Conférence de presse de rentrée 2010

Cliquez sur l’image pour visionner le reportage-vidéo et l’intervention de Michèle Picard

Le 9 septembre 2010

Je tiens à vous remercier d’être venus pour cette conférence de presse de rentrée 2010, une rentrée de mobilisation sociale.

Plus de 30 ans de destruction du marché de l’emploi et de démantèlement de l’appareil de production, industrielle notamment, en France. Plus de 20 ans d’érosion civique et démocratique. Plus de 10 ans de régressions sociales, de recul des libertés individuelles et des liens de solidarité.

Les trois courants entrent en phase aujourd’hui et la France donne l’impression d’être un pays frileux, replié sur lui-même, sans repères et surtout sans souffle, ni espoir.

Ces 3 crises ne se succèdent pas, elles s’accumulent, s’agrègent. Jamais depuis l’après-guerre, un état de délitement, de décomposition avancée de nos sociétés n’avait été aussi prononcé.

Il y a urgence, urgence sociale, politique, économique, non pas à corriger les travers du capitalisme financier, mais à changer en profondeur le système et nos modes de développement.

En finir avec ce capitalisme mortifère qui génère des inégalités révoltantes, qui pulvérise le vivre-ensemble, qui attise les haines, les exclusions et le rejet de l’autre.

La France a besoin d’une nouvelle république sociale, de retrouver ses valeurs de solidarité, d’égalité, de tolérance. Elle a besoin de retrouver le fil de son histoire, de tourner la page ouverte par le pompier pyromane de l’Elysée, qui court après l’électorat le plus réactionnaire, le plus extrémiste.

L’été 2010 aura été en la matière l’été de toutes les caricatures, de tous les excès et de tous les amalgames, les uns plus honteux et délétères que les autres.

Cliver la société, monter les français les uns contre les autres, c’est la stratégie de Nicolas Sarkozy, fossoyeur et non pas garant de la cohésion nationale. Pour masquer quoi ?

Pour masquer l’incurie et l’incohérence de sa politique, pour masquer son échec en matière de sécurité, pour masquer les millions d’euros des comptes de Liliane Bettencourt alors que la politique gouvernementale enfonce les concitoyens au mieux dans les difficultés, au pire dans la pauvreté, la paupérisation.

Pour masquer des îles qui échappent au fisc, un trésor public qui rembourse en 4 ans100 millions d’euros au titre du bouclier fiscal à l’héritière de l’Oréal.

En face de ce gaspillage outrancier, de cette gabegie de castes et d’Etat, il y a la rentrée 2010 et son cortège de mesures scandaleuses. A commencer par la réforme des retraites qui prévoit de porter l’âge légal d’ouverture des droits à 62 ans.

Pourquoi faut-il s’y opposer frontalement ? Car il existe des solutions de financements pour maintenir les départs à 60 ans et renflouer les caisses de la sécurité sociale, mais ce sont ces pistes-là que le Medef et l’UMP refusent d’explorer ! Mettez fin aux cadeaux fiscaux, aux exonérations de cotisations patronales stériles pour l’emploi, aux niches fiscales pour les plus riches, taxez les revenus financiers au même niveau que les salaires et vous verrez que les ressources financières ne manquent pas dans notre pays.

Le droit à la retraite est un droit fondamental et notre système de retraite, fondé sur la solidarité entre les générations, un élément constitutif de notre pacte social ! Premier point.

Ensuite, cette réforme pénalise spécialement les salariés qui ont commencé à travailler tôt sans tenir compte de la pénibilité du travail.

Le report à 67 ans pour une garantie à taux plein sanctionne également tous ceux qui auront eu des carrières incomplètes, donc en grande majorité des femmes, déjà victimes de fortes discriminations salariales (en 2007, seules 44% d’entre elles parvenaient à valider une carrière complète, contre 86% pour les hommes).

