30 ans du théâtre

…Oui, Vénissieux est une ville de culture, une ville qui aime la création, une ville qui sera toujours proche des hommes et des femmes sans lesquels il n’y aurait plus de spectacle vivant, et beaucoup moins d’émotions partagées dans les salles…

Se réapproprier la culture comme levier de l’aménagement du territoire. Se réapproprier la culture pour repenser et rééquilibrer les rapports entre la ville centre et la ville périphérie. Se réapproprier la culture comme sédiment du vivre ensemble et, dans la lignée de la Maison du Peuple, comme outil essentiel du vivre ensemble.

Se réapproprier la culture comme un espace de création, un espace d’émotions et d’interrogations collectives. Se réapproprier la culture pour émanciper, éduquer, pour briser les murs de l’ignorance, pour renforcer l’esprit critique des jeunes générations. Ce sont ces défis qui ont présidé à la création, en 1985, du Théâtre de Vénissieux. Trente ans après, les faits nous donnent raison, les défis ont bien été relevés. L’ambition culturelle n’a jamais quitté ce lieu. Elle était présente lorsque la Maison du Peuple et de la Prévoyance Sociale a été créée en 1934-1935. Elle était toujours là, et même plus que là, lorsque la ville de Vénissieux a entrepris la grande réhabilitation du bâtiment en 1985.

Aujourd’hui, cette ambition est intacte dans cette salle de 530 places, intacte dans l’espace Arts Plastiques Madeleine-Lambert, créé un peu plus tard, en 1991. Intacte à l’intérieur des murs, intacte à l’extérieur des murs.

Oui, Vénissieux est une ville de culture, une ville qui aime la création, une ville qui sera toujours proche des hommes et des femmes sans lesquels il n’y aurait plus de spectacle vivant, et beaucoup moins d’émotions partagées dans les salles. Ces hommes et ces femmes sans lesquels la vie de nos quartiers deviendrait monochrome.

L’école de Musique Jean-Wiener, la Médiathèque Lucie Aubrac et ses bibliothèques de quartier, le cinéma Gérard-Philipe, les ateliers Henri-Matisse, l’Espace Pandora, les résidences de compagnies, de poètes et écrivains : la culture doit essaimer sa force de création dans tous les quartiers de Vénissieux.

La dernière résidence en date, la première d’un plasticien, Bruce Clarke, ne vient-elle pas de transformer, à travers une fresque remarquable, un endroit de passage en un lieu singulier. Voilà ce que construit la culture, une identité de la ville, une individualité de la personne. Hier comme aujourd’hui, et comme demain avec le nouvel équipement Bizarre, lieu dédié aux cultures urbaines et musiques actuelles, dont les travaux seront achevés à la fin de l’année.

Les 30 ans du Théâtre montrent combien un équipement et un projet culturels peuvent rapprocher les habitants de leur territoire, au fil des saisons, au fil des générations. 17 personnes travaillent ici avec passion et dévouement. Je tiens à toutes les remercier et à saluer le travail de la directrice, Françoise Pouzache, et de son équipe.

Depuis 30 ans, entre 800 et 900 spectacles différents ont été proposés aux Vénissians. Des créations ont été accueillies, des résidences de compagnie ont créé des passerelles entre les Vénissians et les artistes. Dans les processus de création et dans de nombreux projets, les milieux scolaires et les structures partenaires du territoire (centres sociaux, centres d’hébergement, de formations) ont été impliqués et associés.

La saison dernière, 26 projets en milieu scolaire ont eu lieu avec des artistes, soit 690 élèves concernés pour 575 heures d’intervention. Ces chiffres donnent une idée du rôle-pivot que joue le Théâtre dans l’animation et le quotidien de nos quartiers. Lors de la saison 2014-2015, 12 150 spectateurs ont répondu présent, dont plus de 4 400 en séances scolaires, des maternelles aux collèges. C’est d’autant plus remarquable que l’éducation artistique, culturelle des plus jeunes reste notre fer de lance, notre objectif depuis, on peut l’affirmer, 1935 et la création de la Maison du Peuple.

Personne, parmi toutes les équipes municipales qui se sont succédé, n’a envisagé de mettre en place une culture du surplomb, une culture officielle qui écrase, mais au contraire une culture horizontale, une culture qui rapproche, qui rassemble, qui garde ses racines populaires.

Ce théâtre que nous aimons tous a connu des évolutions, mais aussi un changement de taille : son rayonnement, qui n’a cessé de s’étendre au–delà des frontières de la commune, jusqu’à devenir un lieu culturel fort, reconnu et identifié de l’agglomération lyonnaise. Là encore, c’est le fruit d’un travail de longue haleine, le fruit aussi d’une synergie entre tous les équipements culturels et les personnels de la ville de Vénissieux.

Des partenariats solides ont été tissés au cœur de l’agglomération avec le TNP, les Célestins, la Maison de la Danse, l’Opéra. La reconnaissance institutionnelle a suivi : le Théâtre est conventionné Scène Régionale Rhône-Alpes avec le Conseil Régional et soutenu par la Drac, la Métropole et la Politique de la Ville. Il fait partie du réseau ScènEst, qui regroupe six théâtres de l’Est lyonnais et propose des parcours « découvertes » à des prix avantageux.

Enfin, on le sait peut-être moins, mais le Théâtre de Vénissieux appuie les politiques d’égalité et de parité hommes-femmes dans le spectacle vivant. La ville de Vénissieux soutiendra toujours la culture. C’est notre histoire, notre patrimoine, c’est notre identité. Il n’y a pas de lien social, pas de vivre ensemble sans elle. Nous parlons d’un enjeu qui nous concerne tous, la cohésion sociale et la cohésion territoriale. Nous avons besoin de la culture et la culture, aujourd’hui, a besoin de nous. Elle a besoin qu’on la soutienne, contre les politiques d’austérité, contre ces discours faciles et populistes qui consistent à faire croire qu’elle est devenue, en temps de crise, secondaire. Festivals, manifestations diverses, maisons de la culture : plus de 200 lieux et rendez-vous populaires ont été rayés de la carte en France en un peu moins d’un an.

Ce qui disparaît, ce sont des métiers de la création, des associations, des intermittents, tous ceux qui tissent des fils invisibles dans la vie de nos quartiers et dans notre vie tout court. Il faut les défendre, et interpeller les pouvoirs publics et le gouvernement sur les désastres que l’austérité provoque dans nos territoires et parmi nous.

Ce Théâtre a aujourd’hui 30 ans, il est le symbole et l’illustration de la force de notre politique culturelle et de nos politiques de proximité. Quand je vois l’énergie qu’il dégage, les créations qu’il accueille, le public qu’il touche, je suis certaine que notre théâtre a de très beaux lendemains devant lui.

Un grand bal populaire va marquer les 80 ans de la Maison du Peuple et les 30 ans du Théâtre de Vénissieux. Je trouve l’idée remarquable tant en ce lieu se croisent la fraternité, la ferveur populaire et les voix de si nombreuses générations de Vénissians.

Je vous remercie et vous souhaite une excellente soirée.

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