Conseil municipal « Débat d’orientations budgétaires 2011 »

Le conseil municipal s’est réuni en séance publique lundi 31 janvier 2011. Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle Picard sur le rapport N°1 « Débat d’orientations budgétaires 2011 »

Le 31 janvier 2011

Le conseil municipal s’est réuni en séance publique lundi 31 janvier 2011. Retrouvez ci-après l’intervention de Michèle Picard sur le rapport N°1 « Débat d’orientations budgétaires 2011 »


Concernant les orientations budgétaires, mettons en exergue un point, mais il est de taille : les finances de la ville de Vénissieux sont saines. Lorsque l’on connaît les difficultés de certaines communes en France, voire de certains départements, proches du dépôt de bilan, on peut se féliciter de la gestion menée depuis plusieurs mandats par les différentes équipes municipales.

Se féliciter de la gestion mais aussi de la pertinence des choix politiques que nous avons adoptés. C’est un premier point. A travers notre budget, nous défendons une seule chose : l’intérêt général de nos habitants, pierre angulaire du vivre ensemble et de la cohésion sociale soumis à rude épreuve par la crise actuelle et la politique incendiaire de Nicolas Sarkozy.

Défendre l’intérêt général, cela veut dire le maintien de services publics forts, des agents et des missions déployés sur tout le territoire, reconnus et appréciés par les Vénissians. Des investissements importants répartis dans chaque quartier de notre ville. La masse salariale, qui représente 60% de nos dépenses de fonctionnement, elle, est au service des habitants, agit sur le terrain, et fait la force de nos services publics qui n’existeraient pas sans les hommes et femmes qui en sont investis.

Défendre l’intérêt général, cela veut dire aussi mettre en pratique une fiscalité équilibrée, à dimension humaine ai-je envie de dire, qui ne pénalise pas les familles populaires et les plus démunis.

Cela se traduit par le choix d’augmenter de façon mesurée nos taux d’imposition d’environ 1% par an, en fonction de l’inflation, et non pas brutalement en début de mandat. Elle se traduit enfin par la non-augmentation des tarifs sociaux depuis deux ans, choix fort et courageux de notre ville, afin de ne pas alourdir les dépenses vitales et nécessaires des familles.

Défendre l’intérêt général, c’est aussi se projeter vers l’avenir, anticiper et mesurer les effets néfastes et les conséquences terribles pour les communes et les habitants de la politique gouvernementale actuelle.

L’attaque du duo Sarkozy-Fillon contre les collectivités n’est pas masquée, elle est frontale. Raison de plus pour se mobiliser car on en connaît les tenants et aboutissants. « 50 milliards d’euros d’économies d’ici 2013 pour les collectivités, soit une économie de 10% en 3 ans sur les dépenses de fonctionnement » voilà ce qu’a annoncé le Ministre du budget, François Baroin.

La suite est du même tonneau : gel des dotations de l’Etat pour 3 ans au minimum ; baisse des financements en Politique de la Ville avec une incertitude complète sur le devenir de l’ANRU ; suppression de la Taxe Professionnelle, énième cadeau (et pas des moindres, qui représente environ 7 milliards) accordé au MEDEF de Madame Parisot et une économie de l’État de 7 milliards.

Et pour finir : l’idée, nauséabonde et féodale, de conditionner les dotations aux communes, j’ouvre les guillemets, qualifiées « bonnes gestionnaires ». Bonnes gestionnaires dans la bouche de cette droite libérale, ça veut dire comprimer la masse salariale, abandonner les missions de service de proximité ou rogner sur les investissements. Chantage odieux, qui est une vraie atteinte aux règles démocratiques de notre pays et à l’autonomie politique des collectivités inscrite dans la constitution. Appliquez notre politique, jouez aux bons élèves dociles, et vous serez récompensés. Nicolas Sarkozy prend les communes pour les valets de sa politique, mais il se trompe aussi bien de siècle que de système : nous sommes en République et les collectivités, élues démocratiquement, n’ont pas vocation à devenir les serfs de sa politique de petits clans et grands argentiers.

Il n’empêche, cette vision libérale de l’organisation du territoire est à très court terme catastrophique.

Les communes sont mises au pied du mur : soit elles augmentent fortement les impôts et ce sont nos habitants, déjà fragilisés par la crise, qui payent l’addition ; soit elles réduisent les services publics et ce sont encore nos habitants qui en font les frais ; soit elles limitent les investissements et ce sont les prochaines générations et le développement de nos villes qui seront sacrifiés sur l’autel du capitalisme financier. N’oublions pas non plus les conséquences négatives que cela va provoquer pour l’emploi, pour les entreprises aussi, car les collectivités locales assurent 73% de l’investissement public !

Nous devons tenir ce langage de sincérité et de vérité aux Vénissians. Leur laisser croire qu’avec moins de moyens d’année en année, on va colmater toutes les démissions de l’Etat serait mentir. Si les orientations de la politique nationale ne changent pas radicalement, les communes et leurs habitants vont être confrontés à des choix très douloureux. Pas en 2020, dès demain ! Cette prise en otage de l’autonomie et de l’indépendance des collectivités locales est, sur le fond comme sur la forme, inadmissible et anti-républicaine. Mais elle n’est pas une fatalité, dans la mesure où la mobilisation des habitants, des élus, des forces progressistes et syndicales peut modifier en profondeur les politiques à l’œuvre.

Dans le combat républicain qui est le nôtre, les habitants ont besoin de leur commune tout comme les communes ont besoin de leurs habitants.

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