Conseil Municipal : financement CARSAT des travaux dans nos résidences

la question d’une vie digne d’une importance cruciale, à l’échelle  du territoire national comme de nos communes

Intervention de Michèle PICARD sur le rapport N°12 , « FINANCES LOCALES – Convention de financement avec la CARSAT pour les travaux des résidences Ludovic Bonin et  Henri  Raynaud.»

Certains défis auxquels nos villes seront confrontées sont clairement identifiés, comme notre adaptation au réchauffement climatique par exemple. D’autres, de la même importance, sont moins apparents, et pourtant ils vont conditionner nos façons de vivre Vénissieux à l’horizon 2030. La présence des services publics, l’avènement du numérique dans nos pratiques citoyennes, et surtout la place de nos aînés dans notre société et nos agglomérations. L’allongement de la durée de vie va bousculer nos pratiques, nos usages, générer de nouvelles problématiques en termes de santé, de dépendance, d’autonomie, d’accès à des logements adaptés. Il va falloir être prêt pour garantir des conditions de vie digne à chacun de nos aînés.

Vénissieux reste une ville jeune, elle voit néanmoins sa population plus âgée augmenter : concernant les seniors, on peut distinguer les 60/74 ans dont la population reste stable depuis 1999, et les personnes de plus de 75 ans, dont le nombre a plus que doublé sur la même période. En termes de logement, d’espaces publics, d’environnement durable, de mobilité, d’accès à la santé comme à la culture, de citoyenneté, il faut penser nos villes à l’aune de toutes les générations, dont les Vénissians les plus âgés.

Cette délibération de convention de financement avec la Carsat, que je remercie, pour les travaux des résidences Bonin et Raynaud me donne l’occasion de faire un point sur nos politiques 3ème âge. Dans le contexte actuel, notre Ville joue son rôle d’amortisseur social. Nos politiques de solidarité se poursuivent pour privilégier l’autonomie et l’indépendance de nos aînés.

Soins à domicile : environ 15 000 interventions par an auprès de 42 bénéficiaires suivis en moyenne. Aides à domicile : 12 000 heures de prestations par an auprès de 92 usagers suivis en moyenne. Portage des repas : plus de 1700 repas par mois en moyenne auprès d’environ 84 bénéficiaires. Les repas servis au restaurant Moulin-à-vent en 2023 sont en nette augmentation avec près de 380 repas par mois. Repas servis en résidences : 10 300 servis en moyenne par an sur les deux résidences (6582  repas en 2022). Nos forts taux d’occupation dans nos résidences seniors Bonin et Raynaud sont à nouveau en très nette hausse. L’Accueil de jour médicalisé monte en puissance : le nombre de bénéficiaires augmente (24 personnes accueillies sur la semaine). L’été dernier, nos services sont restés sur le qui-vive avec deux périodes de canicule et une situation inédite : en aout, la canicule a duré pendant 15 jours d’affilé ! 2583 personnes âgées ont été appelées sur les deux périodes de canicule. Sur le 2ème épisode de canicule, du 11 au 24 aout, près de 1100 appels ont été passés par une équipe de 3 personnes complétée par 8 aides à domicile en période rouge. 1100 visites ont été effectuées par les 2 agents du portage de repas, 8 aides à domicile, 6 aides-soignantes. La cellule de veille est intervenue pour 21 personnes, contre 14 en 2022.

Nos politiques en matière de 3ème âge sont le fruit de nos combats pour une vie digne, pour plus de justice sociale. Il a fallu lutter et résister pour le maintien de tous les services de l’hôpital des Portes du Sud et de la Solidage, un combat qui s’inscrit dans une double perspective : une égalité territoriale et une égalité d’accès aux soins pour tous. La santé est notre bien commun, elle n’est pas à géométrie variable.

Une autre évolution négative va toucher les villes populaires. Mal pensée, passée en force contre l’avis des syndicats, de la gauche et d’une très grande majorité des Français, la réforme des retraites va précariser et pénaliser en premier lieu les femmes. 40% d’entre elles, contre 30% des hommes, partent à la retraite avec une carrière incomplète et donc des pensions amputées.  Quant aux 1200€ de pension minimum par mois promis par le gouvernement, pour y prétendre, il faudra afficher une carrière complète. Or, entre les temps partiels et les interruptions de carrière, elles seront de plus en plus nombreuses à afficher une carrière incomplète et à basculer dans la précarité. Il y aura à n’en pas douter de plus en plus de nos aînés fragilisés, isolés, qui solliciteront nos services publics de proximité.

Enfin, avec l’OMR, il convient d’étalonner les activités et les centres d’intérêt, les attentes d’une personne de 65 ans ne sont pas les mêmes que celles d’une personne de 80 ans. Il faut ainsi s’adapter à chaque public et s’habituer à l’idée qu’il n’y a pas un 3ème âge, mais plusieurs, dont les aspirations sont différentes. Oui pour nous tous, l’allongement de la durée de vie nous oblige à repenser l’ensemble de nos actions et de notre environnement.

Enfin, pour conclure, j’appelle à la vigilance politique et citoyenne. Ajournée, reportée, la loi Grand Age annoncée d’ici la fin 2024 devra faire l’objet de toute notre attention. La réponse au défi du vieillissement de la population doit passer par la solidarité nationale et non par le recours aux assurances privées, qui créerait de nouvelles inégalités sociales.  Oui, les prochains défis liés au 3ème âge seront nombreux et la question d’une vie digne d’une importance cruciale, à l’échelle  du territoire national comme de nos communes.

Je vous remercie.

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