Vœux à la presse

Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, a adressé ses vœux 2025 à la presse : l’occasion de présenter une année 2025 qui s’annonce dense.

A l’échelle internationale comme nationale, l’année 2024 aura été chaotique, et le plus souvent dramatique.

En Ukraine, en Palestine et dans de nombreux autres pays, le sang coule et les populations civiles périssent sous les bombardements.

La souveraineté des Etats et le droit international ont volé en éclats. Jamais un tel degré de violence n’avait été atteint depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Dans la bande de Gaza, ce que vivent les Palestiniens, en prise à la famine et à la malnutrition, est insoutenable. Il faut arrêter cette course folle meurtrière qui a fait plus de 40 000 morts dans la bande de Gaza.

Le cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier entretient un espoir fragile.

Espérons qu’il débouche à moyen terme sur une solution politique avec la constitution de deux Etats souverains et reconnus, en application des résolutions adoptées par les Nations-Unies. 

Nous en sommes loin, mais la résignation et l’abattement nous rendraient complices de guerres qui n’en finissent pas.

Aujourd’hui plus que jamais, la paix et nos démocraties sont menacées par la montée de l’extrême droite ou le recours, par désarroi ou par dépit, à des régimes autoritaires. L’élection de Trump en est la dernière illustration.

Et le péril pour nos libertés et citoyennetés est bien réel, je le crois et je le crains.

En France, l’année politique a été mouvementée.

La dissolution de l’Assemblée décidée par Emmanuel Macron, que les Français n’ont toujours pas comprise, a mené le pays dans une impasse et provoqué une crise institutionnelle.

Désastreuse sur le fond comme sur la forme, cette dissolution a profité au Rassemblement National qui est passé de 88 députés à 124, plus les 16 députés de l’UDR d’Eric Ciotti.

C’est Emmanuel Macron en personne qui active la crise en imposant coûte que coûte ses politiques alors qu’il a perdu sa majorité et son pari de la dissolution. Il s’obstine dans son libéralisme, cherche des majorités introuvables en méprisant les forces de gauche et son électorat.

Après la chute du gouvernement Barnier, François Bayrou vient de prononcer son discours de politique générale. Qu’a-t-il annoncé ?

Dans le cadre de la dette publique nationale, la contribution demandée aux collectivités est de 2,2 milliards d’euros, contre les 5 milliards prévus initialement. Il faut prendre ces chiffres avec des pincettes.

Quand le gouvernement Barnier parlait de 5 milliards d’économies, nous étions en fait plus proches des 9, 10, voire 11 milliards d’euros pour les collectivités.

Car le gel de la TVA, le rabotage du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée et les coupes brutales dans le fonds vert faisaient grimper l’addition.

A ce jour, le « fonds de réserve » visant à prélever 3 milliards d’euros sur les recettes de fonctionnement de 450 grandes collectivités locales a été supprimé par les sénateurs.

A sa place, un dispositif de lissage des recettes fiscales concernant moins de 2.000 collectivités pour une contribution totale de 1 milliard d’euros serait à l’étude. L’abaissement du taux du Fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA) qui aurait représenté 800 millions d’euros en moins pour les collectivités serait également supprimé.

Par contre, les parlementaires n’ont pas touché au gel de la dynamique de la TVA affectée aux collectivités, une mesure ayant un impact de 1,2 milliard d’euros pour les collectivités locales. Le flou et les incertitudes concernant le PLF 2025 demeurent.

Vous l’aurez compris : les collectivités locales continuent de naviguer à vue.

Nous savons que nous serons mis à contribution, mais jusqu’à quel point et sous quelle forme, nous l’ignorons.

Il y a néanmoins quelques vérités bonnes à rappeler.

En France, toutes les études montrent que la santé financière des collectivités locales est bonne, leur dette ne représente qu’1/10ème de celle de l’Etat.

Leur situation est stable depuis des années quand la dette de l’Etat a été multipliée par 2,5 depuis 30 ans.

Les collectivités locales ne représentent que 18% des 1608 milliards d’euros dépensés par les administrations publiques en 2023.

Il y a un cynisme démagogique de la part des différents gouvernements et une hypocrisie profonde dans la réitération de ces discours, qui louent les vertus des services publics de proximité en temps de crise, comme lors de la pandémie par exemple, et les pointent du doigt quand il faut rassurer la finance.

La tendance de fond qui est en route depuis plus de dix ans, c’est d’étouffer les financements des collectivités locales, et de limiter ainsi leurs choix, leurs singularités et de verrouiller l’autonomie de leurs politiques de proximité.

Enfin, permettez-moi d’exprimer de vives inquiétudes au sujet des Politiques de la Ville de l’Etat. Elles sont les grandes absentes du débat actuel et personne ne connaît les ambitions du gouvernement en la matière.

On peut craindre une nette réduction des moyens financiers alors que la pauvreté et la précarité explosent dans les quartiers populaires.

