Conférence de presse de rentrée

Comme toutes les villes populaires en France, Vénissieux a dû répondre à l’enchaînement de crises extérieures.

Intervention de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, à l’occasion de la conférence de presse de rentrée.

L’été n’a pas apporté de solutions diplomatiques, ni de cessez-le-feu dans la plupart des conflits actuels.

Les bombes continuent de pleuvoir, le bilan des victimes civiles de s’alourdir. Dans la bande de Gaza, malgré la déclaration officielle de l’Onu d’état de famine, rien n’arrête la surenchère guerrière du gouvernement de Nétanyahou.

Il faut mettre fin à ces destructions sans commune mesure et faire reculer Israël dans sa volonté d’occuper la bande de Gaza et de coloniser la Cisjordanie dont le territoire serait coupé en deux. Au droit international se substitue aujourd’hui la loi du plus fort, et ce sont les peuples, les hommes, femmes, enfants qui en subissent les conséquences dramatiques.

Nul ne peut prendre en otage les populations civiles de la sorte, sous la menace des missiles et drones qui frappent à l’aveugle. La recherche de la paix doit prévaloir sur les discours martiaux actuels.

En France, l‘instabilité politique se poursuit. En présentant au cœur de l’été un budget 2026 d’une injustice sociale scandaleuse, François Bayrou a exacerbé à la fois la crise politique et l’exaspération de nos concitoyens. L’austérité s’est doublée de mépris. Mépris des travailleurs, mépris des retraités, des jeunes, des ménages, des classes populaires et des classes moyennes, mépris des fonctionnaires et des services publics.

Je pourrais ajouter un mépris mémoriel également tellement la suppression de deux jours fériés, dont le 8 mai, paraît incongrue. La capitulation du nazisme n’est pas une date anecdotique.

La nouveauté de ce budget n’est pas qu’il soit libéral ou ultra-libéral, avec toutes les conséquences désastreuses dans notre société, mais qu’il méprise de façon aussi frontale le monde du travail.

Les sacrifices et efforts demandés dans le cadre de la réduction de la dette nationale pèsent exclusivement sur les ménages, les familles, les jeunes, les retraités, et épargnent les plus grosses fortunes et multinationales, n’envisagent aucune fiscalité sur les hauts patrimoines.

Si ce budget est appliqué, avec le gel des prestations sociales, des retraites et du barème de l’impôt sur le revenu, les ménages les plus pauvres paieront plus en proportion que les plus riches.

Libéralisation du marché de l’emploi, réduction des effectifs dans la fonction publique avec 3000 emplois supprimés dès 2026, gel des pensions et des prestations sociales, énième durcissement des règles d’indemnisation des chômeurs, suppression de deux jours fériés et monétisation de la cinquième semaine de congés payés : il faut tout refuser en bloc, tout rejeter, et se mobiliser avec les syndicats, les forces de gauche et progressistes, avec l’ensemble des salariés, pour dire non à ces politiques dévastatrices qui suscitent la colère légitime et l’exaspération des Français.

La pauvreté en France est au plus haut depuis 30 ans. En 2023, selon la dernière étude Insee, le taux de pauvreté atteint 15,4%, niveau le plus élevé depuis 1996.

9,8 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté et environ 650 000 personnes ont basculé dans la pauvreté en l’espace d’un an.

Augmentation de la pauvreté chez les chômeurs, dans les familles monoparentales et, par ricochets, des mineurs, tandis que le nombre de travailleurs pauvres augmente. C’est à ces personnes-là, démunies, fragilisées, que le gouvernement demande des efforts, qu’il taille dans les prestations sociales, qu’il propose le doublement du plafond des franchises médicales, c’est ahurissant et aberrant.

Dans le cadre des 43,8 milliards d’économies du gouvernement, la répartition est de 20,8 milliards sur les dépenses, 15,9 milliards de recettes et taxes nouvelles et 7,1 milliards de gel des pensions et prestations sociales. Comme depuis plus de dix ans, les collectivités sont ciblées et une nouvelle fois mises à contribution. Effort demandé aux villes, départements et régions : 5,3 milliards d’euros d’économies en 2026, alors que la ponction en 2025 était déjà de 2,2 milliards ! Les fonds versés habituellement aux collectivités seraient réduits et une part de la TVA transférée pour compenser la suppression des impôts locaux serait désormais gardée par l’Etat.

