Conférence de presse « Brisez le silence contre les violences conjugales » à Vénissieux

Pour la 3ème année consécutive, Vénissieux accueille le village associatif du festival Brisez le silence contre les violences conjugales organisé en partenariat avec l’association filactions.

Le 19 novembre 2010

Cette année encore, la Ville de Vénissieux, accueillera le 24 novembre 2010, une étape du festival de l’association Filactions « Brisez le silence contre les violences conjugales » construite autour des violences faites aux femmes.

Michèle Picard, Maryvonne Bin-Heng, présidente de Filactions, le Collectif Femmes de Vénissieux et l’équipe municipale ont organisés une conférence de presse afin de présenter le programme de cette journée vénissiane du festival et les actions menées en direction des femmes.

Retrouvez, ci-après, l’intervention de Michèle Picard et le dossier de presse de cette initiative.

Pour la 3ème année consécutive, Vénissieux accueille le village associatif du festival Brisez le silence contre les violences conjugales organisé en partenariat avec l’association filactions.

L’histoire nous démontre combien l’oppression des femmes a été terrible, leur résistance s’est souvent faite dans la douleur et même jusqu’à la mort pour certaines.

Ainsi, en 1960, les sœurs Mirabal, militantes dominicaines en lutte pour leurs droits, ont été lâchement assassinées par le dictateur chef d’Etat, Rafael Trujillo le 25 novembre. En hommage à leurs résistances, le 19 octobre 1999, l’Assemblée générale des Nations Unies décréta le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination de toutes les violences à l’égard des femmes, qu’elles soient physiques, sexuelles, psychologiques, dans la sphère privée comme dans la sphère publique.

En ce 50ème anniversaire de l’assassinat de ces militantes dominicaines, je rends hommage à l’engagement et aux combats des femmes du monde entier, qui se battent au péril de leurs vies, pour un monde plus juste, plus égalitaire pour les femmes et pour les hommes.

Ce festival contre les violences conjugales est donc pour nous un temps fort de la mobilisation et de la sensibilisation contre toutes les formes de violences subies par les femmes.

« Brisez le silence » porte bien son nom. Nous sommes bien déterminés à faire sauter cette chape de plomb qui tient la femme dans une condition d’être mineur ; à faire changer les mentalités et rendre à toutes les femmes leur dignité. Tous ceux qui ont à cœur les droits humains, la justice et l’égalité de traitement ne peuvent pas rester sourd au sort réservé à plus de la moitié de la population de la planète.

Les violences faites aux femmes n’ont qu’un but, nier la place de la femme et la soumettre à un ordre patriarcal ou religieux. Les violences faites aux femmes sont des violences spécifiques, universelles, mais pas inévitables. Que ce soient les violences conjugales, les inégalités salariales, le temps partiel subi ou la réforme des retraites, avec les associations caritatives ou celles pour les droits des femmes, nous faisons le constat d’une paupérisation accrue des femmes.

En France, en 2008, 184 personnes sont décédées, victimes de leur compagnon ou compagne, soit 156 femmes et 27 hommes, selon l’enquête nationale sur les morts violentes au sein du couple réalisée par la délégation aux victimes du Ministère de l’Intérieur.

Il faut rappeler qu’une femme décède tous les 2 jours et demi, et un homme tous les 14 jours. Cette violence représente 16% des homicides sur le plan national. Ce n’est pas acceptable, et il n’est pas question de s’y habituer.

Et puis, il y a les violences sexuelles qui détruisent la vie de milliers de femmes. En France, selon l’enquête nationale sur les violences, 48 000 femmes de 20 à 59 ans seraient victimes de viol, soit 132 viols par jour. Ce qui représente 10 fois plus que de tués sur la route. Et pourtant, silence radio des politiques publiques.

Aujourd’hui, malgré les avancées dans les textes législatifs, sur le terrain les femmes constatent une régression de leurs droits. Que ce soient par l’emprise des fondamentalistes sur la vie des femmes. Les crimes d’honneur qui se perpétuent encore en France en 2010, et dont la qualification « d’honneur » en dit long sur l’appropriation de la femme par ceux qui estiment avoir le droit de vie ou de mort sur leur femme, leur sœur ou leur fille, les excisions qui perdurent, les mariages forcés, et les violences liées à la traite des êtres humains.

C’est une atteinte insupportable aux femmes, à leur corps, et à leur libre arbitre.

Ces dernières années, nous avons vu le droit à l’avortement grignoté d’années en années d’une manière insidieuse, avec la fermeture de nombreux centres d’orthogénie.

La loi Bachelot, au nom de la rentabilité, accentue ce processus. Des menaces planent sur l’hôpital public et des centres d’IVG. Les campagnes d’information sur la contraception sont toujours aussi rares alors qu’on constate une augmentation importante des IVG, et notamment chez les jeunes filles.

