Samedi 5 avril 2014, les 49 conseillers municipaux élus par les Vénissians ont été installés officiellement. Michèle Picard a été élue Maire de Vénissieux, s’entourant d’une équipe de 17 adjoints. Retour en vidéo sur l’installation du Conseil municipal pour la mandature 2014-2020.
Retrouvez l’intervention de Michèle Picard, lors de l’installation du Conseil municipal, Samedi 5 avril 2014.
Je tiens à remercier, dans un premier temps, les Vénissians qui nous ont accordé leur confiance, ainsi que les militants et le comité de soutien, qui se sont engagés dans cette campagne.
J’adresse aussi mes félicitations aux nouveaux élus du conseil municipal, qui s’installe aujourd’hui, et à ceux de la majorité municipale qui agiront, par et pour les Vénissians, dans un contexte économique difficile.
Le contrat communal que vous nous avez confié, nous allons le porter avec vous, pour poursuivre l’élan indéniable de Vénissieux. L’urgence sociale des villes populaires s’est manifestée avec virulence, lors de ce scrutin. Nous devons y répondre en faisant preuve d’exemplarité, d’un dévouement de tous les instants, et d’une détermination sans faille, dans le respect des valeurs républicaines. Les habitants attendent, à juste titre, beaucoup de nous, et nous devrons être à la hauteur des nombreux défis qui vont se présenter, sans esprit partisan, sans esprit de clan, sans démagogie.
“ Je ne suis pas le maire des électeurs qui se sont portés sur notre liste, je suis le maire de tous les Vénissians. Je ne suis pas le maire d’un quartier, mais le maire de tous les quartiers de Vénissieux.
Cette exigence était déjà la mienne en 2009, la légitimité des urnes la renforce encore, si besoin était.
Nous sommes donc là, ensemble, pour l’intérêt général, nous sommes là pour redonner au débat démocratique ses lettres de noblesse, nous sommes là pour agir et porter haut l’esprit républicain : solidarité, laïcité, tolérance et respect de l’autre. Le conseil municipal est le premier lieu d’échanges, de contradictions, d’innovations de la République, c’est une chance pour l’expression de la diversité politique, à nous de le rendre constructif, exemplaire et audacieux, pour tous les Vénissians. L’image de Vénissieux en sortira grandie, le lien avec les habitants renforcé, les valeurs de notre ville populaire indivisibles. Une ville ouvrière et solidaire, une ville de la diversité et de tolérance, une ville jeune et ouverte d’esprit, une ville qui sait se faire respecter et qui mérite qu’on la respecte.
C’est aussi cette histoire d’engagements, de luttes et de conquêtes sociales, d’épreuves et de victoires, que chacun de nous doit incarner, ici au conseil municipal. Nous sommes les maillons de l’histoire d’une collectivité bien plus ample que notre propre sort, nous devons être des maillons dignes de tous ceux qui nous ont précédés, dignes de notre patrimoine industriel, dignes des valeurs républicaines, 1789, 1848, de la résistance et du CNR, des avancées sociales, notamment dans le monde du travail, de 1968.
C’est un honneur qui m’est fait de succéder à Ennemond-Romand, Louis Dupic, Marcel Houël et André Gerin. Ce devoir de mémoire et de respect, je l’adresse également aux élus sortants, qui ont renforcé, encore et toujours, entre 2008 et 2014, l’essor et la dynamique de notre ville. Nous aurons prochainement l’occasion de leur rendre hommage, et de montrer combien leur investissement et leur mobilisation ont servi les Vénissians. Je crois résolument en la force de la politique, dans sa capacité à innover, à atteindre, collectivement, des objectifs que l’on croyait inaccessibles. Je crois en la force de la politique, dans sa capacité à repousser les discriminations, les ségrégations, à refuser les injustices et les inégalités sociales, à dire non à la haine, au rejet, à la xénophobie. C’est à l’échelle de la commune que ce premier pas vers l’engagement politique, quelle que soit la couleur, se crée et se renforce. Dans la vie des quartiers, dans le milieu associatif, sportif, culturel, social. Tous les républicains de cette assemblée doivent regarder les choses en face : notre démocratie est en péril.
