Nouveau programme national de renouvellement urbain

« Pour les communistes, les politiques publiques n’ont pas d’autres sens que de répondre aux besoins des populations. Le droit au logement pour tous est inaliénable, et nous n’envisageons pas le déplacement des habitants à coût de chiffres, de pourcentages et de seuils. Notre vision est en cohérence avec nos valeurs, les mêmes qui nous engagent à assumer nos responsabilités, dans l’accueil des migrants venus de la « jungle » de Calais, dans un esprit de solidarité, de partage et de respect de la dignité humaine. »

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Dans le débat qui nous anime depuis plusieurs semaines, autour du logement social, j’aimerais, pour une fois, que nous commencions par « parler humain », avant de « parler chiffre ».

Pour les communistes, les politiques publiques n’ont pas d’autres sens que de répondre aux besoins des populations. Le droit au logement pour tous est inaliénable, et nous n’envisageons pas le déplacement des habitants à coût de chiffres, de pourcentages et de seuils. Notre vision est en cohérence avec nos valeurs, les mêmes qui nous engagent à assumer nos responsabilités, dans l’accueil des migrants venus de la « jungle » de Calais, dans un esprit de solidarité, de partage et de respect de la dignité humaine.

La politique publique du logement que nous défendons parle avant tout d’humain. Nous considérons que la « loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine » est un progrès, par rapport à l’ère Sarkozy, où le logement était envisagé, non pas comme un droit, mais comme un capital retraite. Le NPNRU est un dispositif utile à une transformation positive de la ville et de ses quartiers, pour les habitants. Nous assistons néanmoins à une lutte désespérée du gouvernement socialiste, tiraillé entre la pression populaire lui demandant de parcourir le chemin vers des avancées significatives, et la pression de la finance, l’amenant à des choix budgétaires impossibles, dans l’élan social-libéral du pacte de responsabilité.

En 2014, les parlementaires communistes ont adopté une attitude constructive, que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat, afin de faire évoluer positivement la « loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine » et ses dispositifs, tout en dénonçant les moyens alloués, largement en deçà des besoins (5 Milliards au lieu de 12 Milliards).

Nos sénateurs avaient proposés six amendements, qui ont été adoptés. L’un d’eux actait l’indispensable co-construction entre les communes et les intercommunalité, en dépassant la simple question du transfert de compétence. Vous étiez alors convaincu de ce nécessaire dialogue, monsieur le Président. Nous espérons que c’est toujours le cas.

Nos sénateurs communistes ont également fait acter, dans le NPNRU, que soit respecté le « un pour un », c’est-à-dire que pour tout logement démoli, un autre logement soit reconstruit, et ce, suite au bilan de l’ANRU, qui faisait apparaitre plus de démolitions que de constructions, bilan inacceptable dans le cadre de la crise du logement que nous subissons. Avait également été évoqué, en son temps, la question de la reconstruction préalable, qui n’est visiblement plus d’actualité.

De plus, le principe qui inscrit cette loi dans une démarche de co-construction avec les habitants, ne nous oblige-t-il pas à les écouter quand ils s’expriment sur leur choix de lieux de vie ? Il y a un principe de réalité : deux tiers des ménages vénissians à reloger après les démolitions, souhaitent retrouver un logement social à Vénissieux, dont un tiers dans leur quartier. Tout comme les autres Vénissians, ils souhaitent vivre à Vénissieux, parce qu’ils y sont nés, parce qu’ils y ont grandi, parce qu’ils sont investis dans une association, parce que cette Ville de première couronne, bien dotée en transport en commun, leur apporte la proximité de l’emploi, des universités, des centres de soins, parce qu’ils sont tout simplement attaché à leur Ville, à leurs racines, à leur histoire.

Venons-en aux chiffres et à quelques questions.

Entre votre engagement 2016-2017 de la reconstruction d’un tiers des logements démolis, et l’objectif de rééquilibrage du logement social dans l’agglomération, fixant la part de reconstruction à 50% à Vénissieux, combien des 197 démolitions ICF, situées sur notre commune, y seront concrètement reconstitués ?

Pour répondre à la demande, bien légitime des habitants, souhaitant rester à Vénissieux, nous avons besoin immédiatement, de la totalité des 66 reconstructions prévues.

Mais notre demande ne s’arrête pas à ce chiffre. Nous insistons sur le principe du « un pour un », avec 100% de reconstruction sur notre commune, Ville de première couronne, territoire en forte dynamique et disposant de foncier.

De plus, nous nous opposons aux dispositions de l’ANRU, visant à ne reconstituer aucun logement dans le parc social, sur les quartiers en QPV. Car en réalité, si nous construisions de nouveaux logements sociaux au sein des quartiers, la mixité ne s’en porterait que mieux. 70 % des ménages sont éligibles au logement social. Comment parler de mixité sociale, quand les moins défavorisés de ces 70%, sont priés de bien vouloir aller se loger ailleurs ? Au contraire, proposons tous types de logements sociaux au sein des quartiers, et la mixité se créera de fait !

J’invite tous ceux qui continuent à stigmatiser le logement social, par méconnaissance ou par calcul politique, à la lecture du Progrès de mardi dernier, qui explique très bien les avantages des PLS, avec l’exemple de Vilogia. Dossier sur lequel nous sommes d’accord, monsieur le président.

D’autre part, concernant la fameuse recherche de mixité et d’équilibre, je remarque un petit défaut de cohérence : le logement social serait l’ennemi de la mixité, par contre, c’est bien aux Minguettes que l’on me demande d’accueillir 40 migrants… Monsieur le Président, je me demande ce qu’en pense monsieur GUILLAND, qui nous a bien surpris, lors du dernier conseil, en vous apportant le soutien des Républicains, dans, je le cite, « le bras de fer » qui nous oppose.

Enfin, monsieur le Président, nous avons été agréablement surpris par votre récent passage sur France info. À la question de Philippe Vandel, dans « Tout et son contraire », qui vous demandait s’il fallait obliger les gens à déménager pour éviter les ghettos, vous avez répondu que vous vouliez éviter cela. Nous sommes donc d’accord, il faudra bien proposer des solutions de relogement, pour ceux qui veulent rester dans leur quartier.

Après le NPNRU, la deuxième partie de la délibération concerne la délégation des aides à la pierre. La mention des deux dispositifs, au sein d’une même délibération, suppose-t-elle que les objectifs chiffrés annuels de financement seraient désormais fusionnés ? La Ville de Vénissieux souhaite s’assurer, au contraire, que les 91 reconstructions 2016-2017, plus les 100 logements par an dans le cadre du PLU-H, seront bien financés sur la période correspondante.

Notre groupe souhaite rappeler que le candidat Hollande, avait promis le doublement des aides à la pierre. Or, il les a divisées par deux, ce qui constitue une véritable irresponsabilité.

De plus, tous les dispositifs tendent à engager une diminution du logement social à Vénissieux. Dès lors, comment résoudre l’équation des 3 000 demandes en attente, dont 2 000 Vénissians, avec une diminution de l’offre désormais passée en dessous de 50%, avec toujours 3% de rotation ? Pour les demandeurs, l’’inéquation devient insupportable, avec plus de deux années d’attente.

Où doivent aller vivre ces gens, alors que les communes qui n’ont pas encore réussi à tenir les engagements SRU de 25% de logement social, doivent déjà répondre à leur propre demande locale ?

Je vous remercie.

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