A Vénissieux, l’extension des périmètres inscrits en politique de la ville traduit les réelles difficultés sociales des habitants. A ce jour, la géographie prioritaire recouvre entre 27500 et 30000 habitants, soit plus de 40% de la population vénissiane. Le sujet n’est donc pas anodin !!!

C’est dans ce contexte, avec beaucoup d’inconnues, que nous avons bâti notre budget 2025.

Je ne vais pas détailler les grandes lignes que vous connaissez déjà, mais insister sur l’équilibre que nous maintenons entre notre rôle d’amortisseur social et notre montée en puissance en termes d’investissements.

Impacté par des crises à répétition, ce mandat n’a pas été de tout repos ! Nous avons été sur tous les fronts pendant la crise sanitaire, pendant la crise de l’inflation, pendant la crise des coûts énergétiques.

Sur tous les fronts, cela veut dire que nous avons répondu très rapidement aux besoins des Vénissians et de tous les acteurs de terrain.

Habitants, associations, entreprises et commerces, culture, clubs de sport, par le biais des subventions exceptionnelles, du gel de notre fiscalité et du gel de nos tarifs municipaux en 2024, par les exonérations accordées au secteur économique, nous avons soutenu tous les Vénissians pour qu’ils puissent faire face à des crises brutales.

Il a fallu protéger, accompagner, écouter les habitants pour apporter des réponses directes, utiles, rapides.

Qu’on ne se trompe pas, dans les villes populaires comme les nôtres, les crises ne se succèdent pas, elles s’agrègent, s’enracinent dans le quotidien.

Se nourrir, se soigner, se déplacer, se loger, se chauffer, tout devient compliqué pour les familles.

Pour les jeunes aussi, très exposés lors des deux crises, aussi bien au niveau de leurs cursus, parfois interrompus, que dans leurs difficultés financières pour trouver un logement ou face au coût de la vie.

Dans le cadre du calendrier de notre plan de mandat, il a fallu gérer et décaler dans le temps des chantiers mis à l’arrêt lors des périodes de confinement.

Malgré ces nombreux contretemps, je peux vous assurer que le plan de mandat 2020-2026 sera réalisé en temps et en heure.

C’est une forme de prouesse, mais aussi l’expression de la combativité de notre équipe municipale, qui n’a rien lâché, rien cédé, pour aider les Vénissians, et du choix de défendre nos services publics de proximité dont la présence sur le terrain a été particulièrement indispensable depuis 2020. Bien sûr, tout n’a pas été résolu, mais je peux vous certifier que sans nos politiques de solidarité, les crises auraient été plus violentes et virulentes encore pour les familles les plus modestes et les plus fragiles.

Nous avons répondu avec force et détermination à l’urgence sociale, au CCAS, dans tous nos services et Vénissieux aura été l’une des seules villes de l’agglomération à actionner les trois leviers en même temps : gel de la fiscalité, gel des tarifs municipaux et subventions exceptionnelles aux associations.

Il y a des vérités bonnes à rappeler !

Le premier rendez-vous 2025 aura lieu dans peu de temps, le 6 février. Lors d’une grande réunion publique, nous allons organiser la restitution des résultats de la consultation, organisée du 25 septembre au 13 novembre, sur le thème du Mieux vivre en tranquillité à Vénissieux. Cette consultation a été très suivie par les Vénissians avec la participation de près de 8000 personnes.

Lors de cette restitution, tous les acteurs de terrain concernés seront réunis pour écouter les Vénissians et analyser les résultats.

Il n’y a rien de pire que de taire les choses. Aucun sujet n’est tabou à Vénissieux, il faut parler des incivilités, qui nous agacent, nous exaspèrent, dégradent le cadre de vie, et que certains instrumentalisent politiquement pour diviser notre société.

Notre prise de conscience doit être collective, dans le constat comme dans les solutions à trouver.

Nous avons triplé notre brigade d’agents de surveillance de la voie publique, signé une convention avec la justice notamment pour mettre en place une politique pénale de proximité relative aux incivilités afin de rendre les sanctions plus rapides et plus efficaces.

Nous avons également créé une commission de prévention des incivilités.

Ces dispositifs s’ajoutent au travail partenarial avec la police nationale, les bailleurs, le Sytral, la justice, la police municipale.

Depuis deux ans, nous avons poursuivi l’extension de notre réseau de vidéosurveillance avec 24 nouvelles caméras. Pas d’angélisme ni de démagogie en matière de sécurité dans notre ville.

Au sujet de la lutte contre le trafic de stupéfiants, nous demandons plus de moyens humains et financiers pour la police nationale, la justice, les douanes. Il n’y a pas d’autres solutions possibles pour démanteler les réseaux, alors que la brutalité des règlements de comptes se généralise en France.

Cette année comme les précédentes, nous remettrons l’ouvrage sur le métier.

