Conseil municipal – SACOVIV

A l’image des SEM et des bailleurs sociaux en France, la Sacoviv connaît des difficultés que personne ne nie. Elles sont de plusieurs ordres, et méritent des réponses appropriées. Bon nombre de préconisations de la Chambre régionale des comptes ont déjà été mises en place. En termes de management, des décisions fermes ont été prises, et le travail effectué par Didier Laurent, en tant que directeur général par intérim, a porté ses fruits. N’en déplaise aux détracteurs de tous bords, Monsieur Laurent a réussi à apaiser les tensions, à remettre les équipes en mouvement, et à renouer les liens du dialogue social. Nous sommes sortis d’une crise de management réel, un constat aujourd’hui partagé par le médecin du travail. Pour clore le chapitre des polémiques vaines et stériles, la mission d’intérim de Monsieur Laurent prendra fin dans peu de temps, comme convenu, puisque de nombreux candidats ont déjà été auditionnés, dans le cadre du recrutement  du prochain directeur  général. Il lui faudra travailler en proximité avec les habitants, pour qu’un dialogue naturel, distendu ces dernières années, s’instaure à nouveau. Si les locataires rencontrent des problèmes, l’information doit remonter en priorité à la Sacoviv pour que des décisions soient prises en temps et en heure. Plutôt que d’instrumentaliser politiquement les difficultés, je crois nécessaire de mettre en place les conditions d’un dialogue constructif et de confiance, c’est l’une des tâches, en tout cas, qui attend le prochain directeur général.

La question de la Sacoviv, c’est aussi et avant tout, la question du logement social en France et de la très grande précarité de familles, toujours plus nombreuses.

On ne peut pas ouvrir le débat sans prendre en compte la dimension sociale de notre ville. 31% des habitants, selon l’étude Compas de juillet 2013, vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les loyers faibles de la SACOVIV, que la Chambre Régionale des Comptes dénonce, ne sont pas le fait du hasard, ils répondent à la volonté politique, assumée, de lutter contre la grande pauvreté. Je ne conteste pas que les loyers pratiqués soient de 15 à 20% inférieurs aux plafonds réglementaires, je le revendique, et nous en avons fait, ici à Vénissieux, un choix fort, adressé aux familles les plus fragiles.

Depuis 40 ans, le marché de l’immobilier est soumis aux logiques libérales.

On entretient la pénurie, on spécule sur le déséquilibre entre l’offre et la demande, on fait main basse sur le 1%, on baisse l’aide à la pierre et les APL, on prélève sur les organismes HLM  la contribution sur les revenus locatifs, on favorise, avec la loi Scellier, la construction de logements privés. Quand j’entends la droite crier au loup, j’aimerais lui rappeler le coût humain de la loi du marché, qu’elle vénère tant : plus de 10 millions de personnes sont aujourd’hui touchées, de près ou de loin, par la crise du logement, soit 1 Français sur 6. La déréglementation du marché, le toujours moins d’État, la loi du plus puissant, voilà où ça mène : une situation d’urgence sociale indigne de notre pays, et sans précédent depuis l’après guerre ! A aucun moment, on ne se place du côté des locataires, des familles dans l’urgence, sauf peut-être la loi Duflot, avec l’encadrement des loyers, à condition de ne pas en détricoter le contenu. Dans ce contexte, j’assume entièrement le fait que la Sacoviv soit un outil de notre politique du logement social, et je réaffirme que l’action d’un bailleur social ne peut se réduire à la seule dimension du profit. C’est un choix, c’est une détermination, c’est une conviction, que je ne remettrai jamais en cause, et que je ne trahirai pas.

Les missions de la Sacoviv resteront identiques, mais j’en conviens, il faut aussi lui donner les moyens d’exister, de se rénover, et de s’adapter à un contexte très difficile. Tous les bailleurs sociaux sont soumis à des contraintes financières de plus en plus fortes : coûts de construction, montant du foncier, multiplication des normes.

Pour faire évoluer la Sacoviv, et suivre les recommandations de la chambre régionale, un travail de fond a été, et continue d’être mené activement. La dissociation entre les fonctions de président du conseil d’administration de celles de directeur général, a déjà été actée, tout comme la mise en place d’un contrôle interne, fiabilisant le processus de recouvrement des loyers et des suppléments de loyer de solidarité. Des règles internes ont été adoptées, pour garantir une publicité plus large, adaptée aux caractéristiques des marchés passés, etc.

J’ai surtout demandé aux administrateurs de la ville, qui siègent au nouveau conseil d’administration de la Sacoviv, de remplir deux objectifs clairs et précis : même s’ils sont positifs, comme le souligne la chambre des comptes, il faut renforcer les fonds propres de la société, afin de maintenir la capacité à entretenir le patrimoine de la société, et donc les logements des habitants. L’engagement de la société, sur la réalisation de 130 logements locatifs sociaux sur la période 2011-2016 (notamment l’opération Le Monery), réaffirme l’ambition de la Sacoviv et de la ville, en matière de loyers modérés et de logement social.

Enfin, il faut réfléchir et mettre en place une stratégie forte pour les années à venir, afin de renforcer le rôle et la place de la société, au sein de l’agglomération lyonnaise. Ce sont les défis que nous devons relever, pour répondre ensemble, et sur tous les territoires de l’agglomération lyonnaise, à l’urgence sociale de familles de plus en plus désemparées.

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