Débat sécurité sociale

Hier en fin de journée, l’UD CGT du Rhône présentait une pièce de théâtre, suivi d’un débat sur le thème de la sécurité sociale. L’occasion de rappeler l’esprit de la Sécurité Sociale de 1945. Une protection sociale à vocation universelle, fondée sur le principe de solidarité, de justice sociale, de démocratie et sur une meilleure répartition des richesses créées. La sécurité sociale est notre bien commun, ce fil conducteur qui relie toutes les générations. Son avenir est entre nos mains, dans nos mobilisations, dans notre refus de céder à sa financiarisation.

Imaginée par le Conseil National de la Résistance, portée par Ambroise Croizat, ministre communiste, ancien ouvrier et syndicaliste, la Sécurité Sociale constitue l’un des plus grands progrès social du 20ème siècle.

         « Chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ». Tel est l’esprit de la Sécurité Sociale de 1945. Une protection sociale à vocation universelle, fondée sur le principe de solidarité, de justice sociale, de démocratie et sur une meilleure répartition des richesses créées. Gérées majoritairement par les salariés, les cotisations sont à l’abri des appétits de la finance et de l’assurance privée. Une conquête ouvrière sans précédent, une formidable rupture avec les logiques marchandes.

         Si l’idée d’une protection sociale des salariés et de leurs familles émerge après 1789, c’est avec la révolution industrielle qu’elle apparaît comme vitale. C’est grâce à la prise de conscience de ses intérêts communs, que la classe ouvrière va s’organiser et opter pour la solidarité, afin de répondre aux besoins de protection des salariés et de leurs familles. C’est dans les combats contre l’occupant nazi, que s’élabore l’idée d’un changement novateur des mécanismes de protection sociale. Un consensus forgé dans la lutte, par la Résistance, autour de la Nation et de la République.

         En 1943, le CNR élabore des mesures à mettre en œuvre à la Libération. Intitulé « Les jours heureux », ce texte servira de feuille de route pour mettre en place un plan complet de sécurité sociale, afin d’assurer à tous les citoyens des moyens d’existence et d’une vie digne, sans l’angoisse du lendemain, de la maladie ou de l’accident du travail.

         Mais l’ambition générale de la Sécurité Sociale ne s’arrête pas là. Elle est le moyen d’accompagner tout au long de leur vie, les personnes et les familles de notre pays, dans quelque domaine que ce soit. Les 4 branches de la sécurité sociale (maladie, famille, accidents du travail et maladies professionnelles, retraite) en déclinent le principe en protégeant chaque citoyen à toutes les étapes de son parcours individuel, de la naissance jusqu’à la vieillesse. La sécurité sociale porte en elle l’esprit de solidarité nationale, au profit d’une république sociale et égalitaire.

         Ainsi, la branche famille vise à réduire les inégalités de niveau de vie entre les familles en prenant en compte le nombre d’enfants. La branche maladie garantit, elle, l’accès aux soins pour tous. Au-delà du moyen d’accompagner les personnes, la sécurité sociale pérennise en premier lieu l’égalité de droits de chaque citoyen, de chaque famille. S’attaquer à la sécurité sociale, c’est donc s’attaquer aux fondations d’une république sociale et solidaire, une et indivisible. Sous l’effet des politiques libérales, le ciment de la nation se fracture, au seul titre d’un profit immédiat et de privatisations qui ne garantissent plus l’égalité de tous face à la maladie, face aux soins, mais la conditionnent en fonction des moyens financiers des uns et des autres.

         Depuis sa création, la Sécurité Sociale est la cible des gouvernements successifs, et d’un patronat qui a toujours favorisé la rentabilité et le profit au détriment de l’humain. C’est la CSG, mise en place, en 1991 par Michel Rocard, les mesures Juppé, en 1996, la CRDS (Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale), les réformes de l’hôpital, la retraite des cheminots, les lois de financement de la Sécurité Sociale… Un à un, les principes fondamentaux de la Sécurité Sociale de 1945 sont attaqués : le financement par cotisation bascule vers un financement par l’impôt, les exonérations de cotisations sociales affectent le financement de la Sécurité sociale, la solidarité intergénérationnelle devient le chacun pour soi.

         Cette politique de casse de notre modèle social continue. A l’exemple de la réforme des retraites, qui nous le savons, ouvrira la porte à la capitalisation, créera plus de précarité, d’inégalité et de pauvreté pour nos aînés, et notamment des femmes, dont l’activité professionnelle est souvent réduite à du temps partiel subi et à des carrières morcelées. C’est l’abandon de la loi « Grand âge » consacrée aux enjeux de la dépendance, et qui devait constituer la 5ème branche de la Sécurité Sociale.

         La crise sanitaire et sociale a montré à quel point notre Sécurité Sociale est essentielle. Elle est cet amortisseur social indispensable que les modèles libéraux cherchent à détruire. Appel aux assurances privées, casse des mutuelles, une privatisation rampante et un démantèlement progressif de la Sécurité Sociale est en route. Avec le déremboursement de médicaments, les dépassements d’honoraires, le reste à charge pour les habitants est de plus en plus important. L’accès aux soins, à la santé est pourtant un droit fondamental, inscrit dans la Constitution.

         Depuis le début de la pandémie on peut mesurer l’ampleur des dégâts provoqués par ces politiques libérales. Le secteur hospitalier en est la preuve vivante : personnel épuisé, manque d’effectifs, fermetures de lits, conditions de travail dégradées sont les conséquences directes de la gestion libérale de gouvernements, qui ont toujours considéré l’hôpital public comme une entreprise commerciale. Des gouvernements qui ont déversé des centaines de milliards, pour aider les entreprises du CAC 40 à faire toujours plus de profits.

         La sécurité sociale est notre bien commun, ce fil conducteur qui relie toutes les générations. Ambroise Croizat a dit: « Ne parlez pas d’acquis mais de conquêtes ».C’est à nous qu’il appartient de défendre ses principes fondateurs, dans l’esprit du CNR. Son avenir est entre nos mains, dans nos mobilisations, dans notre refus de céder à sa financiarisation. Une bataille à la reconquête d’une Sécurité Sociale du 21ème siècle, axée sur l’intérêt général, la solidarité, l’universalité et adaptée aux besoins de tous. Un combat pour une société juste et solidaire.

Je vous remercie.

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