Intervention de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, à l’occasion de la Journée vénissiane des métiers et de l’emploi à destination. L’occasion de rappeler l’importance de la prise en compte, de l’écoute des jeunes et de l’accompagnement de la jeunesse.
Une société qui ferme ses portes à sa jeunesse gage son avenir. Elle le gage et elle le compromet. Notre responsabilité est multiple.
La première est de nous mettre à la place des 15-25 ans, de comprendre le monde anxiogène et pour le moins compliqué dans lequel ils évoluent. Avoir 20 ans aujourd’hui n’est pas facile. Il faut pourtant se projeter, malgré les crises, le réchauffement climatique, les guerres.
Si l’on ne comprend pas cet environnement, on ne comprend pas notre jeunesse. Si l’on ne mesure pas combien la pandémie du Covid-19 et l’hyperinflation qui a suivi ont profondément touché les 15-25 ans, on ne se met pas à leur place. Isolement, arrêt des cursus, pertes de petits boulots, le monde s’est fermé à nouveau, violemment, brutalement.
Je ne dis pas ça pour déresponsabiliser les jeunes, mais pour illustrer les difficultés qu’ils rencontrent en matière de logement, de santé, d’emploi, de formation. Pour rappeler quelques vérités. Par moments, ils ont l’impression d’être face à un mur et c’est à nous de les aider à le gravir.
Accompagner, informer, orienter, mettre le pied à l’étrier avec les formations, les alternances, nos clauses d’insertion.
Faire émerger des pôles d’activités, lisibles, identifiés, comme c’est le cas avec l’Afpa, la Maison Métropolitaine de l’Insertion et de l’Emploi de Vénissieux, Manu Village, ou encore le Certa, la Mission locale, autant de leviers que nous actionnons avec l’ensemble de nos partenaires.
Et puis surtout, et je crois que c’est essentiel, il s’agit de rapprocher le monde économique du bassin d’emplois vénissian, dont les jeunes bien sûr, mais aussi les publics dits éloignés, de favoriser la découverte entre le monde du travail, les chefs d’entreprise et les 15-25 ans.
Il faut apprendre à se connaître car la jeunesse est là aussi pour bousculer nos habitudes, pour innover, apporter une nouvelle énergie, et nos quartiers populaires regorgent de potentiels et de jeunes qui font preuve d’audace, d’abnégation, d’originalité et de talents.
Je voudrais donc remercier tous nos partenaires institutionnels, socio-professionnels et de l’emploi, ainsi que les membres du comité de pilotage des Journées Vénissianes (France Travail, Mission Locale, Alysé, la MMIE).
Saluer l’engagement et la mobilisation des entreprises ici présentes, qui montrent leur attachement à Vénissieux et aux Vénissians, leur ancrage physique et civique à un territoire.
Que ce soit dans la participation à cette Journée des métiers ou dans l’adhésion à notre charte de coopération, lancée il y a dix ans, qui compte désormais 143 entreprises.
Et puis tous les services de notre ville mobilisés, au premier rang desquels notre service économie qui accomplit un travail de terrain auprès des jeunes et d’accompagnement auprès des entreprises en tout point remarquable.
Je tiens à les féliciter car les conditions sont difficiles avec un chômage endémique, un taux de chômage des jeunes très élevé dans les quartiers populaires et des décrochages scolaires encore bien trop nombreux.
Notre service montre l’exemple dans sa détermination à innover, à accompagner, à aller chercher les publics éloignés de l’emploi, en un mot, à ne rien lâcher !
C’est la 16ème édition de notre Journée Vénissiane des Métiers et de l’Emploi. Entreprises, organismes de formation et partenaires de l’emploi ont fait de ce rendez-vous un moment attendu par les Vénissians pour découvrir les métiers, les secteurs d’activité et postuler aux offres d’emploi disponibles.
L’année dernière, la fréquentation de la Journée a atteint le nombre élevé et impressionnant de 1060 participants.
Organisée autour de six pôles (Industrie/Transport Logistique ; BTP/Fonction publique ; Commerces ; Energie/environnement/communication ; Point Information), notre manifestation accueille 63 exposants, entreprises, organismes de formation et partenaires.
Je souligne que parmi les 48 entreprises présentes, 20 sont nouvelles et 21 sont signataires de notre charte de coopération.
A ce panel fourni, viennent s’ajouter deux nouveaux organismes de formation (Campus Promotrans, Drop Academy), deux nouveaux partenaires (ADIE et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat) et aussi la ville de Vénissieux en tant qu’employeur.
Le temps fort cette année met à l’honneur trois entreprises de Vénissieux qui ont signé respectivement la charte de coopération et la charte des 1000 entreprises de la Métropole. 26 entreprises vénissianes ont intégré ces deux chartes.
Cette démarche illustre l’engagement du monde économique et la volonté partagée de notre ville et de la Métropole, à l’image de la MMIE, de mobiliser les entreprises au service d’un territoire plus solidaire.
Dans les deux chartes, il s’agit de développer des actions qui favorisent la mise à l’emploi des plus fragiles : chômeurs de longue durée, bénéficiaires du RSA, jeunes issus des quartiers prioritaires.
C’est un travail de terrain et de tous les jours que nous menons ici à Vénissieux. Quelques chiffres de notre service économie donnent une idée de notre engagement en faveur des jeunes notamment.
En 2023 : 2000 contacts directs, et plus de 220 personnes suivies par notre chargé de mission ; 40 contrats en alternance, 50 retours à l’emploi, 32 accès à la formation, 108 accès au stage.
Dans notre MMIE de Vénissieux, de mars à décembre 2023, nous avons recensé 700 passages, dont 57% de demandeurs d’emploi et 30% de 18-35 ans.
Plus de 23000 heures pour le marché de l’insertion, et près de 13500 heures pour les clauses d’insertion, nous avons mis le développement urbain de notre ville au service de l’insertion, de la formation, de l’emploi des Vénissians.
Cette démarche est à l’œuvre également dans notre labellisation Cité de l’emploi avec des formations linguistiques et des accompagnements pour favoriser le retour à l’emploi.
Dans le cadre des clauses d’insertion, 64% des personnes ont poursuivi leur mission et 10% ont décroché des contrats en CDD ou CDI.
Bien sûr, on aimerait plus de CDD, plus de CDI, mais le travail que nous avons engagé montre qu’on peut remettre un public dit éloigné sur les rails de la formation ou de l’emploi.
Je crois que chacun ici connaît l’ampleur de la tâche. Les dernières mesures prises par le gouvernement Bayrou dans le cadre de la réduction des déficits publics ne favorisent pas l’emploi des jeunes.
Le ministère du Travail a annoncé le 30 décembre dernier que les aides à l’embauche d’apprentis seraient revues à la baisse pour l’année 2025, en fonction de la taille de l’entreprise.
Le gouvernement a également fermé brutalement le financement des contrats aidés, décision qui met en péril les associations et pénalise les collectivités locales.
Nous faisons face à des vents contraires, mais je continue de croire à l’équation « éducation, formation, insertion, emploi », je continue de dire qu’il faut mettre l’accent sur l’enseignement professionnel, qui est tout sauf une voie de garage, et je continue d’observer dans notre ville une solidarité et une responsabilité accrue de tous les acteurs de terrain, des entreprises à l’ensemble de tous nos partenaires.
Cette combativité est notre force.
Je vous remercie.