A Vénissieux comme partout en France, l’abstention a encore gagné du terrain. Année après année, scrutin après scrutin, la participation s’érode, s’effrite, s’écroule. Nous ne la découvrons pas aujourd’hui, toutes les majorités municipales, depuis 20 ans, s’en sont inquiétées, et ont mis en œuvre des outils de proximité, pour défendre et promouvoir la citoyenneté. Heureusement que les conseils de quartier sont là, car la situation serait bien pire sans eux.Mais il faut aller plus loin, il faut cesser de dénoncer cette montée en s’y résignant, il faut agir, et vite ! Car l’abstention actuelle est bien plus qu’une forme de protestation, elle est une manifestation de colère et de rupture profonde, entre les citoyens et la politique, j’ajouterais même, entre les citoyens et la bulle médiatico-politique. C’est aussi une façon de dire : puisque certains ont éloigné les centres de pouvoir, à Bruxelles, hier, à la Métropole, demain, et que toutes les politiques menées sont libérales, nous nous éloignons des urnes et de la représentation nationale, vidée de sa substance. En défendant le rôle des communes, nous défendons le lien direct avec le citoyen. Or, comme le dénonce Jean-Paul Bret, maire PS de Villeurbanne, la Métropole présente le risque d’une « gouvernance très centralisée » sur Lyon, au détriment des autres territoires. Les habitants vont se sentir à nouveau marginalisés, incapables d’agir sur leur quotidien et sur le développement de leur quartier.
A Vénissieux, nous allons mettre en place, très prochainement, une commission relative à la lutte contre l’abstention. L’échelle de la commune me paraît appropriée, pour retisser le lien civique avec les habitants, avec les jeunes générations, avec tous ces gens qui se sentent abandonnés, méprisés et qui, en ne votant pas, se trompent de cible.
“La démocratie, elle se défend, elle s’apprend aussi, elle se transmet. Il nous faut la revitaliser, la ré-ancrer dans les quartiers, lui redonner du souffle par la proximité. Nous allons y travailler très sérieusement.
La question du vivre ensemble est devenue un enjeu central, au sein de la société française, et au cœur de nos villes. Trop de délitement du lien social, trop de replis identitaires, trop d’individualisme, le torchon brûle. L’histoire de Vénissieux est l’histoire d’une ville qui rassemble les habitants, qui s’enrichit au contact des différences culturelles, liées à l’arrivée des immigrés polonais, italiens, espagnols, du Maghreb, de Turquie, des Comores, d’Afrique.
Cette diversité est une richesse, à condition de faire preuve de respect et de tolérance, les uns les autres. Le meilleur rempart contre une société disloquée, contre une société qui ne vit pas assez ensemble, c’est la laïcité. Vénissieux sera à la pointe du combat, et nous allons mettre en place, très rapidement, une commission consacrée à la laïcité. C’est un chantier capital, pour repousser les obscurantismes et discours extrémistes, populistes, et d’extrême droite. Il faut redonner aussi du sens à ce principe de base de la République, qui, à force de confusion et d’instrumentalisation, est presque devenu un concept valise. Laïcité positive, laïcité à la française, laïcité trop restrictive, laïcité exigeante, laïcité de combat : de quoi parle-t-on au juste ?
Je tiens, ici, à citer Régis Debray, qui rappelait en 2003 des principes inaliénables : « La laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, elle est ce qui rend possible leur coexistence, car ce qui est commun en droit à tous les hommes doit avoir le pas sur ce qui les sépare en fait ». C’est dans cet esprit-là, un esprit d’apaisement et de sensibilisation, que nos travaux s’engageront. Respect de toutes les opinions religieuses, dans la sphère privée et cultuelle, exigence de neutralité religieuse dans les services et l’espace publics. La laïcité ne stigmatise pas, elle est là pour rapprocher, pour transcender les différences, pour vivre en bonne intelligence.
Il n’y a pas une crise en France, mais plusieurs crises, emboîtées les unes dans les autres. Nous les retrouvons toutes à l’échelle locale, à l’échelle de notre ville, de nos quartiers.
“Notre majorité municipale, rajeunie, expérimentée, diversifiée, et respectant la parité hommes-femmes, forte de toutes ses sensibilités de gauche, a conscience de l’immensité de la tâche, et de la difficulté des habitants, frappés de plein fouet par la crise du capitalisme et de l’argent fou.