Dans le contexte d’urgence sociale des habitants des villes populaires, après les crises à répétition que nous traversons, l’austérité annoncée aux communes va aggraver un peu plus encore la précarité, la pauvreté d’une grande partie de la population déjà très fragilisée. Si l’on assemble les différentes mesures d’austérité, la perte pour les collectivités est estimée entre 8 à 10 milliards d’euros.

Or, ce sont les dépenses publiques qui, avec le commerce extérieur, en 2023 et 2024, ont été les principaux facteurs de croissance. Porter un coup dur aux collectivités, c’est porter un coup dur à l’emploi, aux entreprises, dont 70% de la commande publique provient des collectivités territoriales.

Comme toutes les villes populaires en France, Vénissieux a dû répondre à l’enchaînement de crises extérieures.

Crise sanitaire, crise de l’inflation, élaboration du budget de notre commune alors que le budget national n’avait toujours pas été adopté, les chocs ont été récurrents. Pour les Vénissians, les difficultés s’accumulent, s’agrègent, le coût de la vie pour se nourrir, se loger, se déplacer, pour la santé devient insurmontable. C’est cette réalité que les derniers gouvernements en date ignorent complètement.

Vénissieux a gelé ses taux de fiscalité et ses tarifs municipaux pour accompagner les habitants. Cette vigilance s’est portée également à l’attention des associations et des clubs de sport vénissians auxquels notre ville a accordé des subventions exceptionnelles pour passer le cap.

Le budget 2025 de Vénissieux a maintenu par ailleurs l’enveloppe des subventions aux associations, déjà revalorisée en 2024, à hauteur de 4,9 millions d’€.

Bref, l’urgence sociale est toujours d’actualité et le budget 2025 a été élaboré en tenant compte de cette priorité. Ainsi, les tarifs municipaux impactant le plus grand nombre de familles (secteurs de l’enfance et restauration scolaire) ont été à nouveau gelés en 2025. Le travail des agents sur le terrain, auprès des habitants, et de tous les services municipaux dans ce contexte de crises profondes a permis d’accompagner les Vénissians et de les aider à faire face aux difficultés du quotidien.

En juillet, la première pierre de notre prochaine Maison des Mémoires Olga-Bancic a été posée. La réhabilitation et l’extension du centre social Roger-Vailland et de la crèche Graines d’Eugénie, qui ouvre ses portes au public dès cette rentrée, ont été inaugurées, tout comme, fin août, le nouvel équipement polyvalent Annie-Steiner.

Dans un contexte économique et politique chaotique, ces trois exemples récents illustrent l’augmentation des dépenses d’investissement de Vénissieux, à hauteur de 124 millions d’euros sur la période la plus récente.

Les trois équipements inaugurés cet été ont été précédés par la place Ennemond Romand, la nouvelle Maison de l’enfance Anne-Sylvestre, les extensions des groupes scolaires Jules-Guesde et Joliot-Curie, la création d’espaces de fraîcheur dans l’espace public. Sans oublier bien évidemment l’avancée des travaux du prochain centre nautique Auguste-Delaune.

Il a fallu prendre en compte deux priorités : répondre aux besoins sociaux immédiats et poursuivre les investissements nécessaires au développement de la commune.

L’actualité de cet été a elle aussi été chargée. La sécurité est un sujet primordial.

Les fusillades boulevard Ambroise Croizat montrent l’emprise des narcotrafiquants pas seulement à Vénissieux, mais sur tout le territoire français ! Il n’y a pas de solution miracle : il faut plus d’effectifs de la police nationale, des douanes, de la justice, il faut plus de présences pour déranger et démanteler ces trafics et réseaux qui minent la vie des quartiers et provoquent des drames. Ces effectifs supplémentaires et cette présence assidue sont des préalables, que je réclame aux pouvoirs publics depuis des années.

Il n’y a pas de fatalité : la question est de savoir quels moyens l’Etat veut mobiliser pour lutter contre les narcotrafiquants dans nos villes et agglomérations. Ne nions pas le travail accompli, des réseaux sont démantelés, des trafiquants arrêtés. Mais malgré ce travail de fond et d’investigation, l’habitant, lui, ne voit pas le narcotrafic reculer.

En juillet dernier, j’ai insisté auprès du préfet sur la situation du Centre et d’Ambroise Croizat. Une délégation de maires et parlementaires communistes a été reçue par le ministère de l’Intérieur Bruno Retailleau en début d’année.