Elle fait porter l’essentiel des efforts sur les salariés et épargne une nouvelle fois, comme en 2003, la finance et les revenus du capital. Sur l’ensemble des économies décidées par Matignon pour l’horizon 2020, 85% d’entre elles pèsent sur les salariés et 10% sur les revenus du capital ! Car elle est mensongère sur deux points :

1- elle ne vise pas à sauver le système par répartition mais à le laisser se décomposer pour ouvrir la porte au système par capitalisation.

2- tout le monde sait que les entreprises anticipent le départ de leurs salariés, bien avant l’âge légal de 60 ans. Aujourd’hui, six salariés sur dix sont déjà évincés au moment de partir en retraite et le chômage des 50 ans a augmenté de 17,6% en un an !

C’est la paupérisation des retraités qui est planifiée avec des pensions si faibles qu’il faudra les compléter par des petits boulots rémunérés au lance-pierre. Alors qu’en 2010, déjà près d’un million de retraités vit en dessous du seuil de pauvreté.

Un mépris du peuple insupportable, qui donne une idée de l’esprit revanchard de cette droite versaillaise, laquelle considère les individus comme un coût et non pas comme une force de production. Elle confisque la richesse nationale au profit de quelques-uns, sans retour pour le bien public ni l’intérêt général. Un chiffre, un seul, pour illustrer cette spoliation : en l’espace de vingt ans, les dividendes des actionnaires ont augmenté de 5% dans la part du PIB, soit 100 milliards d’euros !

Et le jeu de massacre continue dans les services publics : 100 000 postes supprimés en 3 ans et 34 000 prévus au titre du budget 2011.

La rentrée 2010 dans l’Education Nationale, c’est 16 000 postes en moins, 15 000 professeurs stagiaires affectés directement dans des classes sans formation pédagogique ; des conditions de travail qui se dégradent à une vitesse sidérante aussi bien pour les enseignants que pour les élèves.

On ne frôle pas le ridicule, on le touche, comme en témoignait il y a peu l’appel, pathétique, de Luc Chatel aux retraités enseignants pour effectuer des remplacements.

Dans ce contexte, notre ville se bat à chaque rentrée, aux côtés des professeurs et des parents d’élèves, pour le maintien et l’ouverture de classes. Un combat perpétuel, un combat qu’il faut renouveler tous les ans pour sauvegarder notre école publique.

Absurdité comptable, absurdité du tout rentable qui s’applique dans des secteurs aussi essentiels que la justice, la santé, la culture, la recherche, en cette rentrée 2010.

La politique budgétaire de Nicolas Sarkozy, à destination des plus nantis, met à mal des pans entiers de notre société.

On rabote des niches fiscales mais on ne touche pas au bouclier fiscal, lequel coûte 650 millions d’euros par an à la nation. Les Bettencourt de France et de navarre peuvent dormir tranquille : on ne mettra pas à contribution leur fortune, on supprimera plutôt des lits d’hôpitaux, des écoles, des tribunaux, des laboratoires publics et bientôt les services des collectivités territoriales.

Les exonérations de l’Etat version Sarkozy, inefficaces pour l’emploi, c’est 140 milliards d’euros qui manquent à l’appel pour le budget de la nation.

Faut-il s’étonner dès lors du délitement de notre société ?

Faut-il s’étonner qu’elle soit parcourue par des tensions, par des communautarismes défensifs et agressifs, par une violence quotidienne qui frappe en premier lieu les familles populaires ?

En matière d’insécurité, d’immigration, le gouvernement abaisse le niveau des discussions et instrumentalise des questions de fond. Le débat, qui devrait concerner l’ensemble des partis républicains, est réduit à sa plus petite expression, la pire en somme : les raccourcis, les amalgames et le populisme. Une hypocrisie totale règne en la matière.

Pour masquer la réalité, Nicolas Sarkozy recourt à la politique spectacle, aux expulsions ultra médiatisées, clive la société, joue sur des peurs plus ou moins rationnelles.

