Expulsion : une action récursoire possible contre la Ville Vénissieux

Le 5 mai 2010

Dans un courrier du 22 avril, Le Préfet de Région, Jacques Gerault, informait Michèle Picard des sanctions encourues par la ville de Vénissieux, du fait de sa présence sur les lieux d’une expulsion, le 14 avril dernier, sur la commune.

Le 5 mai 2010

Dans un courrier du 22 avril, Le Préfet de Région, Jacques Gerault, informait Michèle Picard des sanctions encourues par la ville de Vénissieux, du fait de sa présence sur les lieux d’une expulsion, le 14 avril dernier, sur la commune.

Le 04 mai 2010

Monsieur le Préfet,

Le 22 avril, vous m’informiez des sanctions encourues par ma présence sur les lieux d’une expulsion, le 14 avril dernier au matin.

Alors que le droit au logement est inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946, et que l’Etat en est le garant, 10,1 millions de personnes sont aujourd’hui confrontées à la crise du logement (1 français sur 6) dont 3,5 millions très mal logées, voire sans abri. Entre 1999 et 2009, les collectivités territoriales ont dû multiplier par quatre les efforts financiers pour la construction de logements sociaux pendant que l’Etat les divisait par deux.

Des millions de personnes, faute de ressources suffisantes, sont privées des droits les plus élémentaires. La pauvreté qui ne cesse de s’aggraver est devenue une urgence nationale. Il en va de la responsabilité de l’Etat de répondre à cette mise en danger des personnes, d’autant plus qu’on estime à 1,4 million le nombre de personnes en situation de précarité.

Pour que vous mesuriez combien la situation sociale de la 3ème ville du département est gravissime, je citerai quelques chiffres : plus de 27% de la population vénissiane vit en dessous du seuil de pauvreté, soit le double de la moyenne nationale ; en 2009, ce sont 5211 personnes qui ont été aidées par les Restos du cœur, soit près de 10% de la population, sans parler des autres associations caritatives présentes sur la commune ; les salaires des Vénissians sont inférieurs de 21% au salaire moyen départemental. C’est à cette réalité que mes services font face chaque jour. Ils fournissent un travail social considérable d’aide, de conseil et d’assistance. Je suis indignée de la mise en doute et de la non-reconnaissance de tout ce qui est fait sur la ville pour trouver des solutions humaines et dignes.

J’ai aussi été très surprise par les propos de votre courrier. Mon arrêté visant à interdire les expulsions locatives sur le territoire de la commune de Vénissieux était toujours exécutable à 8 heures du matin le 14 avril. D’ailleurs, j’estime que le fait d’empêcher une expulsion peut encore permettre de relancer la négociation avec le bailleur, comme ce fut le cas avec le dossier cité.

Enfin, je considère qu’il est de mon devoir d’élue de porter aide et assistance à mes concitoyens. Je continuerai donc à me battre, comme le font de plus en plus de maires, pour plus de justice et de respect de la dignité humaine.

Afin d’évoquer la situation sociale de Vénissieux, je souhaite vous rencontrer avec le député de notre circonscription, André Gerin.

A cet effet, mon assistante, se rapprochera de votre cabinet dans quelques jours.

Dans l’attente de notre prochaine rencontre,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de ma haute considération.

Michèle PICARD

prefet expulsion du 140410

rep prefet expulsions14avril 040510

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