Femmes et santé : une histoire d’inégalités 

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Métropole de Lyon propose une série d’initiatives. Dans ce cadre, des conférences sont organisées en partenariat avec le magazine Femmes Ici et Ailleurs. Des temps de sensibilisation et de réflexion, autour de l’égalité Femmes-Hommes  ouverts aux habitantes et habitants de l’agglomération lyonnaise. Vendredi en fin de journée, la première conférence « Femmes et santé : une histoire d’inégalités » accueillait Murielle Salle, historienne, maîtresse de conférences et co-responsable de la Mission Egalités à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon. Ci-après l’introduction de Michèle Picard lors de cette soirée d’échanges autour de la santé au féminin.

Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour cette première conférence « grand public » sur le thème de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Je veux remercier Murielle Salle pour sa présence, ainsi que le magazine Femmes Ici et Ailleurs pour nous avoir accompagné dans l‘organisation de ce cycle de conférences depuis le début de la semaine.

  • certaines conférences dédiées uniquement à nos agents
  • d’autres, comme celle-ci, ouverte à tous.

Notre objectif est d’offrir des temps de sensibilisation et de réflexion autour de cette question de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Nous aborderons donc ce soir la question de la Santé des Femmes.

Quand nous avons commencé à réfléchir à ce cycle de conférences, il nous a semblé évident très rapidement, que nous devions programmer une conférence sur le thème de la santé et de la santé des femmes en particulier.

La Santé, et celle des femmes, est en effet une mission essentielle de la Métropole de Lyon :

  • à travers par exemple la Protection Maternelle et Infantile (PMI) dont nous avons la charge et qui regroupe plus de 400 professionnels dans nos services (médecins, sages-femmes, infirmières-puéricultrices, auxiliaires de puériculture, conseillers conjugaux et familiaux,…) et qui accompagnent les familles, les futurs et jeunes parents, les très jeunes enfants…
  • De même nous pilotons un certain nombre de centres de planification familiale sur le territoire métropolitain avec des professionnels mobilisés sur les questions de vie affective et sexuelle, de contraception, d’IVG, etc.

La santé est donc un sujet important pour notre collectivité.

Ensuite, ce sujet me semblait important parce que lorsqu’on aborde la question de la santé et des femmes, on en revient très vite à aborder la question du corps des femmes, intimement liée au libre choix d’en disposer.

On sait combien l’accès à la santé, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive, est un enjeu vital pour encore de trop nombreuses femmes à travers le monde. L’OMS annonçait le chiffre de 300 000 femmes décédées en 2015 en lien avec la grossesse ou l’accouchement dans le monde dans les pays dits « en développement ». La plupart de ces décès maternels auraient pu être évités si toutes ces femmes avaient pu bénéficier d’un accompagnement médical et de soins d’urgence : mais ces soins ont été malheureusement été impossible pour des raisons d’ordres économiques et sociaux mais aussi pour des raisons culturelles, avec des femmes souvent à la merci des décisions masculines ou familiales, sans réel pouvoir de décision individuel sur leur propre vie.

En France, le droit à la contraception, à l’avortement, ont été des droits conquis de haute lutte par des femmes déterminées dans une société largement dirigée par les hommes.

Quand on aborde le thème de la Santé on aborde donc nécessairement la question des droits. Et si la création de la sécurité sociale, des lois Neuwirth et Veil ont fait progresser les droits des femmes en France en matière de Santé, permettant d’éviter nombre de situations dramatiques liées aux grossesses non désirées, aux avortements illégaux, aux renoncements aux soins faute de moyens… il reste me semble-t-il encore bien des inégalités en matière de santé et d’accès aux soins en France pour les femmes.

Certaines pathologies féminines sont sous-estimées ou ignorées : c’est le cas par exemple de l’endométriose, des risques cardiovasculaires, des troubles dépressifs, sans oublier l’omerta sur les violences conjugales et l’emprise qui ont bien évidemment des conséquences sur la santé des victimes, en très grande majorité des femmes.

Enfin, en matière d’inégalités face aux soins, je suis très sensible à la question du renoncement aux soins des femmes, et en particulier des plus précaires. On estime que 64% des personnes qui ont renoncé à des soins sont des femmes. Les femmes font en effet bien souvent passer la santé de leur famille, de leurs enfants avant la leur.

Et ce sont les femmes les plus fragiles, qui manquent de moyens financiers et/ou de temps (je pense aux cheffes de familles monoparentales notamment,) qui subissent le plus ce recours tardif et compliqué aux professionnels de santé. Ce sont elles qui sont le moins suivi au niveau gynécologique, qui ont le moins recours à la contraception et aux dépistages du cancer du sein, ce sont ces femmes qui décèdent le plus de maladies cérébro-cardiovasculaires…

On note aussi depuis une quinzaine d’année que les maladies professionnelles, les accidents de travail et de trajet sont en forte hausse chez les femmes, en particulier dans les secteurs à forte précarité (santé, nettoyage, travail temporaire : augmentation de 81% depuis 2001).

Au-delà de ces faits qui interpellent évidemment, d’autres questions se posent également : est-ce que l’on soigne différemment aujourd’hui les femmes et les hommes ? Est-ce qu’il faut tenir ou non compte du sexe et du genre dans la façon de soigner ?

Cette conférence permettra certainement d’avoir des premières clés de réflexion sur cette influence du sexe et du genre sur la Santé, mais aussi sur l’influence des représentations sociales, voire des stéréotypes qui y sont liés.

C’est évidemment un vaste sujet d’étude et l’objet de vos travaux Murielle Salle. Il est donc intéressant de pouvoir vous entendre ce soir sur cette thématique très riche.

Je vous remercie.

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