Opportunisme politique intolérable, cynisme de « la mini-politique » médiatique, comme le dénonce le sociologue Alain Touraine, alors que le pays semble désemparé face aux mutations actuelles.

Agir contre l’insécurité, c’est agir sur tous les champs en même temps : emploi, éducation et prévention, mesures sociales, justice, urbanisation, proximité et intégration.

Vous avez là la liste exhaustive de tout ce que la droite détruit méthodiquement depuis 10 ans.

Il faut quand même remettre les choses à leur place : qui a voulu la fin de la police de proximité ? Nicolas Sarkozy !

Qui a prévu la suppression de 3 500 postes de policiers pour les trois prochaines années dans le cadre du budget 2011 ? Nicolas Sarkozy et son gouvernement !

Qui ferme les commissariats, tribunaux, mutile l’Éducation nationale et brise les politiques sociales ? Nicolas Sarkozy, sous les ordres du capitalisme financier !

Les maires le savent mieux que les autres, il faut au contraire réoccuper les quartiers sensibles avec plus de services publics, plus de proximité, plus de policiers d’investigation pour démanteler les réseaux et mafias ! Un travail au quotidien, qui passe par la réaffirmation d’un pacte républicain ferme et indivisible, solidaire et laïque.

Enfin pour fermer la page de l’été 2010, nous comptons à Vénissieux en moyenne entre 6 à 10 squats de roms. Le phénomène n’est pas nouveau en soi mais l’intégration de la Roumanie et Bulgarie dans l’Union européenne l’a accéléré.

Ces populations vivent dans des conditions indignes et indécentes. Il y a là des nouveaux nés, des enfants d’un an, deux ans, vivant dans une extrême précarité sanitaire.

La question humaine ne peut être dissociée de la question roms, qui sont victimes de discriminations dans leur pays d’origine.

A Vénissieux, nous avons mis en place des procédures pour assurer des conditions de sécurité à ces personnes, mais aussi pour rassurer les riverains.

On ne peut pas non plus laisser se développer ces bidonvilles, ces « trous de rat urbains », et s’estimer heureux quand le camp passe dans la commune voisine. On ne peut pas attendre un drame avant d’agir.

C’était le sens de mes courriers adressés au préfet l’année dernière. Ils restent plus que jamais d’actualité. Tous les pouvoirs publics, l’Etat en premier lieu mais aussi l’Union Européenne, doivent apporter des réponses qui soient à la fois humaines et efficaces.

Ce que je constate à l’heure actuelle, c’est que ce sont les maires qui jouent les pompiers de service, une nouvelle fois !

Avant de conclure, je tiens également à faire le point sur la situation des habitants de la Résidence Aulagne. 500 personnes y vivent et la chute de morceaux de plafonds dans deux appartements a créé une émotion légitime.

Les premiers constats de l’expertise partielle démontrent que la structure porteuse n’est pas endommagée. En clair, il y a un risque potentiel mais pas imminent : la priorité est donc de remettre en état la résidence. L’OPAC doit s’engager dans un plan de réhabilitation lourde.

La Ville soutient les locataires et a mis en place des dispositifs afin de les aider et d’alléger leur quotidien (garde d’enfants, rentrée scolaire).

Je serai très vigilante sur ce dossier tant qu’une solution juste socialement ne sera pas trouvée pour chaque locataire.

Des faits similaires ont eu lieu dans d’autres villes en France, preuves suffisantes du chantier national que devrait être le logement social dans notre pays, que ce soit en matière de constructions neuves ou de réhabilitation du parc existant.

Je le dis, je le répète encore une fois : l’Etat doit mettre sur pied un véritable plan Marshall du logement en France, c’est nécessaire et c’est vital !

