Réception des nouveaux enseignants

Une rentrée, ce sont des retrouvailles, mais aussi des moments d’appréhension. Ce sentiment est d’autant plus prononcé pour les enseignants nouvellement affectés. Nouvelle ville, nouveaux établissements, nouveaux collègues, nouvelles classes, nouvel environnement, chacun est en droit de s’interroger, le temps de prendre ses marques.

Je voudrais rassurer tout le monde : vous avez été nommés dans une ville qui aime son école publique, qui la défend bec et ongles, et qui entretient des relations fortes et solides avec l’Éducation nationale.

Une ville de conviction : conviction du rôle central qu’occupe l’école au cœur de nos sociétés ; conviction que la transmission des savoirs, des connaissances et de l’esprit critique, pose les fondations de l’émancipation et d’une prochaine citoyenneté ; conviction que la lutte contre les discriminations et le déterminisme social passe par la volonté politique, et les moyens accordés à l’école publique et aux enseignants.

Voilà pour l’esprit de Vénissieux, fruit de sa longue histoire, populaire, industrielle, de cultures mélangées, une ville qui va vous étonner, une ville en plein essor, loin des clichés et raccourcis dont elle a fait l’objet, et qu’elle a su dépasser.

La rentrée 2014 ne confirme pas la dynamique des dernières années, elle l’amplifie et la consolide.

Jamais peut-être, nous avons accueilli autant de nouveaux enseignants : vous êtes 122 nouveaux arrivés dans le 1er degré, et 117 dans le second degré. Par rapport à 2013, dans le primaire, on enregistre 234 élèves en plus (2,77% d’augmentation), pour un total de 8 664 élèves répartis dans nos 20 groupes scolaires. 14 ouvertures de classes ont eu lieu, et une fermeture. Cette dynamique très positive s’étend aux collèges (3,5% en plus), et aux lycées de notre ville (+4,4%).

Elle est le fruit du travail accompli par les équipes enseignantes bien sûr, mais aussi de l’élan incontestable de Vénissieux, au service de l’intérêt général, des habitants et des 13 quartiers qui la composent.

Nous venons d’inaugurer cette rentrée, le nouveau lycée Jacques Brel. Il faut se souvenir qu’il y a à peine 10 ans, ce même lycée, dont les effectifs n’arrêtaient pas de baisser, était menacé. Les combats politiques que nous avons menés contre toute forme de ségrégation territoriale, notamment à l’école, ont payé, et la dynamique actuelle s’inscrit déjà à l’aune de ce nouveau mandat.

Un 21ème groupe scolaire dans le Centre, avec une école élémentaire, une école maternelle et un restaurant scolaire, va voir le jour et ouvrira ses portes à l’horizon 2016, à Vénissieux.

Nos actions s’inscrivent aussi dans le quotidien, au plus près, je le crois, des attentes et des besoins des enseignants, des parents d’élèves et des écoliers vénissians, bien évidemment.

Nous consacrons ainsi 21% de notre budget à l’Education, 11% au Sport et Jeunesse, 9% à la Culture. En moyenne et par an, nous débloquons 340 000 € pour les travaux de « réparations et sécurité » des groupes scolaires, et 850 000 € dans le cadre des opérations de réhabilitation et travaux, liés à la carte scolaire. L’investissement dans le matériel, l’informatique, le mobilier, est lui aussi conséquent, à hauteur de 100 000 euros. L’objectif de la ville est de donner aux enseignants des équipements publics de qualité, un cadre professionnel ouvert et fonctionnel, qui améliore vos conditions de travail et les conditions d’apprentissage des enfants.

C’est cet esprit de concertation, de discussions, entre l’éducation, les parents d’élèves et les services de la mairie, qui a prévalu pour la mise en place de l’autre grand fait marquant de la rentrée 2014, la réforme des rythmes scolaires. Au niveau national, cette réforme n’a cessé de faire grandir les mécontentements chez les parents, chez les enseignants, et dans les collectivités locales. Les difficultés ont été telles qu’on en a presque oublié l’objectif initial : améliorer les conditions d’apprentissage, et mieux respecter la chronobiologie des enfants. Un comble, en forme de gâchis ! Résultat : la réforme est devenue à géométrie variable, chaque ville faisant comme elle peut, en fonction de ses finances, de ses capacités d’accueil et de ses moyens humains.