La grande pauvreté s’étend, le pouvoir d’achat s’effondre, les difficultés deviennent innombrables. J’ai envie de dire aux familles, aux salariés, aux plus modestes, à la jeunesse, aux femmes et aux seniors, victimes expiatoires du libéralisme : nous sommes là pour vous défendre, nous sommes là pour vous accompagner, trouver des solutions, nous sommes là pour agir, et pour nous opposer à la loi du plus puissant. En tant que Vénissiane, j’ai envie de leur transmettre ce que nous ont légué nos aînés : ne baissez pas la tête, ne vous résignez pas, n’admettez pas l’inéluctable, battons-nous ensemble. Ce mot d’ordre, au terme d’une campagne qui a soudé notre équipe à un point insoupçonnable, notre majorité va le garder en tête, tout au long de ce nouveau mandat. Oui, nous allons nous battre, ensemble, au service des Vénissians. L’objectif est clair pour tout le monde, et le cap à gauche bien fixé : nous devons poursuivre la formidable dynamique de Vénissieux, son essor, son développement, son image restaurée, et nous devons faire partager le fruit de toutes ces avancées, à l’ensemble des Vénissians. Pas un quartier ne doit être ignoré, pas un habitant ne doit se sentir oublié.
Avec un taux de chômage de 20% à Vénissieux, et de 40% dans certains quartiers, la majorité veut agir en concertation avec la Région et l’Etat, pour créer une maison de l’emploi et de la formation. A l’instar de l’arrivée du laboratoire Carso, nous allons tout mettre en œuvre, pour valoriser nos territoires, pour les rendre toujours plus attractifs, pour attirer les entreprises à Vénissieux. Nous avons une très longue expérience en la matière, saluée, contrairement à ce que certains prétendent, par les milieux économiques.
“Ce combat pour l’emploi, pour la formation, doit réunir tous les acteurs économiques, institutionnels et toutes les collectivités. Il s’agit d’innover, mais aussi de défendre nos acquis et nos savoir-faire industriels.
Bosch, Renault Trucks, on ne lâche rien ! La désindustrialisation de notre pays est une catastrophe sans précédent, pour les salariés d’aujourd’hui, et pour les jeunes générations. J’attends de l’Etat qu’il prenne ses responsabilités, qu’il montre enfin une volonté politique de défendre l’industrie en France. Avec le prochain Lycée Jacques Brel, avec la Préfabrique Opéra, dressons des passerelles, saisissons toutes les opportunités en matière de formations, de stages, de transmissions des savoirs, pour permettre à la jeunesse de mettre enfin le pied à l’étrier. Les grands axes de développement (le Puisoz incluant la ZAC Parilly, et les 2 côtés du boulevard Bonnevay, le projet Cœur de Ville, le secteur de la Gare, 3ème pôle multimodal de l’agglomération), doivent aussi servir de locomotives pour les activités commerciales, et notamment le commerce de proximité, pour le tertiaire, pour l’emploi de proximité.
Je le disais en introduction de notre programme, on ne peut pas séparer les enjeux nationaux des enjeux locaux. La crise du logement touche toutes les grandes agglomérations, de Paris à Marseille, de Bordeaux à Lyon.
“Là encore, le cap à gauche est bien fixé à Vénissieux : conserver 50% de logements sociaux accessibles à tous ; favoriser la mixité sociale, et proposer une véritable offre diversifiée de parcours résidentiels.
J’ajouterai trois points importants. Certains axes, certains quartiers, sont appelés à être densifiés, d’autres moins, l’urbanisation devra être méticuleuse, et faire l’objet d’un travail de dentelle. Les programmes doivent être pensés pour créer des lieux de vie. La question du logement social doit être partagée, dans le cadre du respect de la loi SRU, par toutes les communes du Grand Lyon, et non pas uniquement par l’Est Lyonnais.
Notre majorité municipale veut bâtir une ville qui rassemble, et qui nous ressemble, une ville, non pas où on loge, mais que l’on habite. Dans tous les sens du terme. Cette différence entre loger et habiter est de taille, et c’est cette ambition, que le pacte communal va poursuivre. La pierre angulaire, la pierre qui réunit et relie les habitants entre eux, ce sont nos services publics de proximité, et les formidables compétences des agents de la mairie. Je sais que les Vénissians y sont attachés, et je sais que les Vénissians apprécient le travail accompli dans tous les quartiers, depuis des années. Les discours de la droite libérale les réduisent à un coût, à une variable d’ajustement, nous, nous les maintenons, et nous les garantissons comme un formidable investissement humain, au service des habitants, au service de l’unité des territoires de Vénissieux. Ils sont aussi au service de trois droits, que notre majorité considère comme intangibles, et fondamentaux.
