HORS CADRE, rencontres Cinéma et littérature

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’inauguration de HORS CADRE, rencontres Cinéma et littérature, le 13 avril 2011

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion de l’inauguration de HORS CADRE, rencontres Cinéma et littérature, le 13 avril 2011

2ème édition des rencontres Hors Cadre où, à nouveau, cinéma et littérature se fondent dans un même plan. 2ème édition sur 5 jours cette année, contre trois l’année dernière, qui illustre le dynamisme culturel de notre ville. 2ème édition d’un projet qui s’affirme et qui confirme les liens forts, fructueux et indéfectibles entre la municipalité et l’Espace Pandora ; des compétences de notre cinéma Gérard Philipe et de l’association mises en commun pour créer cette manifestation originale.

Enfin, comment ne pas profiter de ce moment pour rappeler la vitalité de notre cinéma Gérard Philipe, dont la fréquentation a doublé depuis sa réouverture en avril 2009, passant de 40 000 entrées à 80 000 cette année, preuve supplémentaire que la volonté de ne pas céder sur le terrain de la culture populaire porte ses fruits. Les salles sont magnifiques, modernes, confortables : elles bénéficient d’un matériel de pointe, high tech comme on dit, auquel viendront s’ajouter dans peu de temps deux nouveaux projecteurs numériques pour les salles 2 et 3.

Ce lieu appartient au patrimoine des Vénissians et il est devenu un lieu phare, un lieu de ralliement sur le plateau des Minguettes qui fait plaisir à voir. Culture pour tous et art populaire, deux piliers que la société de loisirs et de consommation a fragilisés. Le cinéma a toujours été une industrie, veillons aussi à ce qu’il reste un art de fabriquer autrement, le regard que nous portons sur le monde.

Veillons à ce qu’il interroge, à ce qu’il ouvre sur d’autres cultures, sur d’autres humanités, veillons à ce qu’il diffère et qu’il surprenne. Trop de formatage, trop de logique marketing tuent le cinéma, tuent son caractère d’aiguillon de la curiosité et sa diversité. Art populaire par définition, le 7ème art n’est pas l’art de la normalisation du regard, de la normalisation des moyens de production et de fabrication, ce n’est pas une marchandise quelconque : c’est la raison pour laquelle je me félicite de la programmation art et essai du cinéma Gérard Philipe. Le siècle dans lequel nous vivons est un siècle d’images, mais aussi d’écrans et de flux, flux du numérique et flux de l’instantané, du vite vu, vite consommé.

Que l’image et l’écrit se rencontrent, à travers la 2ème édition de Hors Cadre, me paraît vital, mais également pédagogique. Apprendre à lire une image, c’est aussi mettre des mots sur la composition d’un plan, sur le sens des raccords, sur le pourquoi d’un fondu-enchaîné. Décrypter, échanger entre deux formes, le cinéma et la littérature, deux formes à la fois proches et éloignées : c’est le riche programme qui nous est promis, fait de rencontres, de découvertes, entre les écrivains, réalisateurs, journalistes et documentaristes qui ont répondu présent à cette deuxième édition de Hors Cadre.

La programmation est riche, diversifiée et fait place cette année à un beau personnage de cinéma, Fantômas, qui a nourri l’imaginaire et les interrogations de notre génération. Celui qu’on surnommait « Génie du crime », créé par Marcel Allain et Pierre Souvestre, fête ses 100 ans cette année. C’est un vrai personnage de cinéma, fantomatique, obscur, insaisissable, aux multiples facettes et identités, personnage complexe auquel Jean Marais a prêté son élégance, un personnage que les jeunes générations découvriront peut-être à l’occasion de ces rencontres.

Un mot pour finir sur la nécessité, pour chaque acteur, chaque spectateur, de défendre un monde de la création pris entre le marteau et l’enclume, un monde de la création en danger. D’une part, une politique nationale et gouvernementale sans ambition, qui grève le budget de la culture (moins d’un 1% du budget national !), qui étrangle les DRAC et étouffe les collectivités territoriales, lesquelles, il faut le rappeler, sont les principaux soutiens de la création culturelle.

De l’autre, l’empire de la culture marchande, du loisir de consommation, des grandes majors et des grands groupes de communication pour lesquels l’originalité et la singularité de la création importent moins que le chiffre d’affaires et les recettes des produits dérivés. Au final, c’est le monde du cinéma, du spectacle vivant, de l’écriture, des intermittents qui traverse une période compliquée, inquiétante et injustifiable.

Je vous souhaite une belle 2ème édition de Hors Cadre et vous remercie.

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