Et 2025 sera animé pour les journalistes que vous êtes car nous avons maintenu, comme promis aux Vénissians, un mandat d’investissements ambitieux.

Au programme cette année la mise en service de l’équipement polyvalent Annie-Steiner, de la crèche Graine d’Eugénie et du centre social Roger Vailland réhabilités, de l’extension du groupe scolaire Ernest Renan.

Nos politiques 3ème âge ne sont pas en reste avec la fin de la rénovation des réseaux sanitaires et de chauffage de la résidence Ludovic Bonin, accompagnée de l’aménagement et du rattachement du square limitrophe qui servira désormais aux activités en plein-air des résidents.

La voie lyonnaise n°2 est en cours de réalisation tandis la voie lyonnaise n°7 vient d’être inaugurée. Tout comme l’aménagement du boulevard Yves Farge, axe majeur qui traverse Saint-Fons et Vénissieux, appelé à devenir, début 2026, un véritable boulevard urbain paysager.

Un programme très dense, sans oublier la mise en route de notre prochaine Maison des mémoires et les travaux en cours de la future et nouvelle Piscine Delaune.

Et puis bien sûr, il y a la question environnementale. Vous connaissez mes positions sur la ZFE dont personne ne remet en cause les objectifs sanitaires et d’une meilleure qualité de l’air.

Le problème n’est pas là, il est dans un calendrier beaucoup trop serré pour l’interdiction de circulation des Crit’air 3. 30% du parc automobile de Vénissieux est concerné.

Il faut assouplir ce calendrier et se donner un peu de temps, d’autant que le contexte d’inflation réduit les marges de manœuvre des familles modestes et d’une très large majorité des populations des quartiers populaires. Croire qu’elles ont les moyens en ce moment même d’acheter un nouveau véhicule, c’est oublier à quel point il y a d’autres priorités plus urgentes : le logement, l’alimentation, la santé.

Il faut aussi rappeler l’Etat à ses devoirs : c’est la loi qui a instauré les ZFE, et c’est au gouvernement de revenir sur la suppression des primes à la conversion, une aberration totale en période de transition écologique.

La contradiction s’étend d’ailleurs aux collectivités :

l’Etat leur demande de renforcer leurs politiques environnementales tandis que dans le même temps il rabote le fonds vert qui leur est destiné.

A ce sujet, notre ville n’a pas attendu ces derniers mois pour prendre à bras le corps l’ensemble de ces questions. Dès 2008, nous avons agi en la matière et notre premier agenda 21 remonte à 2011 ! La commission nationale du programme Territoire Engagé Transition Ecologique –Climat Air Energie vient de nous décerner une quatrième étoile dans le cadre de sa campagne de labellisation.

Elle valorise ainsi toutes les actions entreprises en matière d’isolation de nos bâtiments, de lutte contre l’effet de serre, de développement des modes de déplacement doux, de notre programme de végétalisation des écoles et de création d’îlots de fraîcheur, du vaste plan de passage en LED de tout notre éclairage public d’ici 2027.

A travers nos différentes PPI, nos investissements vont se poursuivre de façon méthodique.

Vous l’aurez compris, l’actualité à Vénissieux en 2025 sera dense.

Le numérique, les réseaux sociaux et aujourd’hui l’intelligence artificielle brouillent les frontières entre information et désinformation, entre réalité et manipulation. On peut déjà imaginer les bienfaits, mais aussi les dangers de l’IA dont il faudra maîtriser les usages sur les plateformes et internet.

Ces questions vont toucher notre rapport au monde et notre rapport à l’information, au réel.

Je suis convaincue qu’il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression, sans la presse écrite, sans le débat contradictoire nécessaire. Informer est un droit, un devoir, mais on a aussi oublié que c’était un métier exigeant, le vôtre, dans le recoupement de l’information, sa fiabilité, sa crédibilité, sa mise en perspective, etc.

L’information n’est pas une rumeur, qu’on diffuse sur les réseaux sociaux en brouillant les frontières entre réalité et manipulation.

Oui, je tiens à une presse libre, indépendante de tout pouvoir, une presse aiguillon des débats de société et politiques.

Je voudrais finir ces vœux par une bonne nouvelle, avec le rejet du Tribunal Administratif des requêtes de nos opposants concernant le journal Expressions.

La justice donne raison à la ville de Vénissieux en confirmant une bonne fois pour toutes qu’Expressions est bien un service public local et que nos subventions, dans ce cas précis comme dans tous les autres, servent l’intérêt général et les Vénissians.

C’est aussi une bonne nouvelle pour les habitants, qui ont montré en signant en nombre la pétition leur attachement à l’information locale de proximité. 

Ils savent qu’ils retrouveront dans Expressions la pluralité et le pluriel des hommes et des femmes qui font Vénissieux au jour le jour.

Je vous souhaite donc une excellente année 2025, d’épanouissement et de curiosité à titre individuel et professionnel.

Je vous remercie.

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