Vœux de la SACOVIV

Ci-après l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de la présentation des vœux de la SACOVIV, Jeudi 20 janvier 2011

Ci-après l’intervention de Michèle Picard à l’occasion de la présentation des vœux de la SACOVIV, Jeudi 20 janvier 2011

Les années passent et rien, sur le fond, ne change. Les années passent mais la situation, elle, empire et se dégrade à vue d’œil.

On ne pourra pas dire, en matière de logement en général et de logement social en particulier, qu’on ne savait pas, que l’Etat n’était pas au courant. Que faut-il attendre pour que les pouvoirs publics bougent, agissent enfin à la hauteur de l’urgence sociale et de la détresse qui s’expriment sur le terrain, et que l’on retrouve dans les chiffres publiés lors des dernières enquêtes.

Au début de cette année, celle de l’INSEE notamment a confirmé, en premier lieu, tous les bilans préalables des associations, que ce soit la fondation Abbé Pierre ou le DAL, souvent accusées de grossir et de déformer les chiffres à des fins partisanes. Et bien non, et que le gouvernement cesse de faire la sourde oreille, la situation décrite par les intervenants sociaux et associatifs est bien la même que celle de l’INSEE. C’est la réalité palpable, réelle, c’est la situation catastrophique vécue au quotidien par des millions de Français. Alors répétons-les, en 2011 comme en 2010. Répétons-les, quitte à rabâcher, quitte à passer pour quelqu’un qui n’en démord pas, têtu et en colère. Répétons-les car les taire ce serait déjà s’y habituer, s’y résigner, s’y accoutumer.

La crise du logement et du mal-logement touche 10 millions de personnes, 1 français sur 6 ! Le nombre de personnes sans domicile s’élève à 133 000 en métropole. Il y a 3,5 millions de personnes mal-logées sur notre territoire : 1 million vivent dans des logements surpeuplés, 1 million dans des logements sans toilette, sans salle de bain ou sans chauffage, 1 million dans des « logements » non permanents (tentes, voitures, amis), 500 000 dans des structures collectives. De l’indécent et de l’indigne, passons au cynisme et au sordide : 1 enfant sur 6 subit les conséquences du mal-logement, 16 000 enfants sont sans toit, entre 30 et 40 000 personnes sont expulsées chaque année, soit une augmentation de près de 50% en l’espace de 10 ans .

Et qu’a fait le gouvernement lors de ces 12 derniers mois ? Déjà, il a enterré en silence et en toute discrétion les grandiloquentes promesses de 2007 ? Qui peut me dire ici où sont passés le plan Marshall pour les banlieues de Nicolas Sarkozy et le plan espoirs banlieues de l’ancienne ministre, Fadela Amara ? Silence radio ! Qui peut me dire ici quelle est l’ambition de la politique de la ville de l’Etat alors que des doutes planent sur un ANRU 2 et que son nouveau ministre, Maurice Leroy, a d’ores et déjà annoncé des orientations a minima. Silence inquiétant.

Qui peut me dire pourquoi en matière de logement social des communes s’affranchissent en toute impunité de la loi SRU, laquelle impose 20% de logements sociaux dans les villes de plus de 3500 habitants ? 45% des communes assujetties, soit 325 en tout, ne respectent pas la loi et 240 seulement ont été sanctionnées. Dans l’agglomération lyonnaise, 24 communes n’atteignent pas la barre des 20% et le pourcentage global de logements sociaux y a diminué passant de 23 à 22,7%. Résultat : on compte sur le Grand Lyon 50 000 demandes de logements sociaux en 2010 contre 44 000 en 2005. Ce serait mentir que d’affirmer que le gouvernement n’a pas pris une seule décision en 2010. Il en a pris une, radicale, injustifiable et injustifiée : prélever sur les organismes HLM la contribution sur les revenus locatifs soit 1 milliard d’euros en trois ans.

Après avoir fait main basse sur le 1%, il rackette, il n’y a pas d’autre mot, le logement social, favorise avec la loi Scellier la construction de logements privés et se désengage peu ou prou de la construction et de la réhabilitation du logement social. Ce sont les HLM et donc leurs locataires qui vont financer la construction de logements sociaux ! Incroyable, ahurissant et, disons-le tout net, immorale inversion des priorités, qui fait payer les pauvres alors que les nantis continuent d’engranger les bénéfices de la spéculation immobilière. Pour bien mesurer les effets et conséquences de cette démission en rase campagne, je vous livre trois chiffres :

  • baisse du budget « ville et logement 2011 » de 200 millions d’euros par rapport à 2008
  • baisse de l’aide à la pierre : 135 millions
  • baisse des APL : 90 millions.

Avec une politique nationale pareille, les communes ont bien du mérite à continuer d’œuvrer dans le sens de l’intérêt général. Elles ne peuvent pas tout faire, c’est une évidence, mais en tant que maire de Vénissieux, nous pouvons être fiers de maintenir avec force et volonté le cap du logement social. Cette année encore, des programmes audacieux, réalisés ou en cours de réalisation, sont sortis de terre sur l’ensemble de notre commune. Ce sont les 30 logements locatifs sociaux d’Ambroise Croizat II, bénéficiant du label Qualité Bâtiment Basse Consommation, très bel ouvrage de la Sacoviv.

C’est le multipartenariat du plan de sauvegarde des Grandes Terres des Vignes, ce sont les Jardins du Monery et Oschatz Démocratie dont on a posé la première pierre, ce sont les logements sociaux locatifs et une maison départementale du Rhône de la ZAC Parilly, c’est le programme Le Corallin qui valorise l’entrée sur le plateau des Minguettes.

Tout ça a eu lieu en 2010, condensé révélateur du dynamisme retrouvé de Vénissieux, un dynamisme porteur d’avenir !

Un chiffre parle plus qu’un long discours : 564 logements neufs ont été livrés en 2010 à Vénissieux, on peut s’en prévaloir et s’en féliciter. N’oublions pas non plus de mentionner l’îlot du Cerisier, les maisons de ville de la Darnaise, de nouveaux logements du quartier Monmousseau… Et nous n’avons pas écrit la fin du chapitre car d’autres projets forts (Vénissy, le Puisoz, le groupe scolaire Joliot-Curie) vont continuer de tirer notre ville par le haut.

2010 enfin, c’est aussi, ne l’oublions pas, la détresse des habitants de la Résidence Aulagne, auprès desquels nos services ont été très présents, et qui prouve une nouvelle fois que les urgences en matière de logement sont multiples : programmes de constructions, mais aussi de réhabilitation de l’existant, dont l’Etat ne peut se soustraire, ni s’en débarrasser sur le dos des collectivités territoriales.

En 2011, le chemin qui s’offre à nous est bien tracé. Continuer de construire cette ville, Vénissieux que nous aimons tant et qui nous est chère, au cœur de laquelle le logement social et les missions de service public de proximité servent l’intérêt général, l’intérêt des familles vénissianes, l’intérêt d’une cité profondément républicaine. Vu le contexte actuel et les politiques capitalistes menés à ce jour, tenir cette ligne-là, c’est Résister ! Un verbe noble, à l’orée d’une nouvelle année qui comblera, je vous le souhaite, vos attentes et vos espoirs. Je vous remercie.

VoeuxSACOVIV20012011

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