Le 23 février 2010
Ras le bol ! Argent, profit, rentabilité, dividendes sont devenus les maîtres mots de notre société. Une société où les actionnaires se remplissent les poches en dormant pendant que les salariés, producteurs de richesses, vivent au jour le jour, avec la peur au ventre, sans savoir ce que leur réserve le lendemain.
Ces salariés qui ne veulent plus être sacrifiés sur l’autel de la finance, qui en ont assez de l’arrogance d’un système articulé autour de l’argent roi, du profit facile et des dividendes réservés à quelques uns.
La colère gronde :
à Total, c’est le combat des salariés contre la stratégie industrielle développée en France visant à éliminer le raffinage du territoire national,
à Air Liquide, leader mondial de la production de gaz industriels et médicaux, c’est la bataille des salariés pour arracher des miettes à leur direction. Une entreprise qui étale 1,23 milliard d’euros de bénéfice net, 11,976 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009 et qui veut reverser quelques 602 millions d’euros à ses actionnaires.
dans 40 succursales de Renault en France, dont 4 dans l’agglomération lyonnaise, c’est la grève pour réclamer des hausses de salaires,
à Bluestar Silicones, c’est la lutte des salariés pour arracher des augmentations de salaires,
à Véninov, ce sont les salariés qui se battent pour conserver leur emploi,
à Bosch, ce sont les menaces qui planent sur le site de Vénissieux avec l’annonce d’un plan de 160 départs « volontaires » et une éventuelle fermeture à l’horizon 2012,
C’est Rexroth qui après un plan de licenciements en 2009, n’arrive pas à honorer ses commandes en 2010 et en est réduit à passer une convention de prêt de main d’œuvre avec Bosch. Serions-nous revenus au temps des cotonniers ?
On marche sur la tête !
Il y en a marre de cette société à deux vitesses ! Il est grand temps de parler emploi, répartition des richesses et bataille industrielle en France. Près de 3000 emplois sont détruits chaque jour.
Ces 20 dernières années, des dizaines de milliards ont été engloutis par les actionnaires et la finance, les salariés, eux, n’ont vu que le gâteau passer sous leur nez.
Depuis les années 70, l’Etat a littéralement abandonné le secteur industriel : la métallurgie, la sidérurgie, l’automobile, la chimie, des pans entiers sont balayés, asphyxiés. Au quotidien, une épée de Damoclès plane irrémédiablement au-dessus de la tête des salariés : blocage des salaires, plans sociaux à répétition, restructurations, suppressions de postes, non-remplacement du personnel partant en retraite, plans économiques. Des familles entières sont sous pression, vivent avec la peur du lendemain, leurs projets de vie sont suspendus, voire brisés, avec la crainte de basculer, un jour ou l’autre dans la précarité.
Messieurs Sarkozy et Fillon, nous ne sommes pas dupes de vos effets d’annonces. Ils n’ont qu’un but : rabattre le couvercle sur la colère qui gronde, maintenir la pression sur les travailleurs en les opposant aux plus pauvres qu’eux.
Vous utilisez le spectre du chômage et de la pauvreté pour diviser le monde du travail et tirer vers le bas les conditions de travail et les salaires.
Sachez, monsieur le Président, que la meilleure façon de lutter contre la pauvreté passe par l’emploi, par un salaire décent permettant à chacun de vivre dignement.
Refusons cette société qui considère les salariés comme des kleenex que l’on jette après utilisation. Il est urgent de remettre le monde du travail au cœur de l’activité économique.
Toutes les luttes sont autant d’essais marqués sur le terrain du capitalisme. Ensemble, employés, ingénieurs, cadres, techniciens, salariés, sous-traitants, transformons ces essais en victoires.
Michèle PICARD