Vénissieux en tout cas ne lâche pas le morceau, comme l’attesteront les prochaines poses de première pierre de l’ensemble immobilier des « jardins du Monery »ou encore l’inauguration des maisons de ville de la Darnaise.

Notre ambition municipale ne se dément pas avec le centre académique Michel Delay, le dossier de la reconstruction du Lycée Jacques Brel, la mise en fonctionnement de la chaufferie bois, qui illustrent le dynamisme de notre Ville.

Résistance, combat et solidarité aussi avec les salariés de Bosch et l’ensemble du tissu industriel de l’agglomération pour stopper la liquidation de l’appareil de production.

Les menaces qui planent sur l’industrie en France ont des conséquences terribles socialement, économiquement mais aussi collectivement, dans la mesure où ce sont nos racines, celles de notre histoire et de notre patrimoine de ville industrielle, que le monopoly capitaliste coupe et arrache.

La rentrée qui s’annonce est donc une rentrée de combat contre la politique du tandem Sarkozy-Fillon. Faire reculer le gouvernement sur les retraites serait un premier jalon, une première victoire qui casserait la spirale de régressions sociales actuelle.

La mobilisation de mardi est un signe fort envoyé à l’Elysée. Le bras de fer engagé peut modifier le rapport de forces.

Faire reculer le gouvernement sur la réforme des collectivités territoriales est aussi une priorité. Nos services publics de proximité ne sont pas des marchandises. Le manifeste et la charte républicaine pour nos territoires ont recueilli la signature de plus de 2000 vénissians, montrant l’attachement des habitants à leur quartier, leur ville et le vivre-ensemble. Je sais que les parlementaires de notre circonscription, et je l’espère l’ensemble des parlementaires de gauche, porteront haut et fort notre refus et les inquiétudes des Vénissians au sénat et à l’assemblée.

Dans ce contexte actuel, les forces progressistes ont rendez-vous avec l’histoire. Il nous faut changer le système en profondeur et non pas chercher à en corriger les excès.

Il est là, le rendez-vous historique. Une victoire par défaut, où l’anti-sarkozysme ferait office de programme, ne suffira pas. Les sondages sont éloquents : si la gauche retrouve des couleurs, les Français expriment dans le même temps leurs doutes dans sa capacité à faire mieux que la droite.

Il nous faut susciter une adhésion, un espoir, des utopies aussi. Redonner du souffle à une vie politique atone, à un projet social au point mort. Ce silence actuel est inquiétant, angoissant.

Par sa force de propositions, par sa nature transformiste, le parti communiste a un rôle central à jouer dans ce renouveau d’idées. Inventer, imaginer, refonder un pacte social, c’est ce que nos aînés ont réussi à faire à la sortie de la guerre, PC en tête.

L’époque était au chaos, la nôtre au délitement, à la décomposition, aux régressions.

Il y a souvent un indicateur sensible à ces phases de repli, de recul : celui de la femme, de sa place, de sa représentation, de ses droits dans nos sociétés. Dans le cadre de ses libertés individuelles, dans le monde du travail, dans son identité même, que les intégristes veulent nier, dans le cadre de la réforme sur les retraites, dans l’égalité salariale, dans son espace privé où les violences conjugales augmentent : partout, centimètre par centimètre, les droits des femmes perdent du terrain. Brutalement ici, plus discrètement ailleurs.

C’est la raison pour laquelle je prendrai des initiatives que je vous communiquerai prochainement.

La première sera présentée au prochain Conseil municipal : l’Iranienne Sakineh Mohammadi-Ashtiani, mère de famille aux mains d’une justice patriarcale et religieuse d’un autre temps, condamnée à mort par lapidation pour adultère, sera élevée au titre de citoyenne d’honneur de la ville de Vénissieux. Les autorités iraniennes ont annoncé hier la suspension de sa condamnation, mais son combat, qui est celui de toutes les femmes, est loin d’être terminé.

Je vous remercie.

Conférence de presse de rentrée presse090910

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