune, comme des Vénissians à part entière, au même titre que tous les autres.

Le temps de la retraite, c’est aussi le temps des curiosités, d’un épanouissement, que l’on n’a pas eu le temps d’assouvir dans les périodes d’activités. Je vous informe déjà que le projet « Lecture pour tous », en partenariat avec la Médiathèque, est finalisé. Il permettra l’accès à la lecture, par le portage de livres à domicile. L’Office Municipal des Retraites remplit parfaitement son rôle, en animant, en proposant des activités ou des sorties. La ville verse 30 000 euros de subvention pour le secteur animations, met à disposition les Foyers du temps libre, ainsi que des animateurs et un directeur. Fruit d’un travail partenarial avec d’autres services, comme les Ateliers Santé Ville, et bien sûr, avec le renfort du service animation 3ème âge, des animations en direction des résidents sont organisées, 4 jours par semaine.

Nos équipements publics culturels (notre cinéma, le théâtre, la médiathèque, les ateliers d’arts plastiques, l’école de musique), nos équipements sportifs, vous permettent d’accéder à des prix préférentiels aux passions qui vous animent. Les conseils de quartier s’inscrivent, aussi, dans cette dynamique d’appartenance à une ville que l’on partage en commun. Je sais que les personnes âgées sont sensibles au développement et à l’essor de Vénissieux, et nous avons besoin de vos avis, de vos réflexions, de vos suggestions.

Pour finir cette intervention, j’ai envie de vous dire : oui, ils sont beaux, ils sont utiles, ils sont essentiels nos services publics de proximité. Les politiques d’austérité, que le gouvernement impose désormais aux collectivités, constituent un vrai péril.

Rendez-vous compte, d’ici à 2017, le budget de la ville de Vénissieux perdra ainsi, près de 7 millions d’euros. Ce n’est pas une mince affaire. Alors oui, mobilisons-nous pour défendre l’idée forte d’une ville, qui associe au lieu de diviser, qui tend des passerelles entre les générations, qui tend la main à ses aînés, comme à tous les Vénissians.

Je vous souhaite, à toutes et à tous, une très belle semaine bleue.

Je vous remercie.

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