Conseil municipal du 27 septembre 2010 : acceptation d’un fonds muséal

A travers la marque de confiance qu’ils nous adressent, je tiens à leur dire aussi que la Ville saura se montrer à la hauteur de ce qui nous est offert.

Le 27 septembre 2010

Le comité du musée communal de la Résistance et de la Déportation a souhaité faire don de son fonds muséal à la commune de Vénissieux. Michèle Picard a adressé sa profonde reconnaissance au comité ainsi qu’aux membres de l’Association des Anciens Combattants de la Résistance et à la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes. Ci-après, son intervention.

Cette donation n’est pas comme les autres.

Au nom de tous les maires et équipes municipales qui nous ont précédés, je tiens dans un premier temps à remercier le comité du musée communal de la Résistance et de la Déportation pour le travail effectué depuis la création du musée en 1979 et pour sa décision de faire don de son fonds muséal à la commune de Vénissieux.

J’associe à cette profonde reconnaissance de notre commune les membres de l’Association des Anciens Combattants de la Résistance et de la Fédération Nationale des déportés et internés résistants et patriotes.

A travers la marque de confiance qu’ils nous adressent, je tiens à leur dire aussi que la Ville saura se montrer à la hauteur de ce qui nous est offert.

Oui, cette donation n’est pas comme les autres car c’est l’histoire de Vénissieux qui passe de main en main. Cette histoire, c’est l’histoire des résistants, des syndicalistes, des hommes politiques, des cheminots et ouvriers, des femmes et des hommes Vénissians qui se sont levés pour dire non. Non à la démence du pire régime de l’histoire des hommes, le 3ème Reich, non à la xénophobie de l’extrême droite, non à la France fielleuse des collabos de Vichy, non à la lâcheté des dénonciations et des déportations, non à l’extermination programmée des juifs, tsiganes, des communistes et leaders progressistes, des homosexuels.

Ils ont dit non à l’innommable, à la solution finale, aux camps d’Auschwitz et de Treblinka.

C’est leur désobéissance civique et politique, notion plus que jamais actuelle, ce sont leurs témoignages, leurs luttes, leurs combats que la Ville de Vénissieux reçoit en don aujourd’hui. Eux qui nous ont offert il y a 70 ans la liberté recouvrée de la France et la reconquête de la République.

Ce don muséal nous offre l’occasion d’ouvrir une vaste réflexion sur ce que nous voulons transmettre et comment nous souhaitons le transmettre, comment valoriser ce patrimoine et ce morceau d’histoire qui forment nos racines vénissianes, nos racines communes.

Les verbes Résister, Désobéir, lorsque les temps sont au populisme et au racisme, à la veulerie et aux raccourcis de pensée, sont des verbes qui nous font tenir debout. Hier comme aujourd’hui, et plus encore aujourd’hui d’ailleurs, où les néo-populismes, la dégradation du débat public, de la pensée politique et l’émergence d’une démocratie d’opinion, terreau des amalgames, intoxiquent plus qu’on ne le croit nos sociétés.

Notre travail et le chantier qui s’ouvre à la ville consistent justement à rendre cette matière vivante, accessible à l’ensemble de la jeunesse vénissiane, à diffuser le plus largement possible notre histoire, sans l’embaumer, ni la vulgariser. Cette matière, ce sont les écrits, les objets, les témoignages et photos des heures les plus noires du XXème siècle. Explorons toutes les pistes, toutes les formes d’expression pour offrir aux enfants de notre ville les racines de notre histoire et les ailes de leur espoir.

A partir de ce moment, et à partir de ce moment-là uniquement, le don de notre passé commun aura porté ses fruits dans le futur.

rapport 9 don museal270910

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