Intervention de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, à l’occasion de l’inauguration du collège Katia Krafft.
Lundi 1er septembre, de nombreux élèves de Vénissieux et de Saint-Fons vont découvrir leur nouveau collège, qui sera aussi leur nouveau lieu de construction scolaire, sociale, citoyenne. Cet établissement, attendu de longue date, est ambitieux. Il répond à la hauteur des enjeux que doit porter notre enseignement public.
Nous ne pouvons que nous réjouir de ce nouvel équipement qui répond à un réel besoin. En concertation avec les services municipaux et ceux de l’Éducation nationale, la Métropole a pris ses responsabilités en décidant de la construction de ce nouveau collège, parce qu’il fallait répondre à une population scolaire croissante.
A Vénissieux et Saint-Fons, le taux d’occupation moyen des collèges est proche de 110 %. Et surtout, il nous fallait garantir à tous les élèves de bonnes conditions d’enseignement.
Un établissement scolaire n’est pas un lieu replié sur lui-même. Il est un équipement éducatif certes, mais il est aussi un équipement structurant autour duquel s’articule et s’anime une vie de quartier.
Il va impacter durablement le développement territorial et a été pensé en tenant compte des processus de renouvellement urbain qui sont en cours.
Ce nouveau collège permet donc de penser l’ensemble, au sein du puzzle que constitue une ville. Et de voir l’amélioration du cadre de vie qu’il permet, et accompagne.
En plus des transports en commun actuels, le collège sera desservi par le futur tramway T10 et par une piste cyclable. Nous avons fait la proposition au Sytral de dénommer le futur arrêt du tram Madeleine Barot, pour rendre hommage au parcours de cette femme admirable.
Secrétaire générale de la Cimade entre 1940 et 1947, résistante, elle fit partie de ces personnes courageuses qui ont participé au sauvetage des enfants du camp de Vénissieux en août 1942. C’est une autre manière de transmettre l’histoire et l’importance de la mémoire, à proximité d’un lieu d’enseignement, et à laquelle nous tenions particulièrement.
Ce nouvel établissement, en structure 100 % bois, se caractérise par de faibles consommations énergétiques et d’eau, un confort thermique et une bonne qualité de l’air intérieur. Ce sont des éléments importants à l’heure de la nécessaire transition écologique.
Sans oublier une récupération des eaux fluviales, et des panneaux photovoltaïques qui seront installés sur la toiture. C’est donc un établissement avec une haute qualité environnementale et d’usage. Un établissement conçu pour le bien-être de ses futurs occupants.
L’éducation, en particulier dans les quartiers populaires, a besoin de moyens et d’ambition.
En France, selon les enquêtes PISA, les résultats scolaires des élèves de 15 ans dépendent encore beaucoup de leur milieu social. Plus que dans les autres pays de l’OCDE.
Ce constat est pris en compte par les pouvoirs publics, même si le déterminisme social reste encore aujourd’hui une réalité. Pour aider à réduire ces écarts, certains établissements mettent en place des projets spécifiques.
A cet égard, le collège Katia Krafft ouvrira une classe à horaires aménagés autour du numérique et des sciences informatiques. L’objectif est de développer la culture numérique des élèves, de les sensibiliser à la citoyenneté numérique. Et de leur faire découvrir les métiers liés à ce domaine.
Ce développement d’une citoyenneté numérique éclairée et durable se retrouvera également dans le FabLab qui sera intégré à l’équipement polyvalent Annie-Steiner en octobre.
Par ailleurs, j’ouvre une parenthèse pour rappeler que nous sommes très attachés à la culture d’une citoyenneté large, ouverte sur son histoire, et qui permet le vivre-ensemble. C’est tout le sens de notre future Maison des Mémoires Olga-Bancic, dont nous avons posé la première pierre en juillet. Je ferme la parenthèse.
Il faut rappeler qu’il est essentiel d’avoir des collèges bien entretenus, réhabilités. La qualité de ces équipements a un impact sur la réussite des élèves et sur l’implication des parents.
Le collège est une école de la vie où l’apprentissage concerne aussi bien les savoirs que sa propre construction sociale et citoyenne. L’objectif est donc de garantir une école égalitaire, qui offre des moyens d’émancipation et des opportunités à toutes et tous.
Pour cela, l’investissement des personnels scolaires est je le sais sans faille. Mais celui de l’État et des collectivités territoriales est tout aussi nécessaire, afin de conforter ce rôle émancipateur pour tous les élèves, quel que soit le territoire.
Et puis il y a Katia Krafft.
La dénomination de ce nouveau collège est le fruit d’un travail important mené par le Conseil municipal d’enfants de Vénissieux qui, sur la base de plusieurs propositions de personnalités féminines, l’a choisie pour valoriser son parcours particulièrement inspirant.
D’abord, il était important pour nous, comme sur d’autres équipements, qu’il porte le nom d’une femme. Nous menons une politique volontariste qui réaffirme que les femmes ont bien marqué l’histoire, mais qu’elles en ont été effacées, dans un récit qui a longtemps été masculinisé.
En moyenne en France, sur 33 % de voies, rues, places et autres espaces publics portant des noms de personnalités, seuls 6 % sont celui d’une femme.
La marge de réajustement est immense : nous avons beaucoup à faire pour lutter contre cette transmission d’un passé tronqué dans lequel les femmes n’auraient ni écrit, ni peint, ni inventé, ni cherché et encore moins trouvé. Katia Krafft a été une volcanologue avant-gardiste, rare femme dans un milieu masculin, qui a diffusé son savoir et fait avancer la science.
Les futurs élèves pourront s’inspirer de son parcours, et notamment les jeunes filles pour lesquelles la place et la reconnaissance dans les sciences n’est pas encore égalitaire. Mais les mentalités avancent et c’est une bonne chose.
Pour terminer, je souhaite simplement, et sincèrement, que les futurs élèves et le personnel pédagogique pourront s’approprier ce nouveau lieu pensé pour eux, pour leur confort d’apprentissage et de travail. La qualité des équipements publics reste fondamentale pour un service public scolaire qui réponde aux attentes des citoyens.
Je vous remercie.