Sur le fond, cela crée des inégalités territoriales, en fonction des ressources des uns et des autres, dont l’école n’a pas à faire l’objet. Une nouvelle fois donc, les collectivités locales sont appelées à financer majoritairement une réforme gouvernementale sans compensations, ou si peu, ni pérennisation des aides dans le temps. Le coût de la réforme est d’ores et déjà estimé, pour la ville de Vénissieux, à environ un million d’euros ! Une lourde ponction supplémentaire dans nos budgets, alors que l’Etat impose une politique d’austérité sans précédent aux collectivités, de l’ordre de 11 milliards d’euros en moins d’ici 2017. Pour Vénissieux, cela représentera 7 millions d’euros en moins pour les 3 ans à venir.

Que ce soit en matière d’éducation, de culture, de sport, de vie associative, d’investissement, ces coupes drastiques de l’Etat risquent de peser sur nos politiques de proximité.

Malgré ces réserves, la ville de Vénissieux a souhaité que cette réforme soit ambitieuse pour les jeunes vénissians. Nous n’avons pas fait d’entorse à l’objectif initial de la réforme : réduire et mieux répartir la charge de travail quotidienne des écoliers ; proposer des activités périscolaires de qualité.

Nous n’avons pas, en un mot, instauré une garderie bis. Au contraire, notre ville a fait des efforts considérables pour la création de 1 000 places supplémentaires en périscolaire.

Nous avons tenu également à garantir un principe d’équité sur tout le territoire, puisque la mise place de la réforme s’étend à l’ensemble de nos groupes scolaires.

Enfin, nous avons recruté 10 animateurs référents et permanents, 12 emplois d’avenir, et entre 60 et 80 vacataires supplémentaires. L’expérience et l’exigence que nous avons toujours eues, en matière de temps périscolaires, nous ont été très utiles pour réussir la mise en place d’une réforme plus complexe qu’il n’y paraît. Les premiers retours sont positifs, et nous serons vigilants pour améliorer encore notre dispositif, le cas échéant.

Nous le savons tous, l’Éducation nationale a souffert des politiques libérales de ces dix dernières années, comme si la rentabilité était devenue un critère pédagogique !

Les dernières enquêtes de l’OCDE et le rapport PISA en ont mesuré les effets : l’échec scolaire est trop élevé en France, les enseignants ne se sentent pas valorisés, et la pénurie menace dans certaines disciplines en termes de recrutements. Renforcer le volet pédagogique dans la formation initiale des enseignants, favoriser la formation continue, lutter contre l’échec scolaire dès le plus jeune âge, accorder plus de moyens aux établissements défavorisés et aux professeurs qui y travaillent, mettre en place des parcours et des programmes de seconde chance, réhabiliter les filières professionnelles, voilà des orientations que je partage avec vous. Dans une ville populaire comme la nôtre, l’école publique, laïque et gratuite, est le creuset de tous les espoirs, de toutes les attentes. Transmettre des savoirs, c’est transmettre de l’intelligence.

Votre rôle est central, capital et essentiel. A ce titre, je vous recommande de découvrir le documentaire « Lundi, c’est violet », reportage touchant, humain, tourné ici même dans une classe de la maternelle Anatole France. Il sera rediffusé sur France 3 Rhône-Alpes, Alpes et Auvergne le 26 septembre à 23h55, et vous pouvez aussi le retrouver sur le site internet de France 3 Rhône-Alpes.

Sachez enfin que la ville, l’équipe municipale et nos services, seront, comme tous les ans, à votre écoute et à vos côtés, pour accompagner les écoliers et les jeunes sur le chemin de la connaissance, de la tolérance et de la citoyenneté.

Je vous remercie et vous souhaite la bienvenue, ainsi qu’une bonne année de travail, ici parmi nous à Vénissieux.

X