Le droit à la tranquillité, car il est le droit qui en conditionne beaucoup d’autres : le droit de se déplacer en toute sécurité et en toute liberté, le droit de vivre dans son quartier, dans son logement sans être importunés. Vénissieux a depuis longtemps été à la pointe de ce combat-là, et je peux vous l’affirmer : ça n’est pas prêt de changer ! Le travail de longue haleine entrepris avec nos partenaires (la Police Nationale, les bailleurs) porte ses fruits. Economie parallèle, trafics en tout genre, occupation des allées, incivilités, il reste des domaines à améliorer, je ne le nie pas.
Ce travail de fond, que tous nos partenaires accomplissent avec détermination, va être renforcé et va s’intensifier. Fermeté, investigation, prévention et présence de l’État : le pacte républicain et la sécurité des habitants ne sont pas à géométrie variable, ils s’appliquent dans tous les quartiers, sans aucune exclusive. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rattacher la délégation sécurité, à mes fonctions de maire. Nous ne devons faire preuve ni d’angélisme, ni de démagogie à ce sujet.
“Le droit à l’émancipation et aux connaissances reste au cœur de notre contrat municipal. Il y figure depuis tant d’années, tant de mandats successifs, que notre ambition n’étonnera personne.
Dans nos crèches, dans nos écoles, dans nos équipements culturels et sportifs, dans nos EPJ, partout, nous voulons que la jeunesse, et les familles vénissianes, aient les mêmes possibilités et les mêmes conditions d’épanouissement que d’autres, sans discrimination sociale, sans discrimination territoriale. Des moyens humains, des moyens matériels, Vénissieux ne cédera jamais aux logiques libérales. L’école n’est pas un secteur marchand, le sport pour tous n’est pas un secteur marchand, la culture n’est pas à vendre ! L’amélioration du cadre de vie, la propreté dans les espaces publics, l’extension des modes de déplacement doux, s’inscrivent dans cette volonté politique de désenclavement, et d’embellissement des quartiers.
Enfin, à l’heure où, un Français sur trois reporte des soins pour des raisons financières, nous réaffirmons que le droit à la santé pour tous, est un droit inscrit dans la constitution, un droit inaliénable. Avec les Ateliers Santé Ville, avec la construction de la nouvelle cuisine centrale, avec le Comité Départemental d’Hygiène sociale, la ville de Vénissieux fera tout, pour que les enfants et les personnes âgées, notamment, bénéficient du meilleur encadrement possible en matière de prévention, et d’accompagnement sanitaires.
Le programme que notre majorité municipale, ni sectaire ni dogmatique, va mettre en œuvre, a placé l’humain au cœur de son action politique. Il s’inscrit dans cette longue histoire progressiste de notre ville, dont nous sommes fiers, et dont nous sommes, dès aujourd’hui, les garants. Notre équipe sait qu’elle peut compter sur des habitants responsables, impliqués, acteurs à part entière du développement de leur quartier, de leur ville. Les Vénissians savent aussi qu’ils seront écoutés, défendus, que l’intérêt général prime sur les ambitions personnelles ou les intérêts particuliers, du moins au sein de notre majorité. On dit ce qu’on fait, et on fait ce que l’on dit. Le projet ambitieux et audacieux de ces six prochaines années, n’est ni démagogique, ni irréalisable. Il est tourné vers l’avenir, mais il est fier de son passé, de toutes ces valeurs communes et progressistes qui nous rassemblent.
“Oui, ce projet tient le cap à gauche, oui, ce projet est le fruit de toutes les avancées sociales de nos prédécesseurs, oui, ce projet entre en continuité et en écho, avec l’histoire de Vénissieux, avec l’histoire de ses habitants.
Il demandera des efforts et une énergie de tous les instants, alors que les politiques d’austérité de Bruxelles et du gouvernement, vont frapper très durement aussi bien les habitants que les collectivités territoriales.
Nous allons nous battre ensemble, pour maintenir nos capacités d’investissement et nos dépenses de fonctionnement, pour affirmer la singularité forte et l’identité de Vénissieux au cœur de l’agglomération lyonnaise, et bientôt de la Métropole, sans animosité partisane, mais sans aucun complexe non plus. Vénissieux sait d’où elle vient, Vénissieux sait où elle veut aller. La dynamique et le potentiel de notre ville sont avec nous.
“Après les mots, donc, place aux actes, alors, au travail et en avant Vénissieux !
Je vous remercie.