CONSEIL MUNICIPAL 28 JANVIER 2013 : « Débat d’orientations budgétaires 2013 »

Le 8 février 2013 – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD sur le rapport N° 1 « Débat d’orientations budgétaires 2013 »
« …Des budgets rognés année après année, c’est l’assurance de voir des inégalités et des fractures s’approfondir entre les zones urbaines, péri urbaines et les zones rurales. C’est ni plus ni moins s’attaquer au pacte républicain, et au principe inaliénable et indivisible de continuité territoriale en France. Et ce débat-là mérite d’être ouvert, auprès des citoyens, en fonction des besoins des populations, et non pas sous l’angle de la technocratie et de la règle du plus puissant. »

Le 8 février 2013

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD sur le rapport N° 1  « Débat d’orientations budgétaires 2013 »

18 millions d’euros par an, c’était nos capacités d’investissement il y a quelques années. Nous sommes passés aujourd’hui à 16 millions d’euros. Ce chiffre illustre ce que nous disons depuis des années : il y a bien une asphyxie des finances communales inquiétante et très dangereuse. Notre maîtrise des dépenses de fonctionnement, notre poursuite de l’effort en matière d’équipement, et notre contrôle de la dette (moins de 1 000 euros par habitant, alors que la moyenne pour les communes de même taille est 1 213€ /habitant), le maintien de ces trois priorités continue de porter ses fruits. Notre budget est sain, nous n’avons pas d’emprunt toxique, ce qui permet à la ville de Vénissieux de se projeter en toute sérénité vers des projets d’avenir forts et structurants. Cette gestion rigoureuse et solidaire nous donne l’occasion de ne pas faire bouger nos taux de fiscalité locale. En temps de crise, il convient d’aider les habitants et l’ensemble des Vénissians, pour faire face à une situation très difficile, c‘est l’objectif que nous nous sommes fixé et que nous remplissons.

Il n’empêche, cette asphyxie, cette érosion des concours financiers de l’Etat aux collectivités, depuis de longues années, pose de véritables questions. Je l’ai déjà dit : nous ne pouvons pas réduire nos services à l’égard d’habitants extrêmement fragilisés par la crise, et dont les besoins et les attentes sont toujours croissants. De même, ne plus investir ou sous-investir, c’est hypothéquer l’essor et l’avenir de notre ville, et il n’en est pas question. Nous procédons aujourd’hui à des réajustements, il faut le savoir, mais qu’en sera-t-il dans deux ou trois ans, si l’on poursuit les politiques nationales et européennes d’austérité généralisée.

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a déjà annoncé un gel des dotations d’Etat vers les collectivités pour 2013, puis une  baisse de 2,25 milliards sur 2014-2015, qui risque d’être aggravée par une diminution supplémentaire de 10 milliards d’€ des dépenses publiques. D’autres dépenses pour les collectivités s’ajoutent, comme la hausse des cotisations retraite patronales, la révision indiciaire des agents de catégorie C, le relèvement des taux de TVA… Et puis il y a la contribution des communes pour la mise en place des réformes nationales comme le nouvel aménagement des rythmes scolaires et les emplois d’avenir. Je ne parle pas là du fond des réformes, qui me paraissent utiles aussi bien pour les enfants que pour l’insertion des jeunes, mais je parle de leurs coûts supplémentaires et de l’inflation constante et croissante des compétences  attribuées aux collectivités sans compensation financière totale de l’Etat. Faire toujours plus avec toujours moins de recettes : nous ne sommes pas sortis de cette équation, et tout le monde sait ici qu’elle s’avèrera à court terme aussi insoluble qu’injouable. Alerter les Vénissians à ce sujet est crucial, car la démocratie de proximité ne vit pas sans eux, car ce sont nos habitants qui en seront les premières victimes si l’on n’inverse pas la tendance.

Dans son pouvoir économique comme dans son pouvoir politique, le rôle de la commune est mis à mal par les orientations libérales, et d’austérité généralisée, dictées par l’Europe des marchands et relayées par les Etats membres. Ce serait un contresens historique de réduire à sa partie congrue la mairie, d’éloigner les centres de décision des centres de citoyenneté. Non seulement son rôle doit être renforcé, mais elle doit être au cœur d’un aménagement du territoire équilibré et solidaire. Des budgets rognés année après année, c’est l’assurance de voir des inégalités et des fractures s’approfondir entre les zones urbaines, périurbaines et les zones rurales. C’est ni plus ni moins s’attaquer au pacte républicain, et au principe inaliénable et indivisible de continuité territoriale en France. Et ce débat-là mérite d’être ouvert, auprès des citoyens, en fonction des besoins des populations, et non pas sous l’angle de la technocratie et de la règle du plus puissant.

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