En 2 ans, les IVG sur mineures ont progressé de 15%. Comment s’en étonner quand l’accès à la pilule gratuite et anonyme n’est toujours pas d’actualité pour le gouvernement. Mais que vaut la souffrance de quelques milliers de femmes devant des centaines de milliers d’électeurs intégristes.

Les centres de planning familial, eux aussi, manquent cruellement de moyens financiers. D’ailleurs, cette année, le planning familial 69 a alerté la Ville de Vénissieux sur leur impossibilité de boucler leur budget.

Une subvention exceptionnelle de 1000 euros leur a été octroyée pour pouvoir continuer à assumer les missions essentielles de prévention, d’information qu’il remplit pour les femmes. Une nouvelle fois, les collectivités pallient les obligations de l’Etat.

La pauvreté, si elle n’a pas de sexe, a souvent un visage féminin. Les familles monoparentales, constituées le plus souvent de mères isolées connaissaient en 2008 un taux de pauvreté de 30%. Le renoncement aux soins médicaux, par manque d’argent, est plus élevé chez les femmes (35,1% contre 27,1% chez les hommes) selon un rapport sur la santé des femmes en France en 2006.

Avec les conséquences de la crise qui frappent durement la population, nul doute que ces chiffres se sont encore aggravés.

Amnesty International, dans son rapport 2010 sur la lutte contre les violences faites aux femmes, interpelle directement l’Etat sur ses responsabilités et ses obligations. Il intitule son rapport « La France doit mieux faire ».

Pour être efficace, la lutte contre les violences faites aux femmes doit être ambitieuse. La prévention et la protection des victimes doivent être au cœur des dispositifs mis en place pour combattre ce fléau.

Le 25 novembre 2009, le 1er ministre François Fillon annonçait la lutte contre les violences faites aux femmes grande cause nationale 2010. Sur le terrain, la volonté politique affichée est retombée comme un soufflet.

Dans son discours, François Fillon affirmait « l’attribution de ce label, c’est la reconnaissance du travail effectué par vos associations. Sans votre action de terrain, la mobilisation des services de l’Etat ne pourrait pas porter ses fruits. » Or, les subventions nationales aux associations de proximité ne cessent de baisser.

Entre 2006 et 2009, elles sont en diminution de 18,8%. Les places dans les centres d’hébergement font toujours cruellement défaut. Et le projet de loi de finances pour 2011 présente un recul de 2% du budget de l’hébergement d’urgence par rapport à 2010, de quoi aggraver encore un peu plus la situation de femmes qui ont besoin d’aide et d’assistance.

La loi du 9 juillet 2010 relative aux violences faites spécifiquement aux femmes comporte des avancées notamment en matière de protection des victimes de violences conjugales ou de mariage forcé.

Cependant, il faut rester vigilant sur la mise en place et les conditions d’application de celle-ci.

A Vénissieux, nous sommes déterminés à mener le combat contre toutes les violences faites aux femmes. Nous travaillons avec l’association Fil pour protéger et mettre à l’abri des femmes.

Face à la défaillance de l’Etat en matière d’hébergement d’urgence, le conseil municipal vient de décider l’aménagement d’un logement d’urgence sur Vénissieux pour les femmes victimes de violences.

Avec le collectif femmes de Vénissieux, nous travaillons à tisser des liens avec les Vénissianes et les associations de femmes, à renforcer les solidarités, et à relayer les informations nationales et internationales sur les combats et les résistances de femmes.

Je prendrai deux exemples, pour vous montrer combien le combat contre les violences faites aux femmes est un combat quotidien, de proximité, mais pas seulement, car nous sommes très attentifs à ce qui se passe sur le plan national et international.

Avec notre jeunesse, nous travaillons à faire changer les mentalités, notamment au sein des équipements polyvalents jeunes (EPJ) sur les notions de respect entre filles et garçons en partenariat avec l’association Filactions.

Dans les lycées et les collèges de Vénissieux, c’est l’association Filactions qui met en place des projets avec les équipes pédagogiques pour sensibiliser et prévenir les violences.

Le combat pour les droits des femmes ne s’arrête pas aux portes de Vénissieux. Le 5 novembre dernier, l’Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, menacée de lapidation, car soupçonnée d’adultère a été élevée au rang de citoyenne d’honneur de la Ville de Vénissieux. C’est un message fort envoyé à la face du monde : il n’est pas question de céder un pouce sur les droits des femmes.

Vous trouverez dans la pochette qui vous a été remise la liste des principales actions de la Ville menées sur un an.

Autour de nos deux temps forts pour les droits des femmes, la journée internationale des femmes du 8 mars et le festival Brisez le silence contre les violences conjugales, nous luttons contre la banalisation des actes de violences à l’encontre des femmes ou des jeunes filles. Nous contribuons ainsi à une prise de conscience de ce que vivent des millions de femmes, une violence qui brise de nombreuses vies.

C’est donc tout naturellement que nous renouvelons le partenariat avec l’association Filactions, autour du village associatif. Un lieu où les femmes réaffirment leur droit à une vie digne.

filactions 2010

dossierpressefilactions191110

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