Le 31 mars marque la fin de la trêve hivernale et avec elle, la reprise des expulsions locatives, des pratiques indignes de notre siècle. La politique de régression sociale orchestrée par le tandem Macron-Philippe va de nouveau frapper les plus démunis.
Partout en France, la pauvreté se durcit :
- 9 millions de nos concitoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté,
- 15 millions de Français sont touchées par la crise du logement,
- 6 millions de ménages souffrent de précarité énergétique.
Pour des milliers de foyers, se nourrir, se loger, se soigner ou se chauffer est devenu impossible. Partout en France, des hommes, des femmes, des enfants, des retraités, sont privés des droits les plus fondamentaux. Vénissieux, comme toutes les villes populaires, est directement impactée. En 2016, près de 30 % de la population vénissiane vivait en dessous du seuil de pauvreté. En 2017, près de 18 500 personnes ont sollicité le service social de la ville, toutes demandes confondues. L’an dernier 280 ménages ont fait l’objet d’une coupure ou d’une mesure de maintien minimal d’énergie.
L’Etat n’est pas à la hauteur de ses missions régaliennes, il ne remplit pas son rôle de sûreté d’emploi, de logement, d’accès aux soins, à l’éducation. Il se désengage du logement social. La construction de 150 000 logements sociaux annoncée n’a jamais été respectée
La baisse des APL compensée par les bailleurs sociaux. Une attaque sans précédent contre le modèle économique du logement social, pilier fondamental de notre pacte républicain. Cette mesure réduira les capacités de construction et de réhabilitation de logements sociaux pour les bailleurs. Pour les 11 millions de locataires du parc social, c’est le budget consacré à l’entretien des logements et à l’accompagnement des publics les plus fragiles qui sera remis en cause. Au final, ce sont les locataires et les demandeurs de logements sociaux qui seront pénalisés.
Dans le même temps, la future « loi logement » va restructurer les offices HLM à grands coups de hache. Des centaines de bailleurs sociaux seront en péril et devront fusionner ou être vendus au plus offrant. Le logement est un droit ! En juillet dernier, Emmanuel Macron en avait pourtant fait la promesse : « Plus personne à la rue avant fin 2017 ». Qu’en est-il aujourd’hui :
- Près d’un million de personnes sont privées de logement personnel,
- 143 000 sont sans toit, parmi eux, 31 000 enfants.
L’Etat doit prendre ses responsabilités et assurer à tous les citoyens les droits fondamentaux inscrits dans la Constitution qui leur sont dus : droit au logement, à la santé, à l’emploi, à l’éducation. Alors même que la crise du logement explose, les procédures d’expulsion continuent. En 15 ans, le nombre d’expulsions locatives avec concours de la force publique a augmenté de 140 %.
A Vénissieux en 2017, 98 concours à la force publique ont été demandés, 64 expulsions ont été programmées. La qualité du travail réalisé, en amont, par la Ville et les partenaires sociaux, a permis de limiter les expulsions. Ce travail social est indispensable, mais dans certains cas, il ne suffit plus. L’an dernier : 26 expulsions ont été effectuées avec le concours de la force publique, 19 ménages sont partis avant l’expulsion, par peur et par pression. Que deviennent ces familles ? Qui s’en soucie ? Derrière les expulsions, saisies et coupures d’énergies, la survie de millions d’hommes, de femmes, d’enfants. Des procédures injustes et inhumaines. Des familles avec enfants jetés à la rue sans perspective de relogement.
Mes arrêtés : Un acte de désobéissance nécessaire pour refuser l’intolérable
- Parce qu’il est temps de mettre un terme à ces pratiques qui portent atteinte à la dignité humaine.
- Parce que l’expulsion ne fait qu’aggraver des situations déjà difficiles.
- Parce que face à l’innommable, il faut savoir dire stop.
Si je prends des arrêtés interdisant les expulsions sans relogement, les saisies mobilières et les coupures d’énergie et d’eau, C’est pour prévenir les situations qui peuvent dégénérer. En tant que maire, il est de ma responsabilité de protéger la population et de prévenir les risques en matière de sécurité.
La misère, la précarité, ne doivent rien au hasard, elles sont la conséquence de choix politiques. Ce sont bien des choix politiques qui nous conduisent là où nous en sommes. Des salaires qui ne permettent pas de vivre dignement. La casse de nos entreprises et de nos emplois. Une crise du logement endémique et des loyers trop chers.
Lutter contre les expulsions, c’est lutter pour le droit au logement avec la mise en place d’un véritable service public du logement, la construction de logements sociaux en nombre suffisant, le renforcem l’aide à la pierre.
C’est se battre pour le droit de vivre dignement.