Inauguration de la résidence « Ambroise Croizat II »

Michèle Picard, accompagnée d’Evelyne Ebersviller, présidente de la Sacoviv, ont inauguré la résidence « Ambroise Croizat II », premier ensemble de logements locatifs sociaux du Rhône certifiés Bâtiment Basse Consommation, situé 23 rue Jules Ferry à Vénissieux. Ci-après, l’intervention de Michèle Picard.

Le 21 mai 2010

Michèle Picard, accompagnée d’Evelyne Ebersviller, présidente de la Sacoviv, ont inauguré la résidence « Ambroise Croizat II », premier ensemble de logements locatifs sociaux du Rhône certifiés Bâtiment Basse Consommation, situé 23 rue Jules Ferry à Vénissieux. Ci-après, l’intervention de Michèle Picard.

Ambroise Croizat II n’est pas un point d’arrivée, mais une nouvelle étape (très belle étape même) de la politique de logement social menée par les équipes municipales de Vénissieux.

Ce n’est pas un phare isolé dans un quartier bien localisé, mais un écho supplémentaire à tout ce qui s’est construit et continue de se construire dans notre ville : l’îlot du Ceriser, les maisons de ville de la Darnaise, de nouveaux logements sur le haut de Démocratie, avenue d’Oschatz, quartier Monmousseau, l’opération Vénissy.

1 : Vénissieux a retrouvé une véritable attractivité immobilière, et c’est une nouvelle qui change tout.

2 : au cœur de cette renaissance, le logement social occupe une place centrale autour de laquelle gravitent différentes formes de parcours résidentiels, du logement locatif à l’accès à la propriété. Les vénissians ne sont plus obligés de quitter leur ville pour aller chercher un logement plus grand ailleurs.

3 : le renouvellement urbain touche l’ensemble de la ville et renforce la mixité sociale.

Quand j’emploie ce terme très à la mode, je lui donne un sens politique : la mixité sociale, ça ne se décrète pas, mais ça se déploie en trouvant en bas de son logement tout ce qu’ici on défend : la présence des services publics, de crèches, de la culture, du sport, du droit à la tranquillité, d’un cadre de vie à la hauteur des exigences de ses habitants…

La rénovation urbaine est une pierre de base, tout le monde en conviendra, mais c’est tout ce qui l’entoure qui la rendra durable, vivable.

C’est dans ce bref historique que j’ai voulu situer l’inauguration d’Ambroise Croizat II.

Avec cette construction, la SACOVIV, qui a investi 3,8 millions d’euros, et ses partenaires, le Grand Lyon, la Région, l’ADEME et la Ville, ont fait sortir de terre 30 logements locatifs sociaux.

Le label Qualité Bâtiment Basse Consommation est une première en région Rhône-Alpes pour du logement locatif. Félicitations au maître d’œuvre, la SACOVIV, qui a su remplir les critères techniques (conforts acoustique et thermique, gestion de l’énergie) et décroché le label Haute Qualité Environnementale.

Ce point précis m’inspire cependant deux réflexions : la première est de mettre en œuvre une véritable politique énergétique sociale, indissociable du logement locatif et d’un Grenelle de l’environnement qui n’intègre pas assez, voire pas tout, cette dimension première.

C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de reconstruire la chaufferie bois, et c’est la raison pour laquelle le Grenelle de l’Environnement se doit de dépasser le cadre strict des normes techniques, sans quoi il ne serait alors qu’affaire de marché, plus juteux pour les entreprises qu’efficace pour nos concitoyens.

On est en droit aussi de s’interroger sur la prise en charge des financements que les nouvelles normes du Grenelle vont nous imposer dès 2013. A titre d’exemple, ce qui a été possible pour les logements Ambroise Croizat ne l’a pas été pour le programme du groupe scolaire Joliot Curie, non pas par absence de volonté mais parce que nos budgets ne sont pas extensibles à souhait.

Le Grenelle d’accord, mais qui va payer le surcoût de 10 à 15% qu’il va générer pour chaque projet. La question mérite d’être posée car les villes ne pourront pas se substituer éternellement aux désengagements de l’Etat.

Je ferme la parenthèse environnementale, même si la question du logement social est la pointe d’une pyramide qui contient de nombreux autres éléments : l’emploi, la précarité énergétique, etc. Mais il y a une chose dont je suis sûre : on ne peut plus, du moins l’Etat ne peut plus continuer comme ça en matière de logement social.

La Ville de Vénissieux en a fait une priorité quand d’autres préfèrent s’affranchir de la loi SRU. C’est un premier constat, et il est utile de le rappeler de temps en temps.

Mais la question du logement social, aujourd’hui en 2010, a largement dépassé le cadre des entorses au règlement.

C’est devenu une urgence capitale, et l’Etat aurait dû le décréter « chantier national » depuis longtemps.

Au lieu de quoi, la spéculation continue de régner en maître !

Au lieu de quoi, le solde négatif de constructions en 2008-2009 a été de 150 000 logements sociaux, portant le déficit cumulé, depuis 25 ans, à 900 000 !

Au lieu de quoi, le gouvernement Fillon a programmé la vente au privé de 10% du Parc HLM, a amorcé son désengagement de l’ANRU et laisse planer le doute sur l’élaboration d’un ANRU II, pourtant nécessaire.

Au lieu de quoi, l’Etat fait main basse sur le 1% et annonce une baisse de 70 millions de l’aide à la pierre.

Au lieu de quoi, les effets de la loi Boutin continuent de fragiliser de plus en plus de familles. Ce n’est même plus l’immobilisme qui prévaut, c’est le cynisme. Et pendant que l’impuissance feinte des pouvoirs publics continue, la précarité, bien réelle celle-là, s’implante partout : 100 000 personnes sans domicile fixe, 3,5 millions non ou mal logés, 1 français sur 6 en situation de réelle fragilité, 16 000 enfants sans toit, 1,8 millions de demandeurs de logements HLM.

Je pose une question simple : on s’arrête où ?

Une 2ème me vient à l’esprit : en quoi les 11 300 expulsions réalisées par an, chiffre qui a doublé en l’espace de 12 ans, apportent-elles une réponse, aussi inhumaine que lâche et indigne, à la situation d’extrême urgence qui est la nôtre ?

Que veut-on construire, et pire, qu’est-on en train de construire pour ces familles jetées à la rue ? Du sous-logement dans des conditions d’insalubrité et de sécurité ignobles, de l’errance urbaine, des favellas de la honte le long des périphériques ?

Vous l’aurez compris, la question du logement social provoque chez moi une colère sourde, une colère saine aussi, je le crois sincèrement.

Ambroise Croizat II en est en quelque sorte la matérialisation. Le fait d’être maire d’une ville qui a fait du logement social une priorité depuis de longues années me donne des raisons d’espérer. Mais elle ne me fait pas croire que les communes pourront porter toutes seules (ou presque) cet enjeu de société majeur.

La réponse sera collective ou ne sera pas. Des règles, au premier rang desquelles la spéculation immobilière, vont devoir changer.

Le cadre législatif, les pouvoirs publics, les collectivités doivent reprendre la main sur un droit constitutionnel, le droit au logement, à travers par exemple la mise en place d’un grand service public du logement, d’un vaste plan de constructions de logements à loyers modérés, d’un moratoire sur le prix des loyers, de l’augmentation des APL, de l’interdiction des expulsions, etc !

Il existe des solutions, plus qu’on ne croit, ne les laissons pas passer faute de volonté.

Je vous remercie.

inauguration résidence Ambroise Croizat II210510

X