En plus de mesures innovantes, nous avons défendu une approche républicaine, alliant rôle régalien de l’État et engagement des collectivités, pour garantir une sécurité équitable sur tout le territoire.

Lundi dernier, j’ai adressé un courrier au Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, relatif aux problèmes d’insécurité du Boulevard Ambroise Croizat.

Je demande l’affectation de moyens humains de police pérennes et renforcés sur ce secteur comme l’Etat a pu le faire dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne.

Le déploiement d’une présence permanente d’unités de forces mobiles, puis la création d’une brigade spécialisée, sont nécessaires pour rétablir les conditions de sécurité des habitants du quartier.

Sur ce chapitre de la sécurité et tranquillité, un point d’étape des 25 actions concrètes, issues de la grande consultation citoyenne « Mieux vivre en tranquillité », a été présenté en juillet.

La prévention et la jeunesse, l’espace public et ses usages, la sécurité dans les quartiers font l’objet d’actions précises en concertation avec les citoyens dont 9 sont déjà en vigueur, 6 bientôt mises en place et 7 autres en cours d’élaboration. Sur l’augmentation des incivilités depuis le COVID, l’usage dangereux des mortiers, je ne cesse d’alerter, comme de nombreux maires des villes populaires, les pouvoirs publics. Vénissieux s’adapte à de nouvelles problématiques, engage de nombreuses actions avec l’ensemble de ses partenaires, car la sécurité et la tranquillité sont des droits intangibles de chaque Vénissian.

Répondre à l’urgence également en ce qui concerne les suites de l’explosion qui a soufflé un appartement d’un immeuble de la Division Leclerc dans la nuit du 17 au 18 août, faisant un mort et plusieurs blessés.

Je renouvelle notre soutien aux victimes, à leurs familles et à leurs proches et remercie les secouristes, pompiers, les services de la ville et les bailleurs qui ont de suite été à pied d’œuvre.

Aujourd’hui, la priorité, c’est le travail sur le relogement de long terme et l’accompagnement des personnes que la ville mène avec le Syndic, la Métropole, la DDETS (un service de l’Etat), Action Logement et les bailleurs. Le retour dans les appartements risque de prendre plusieurs mois. 21 appartements sur 64 sont inaccessibles par mesure de sécurité, il faut donc trouver des solutions pérennes.

Au moment où je vous parle, la situation est la suivante : sur les 21 ménages, 17 sont relogés ou en cours de relogement et il reste 4 ménages qui vont recevoir de nouvelles propositions dès aujourd’hui. Les dossiers de toutes les personnes concernées sont suivis activement.

Répondre à l’urgence enfin face à la canicule du mois d’août avec la gratuité de la piscine Auguste-Delaune du 12 au 17 août et la vigilance accrue du CCAS, qui a procédé auprès des personnes les plus fragiles à 1849 appels pour 2573 contacts entre le 8 et 16 août.

Les agents sont restés mobilisés au jour le jour tout au long des deux périodes caniculaires. Face au réchauffement climatique, notre ville a poursuivi cet été son programme de végétalisation des écoles (cette année, élémentaire Ernest Renan et Paul Langevin) et de création d’îlots de fraîcheur, à la Médiathèque notamment, ainsi que son plan de passage en LED de tout notre éclairage public d’ici 2027.

En ce qui concerne les mobilités, les travaux se poursuivent pour la ligne de tramway T10, pour une mise en service prévue en 2026. Au sujet du projet de tramway T8, la ville de Vénissieux émettra un avis favorable, sous réserve de demandes bien précises comme la connexion et la cohérence du réseau tramway, l’optimisation du pôle multimodal de la gare ou encore la desserte du quartier Charréard.

Les difficultés que les Vénissians rencontrent dans leur quotidien feront l’objet d’échanges lors des prochaines assemblées générales des Conseils de Quartier, du 1er octobre au 6 novembre prochain.

L’organisation sous forme de tables rondes, appréciée par les habitants en 2024, sera reconduite avec deux thèmes principaux : l’offre de services en direction de la jeunesse en matière de sport et de culture et l’accès aux droits et aux soins.

Enfin, une rentrée ne serait pas tout à fait une rentrée sans parler des enfants vénissians. On constate en 2025 une diminution des effectifs en maternelle (-6,2%) et élémentaire (-0,9%) pour un total de plus de 8620 élèves à Vénissieux. Cet automne, le projet éducatif de territoire sera renouvelé et deviendra le projet éducatif et solidaire 2026-2030.

Il s’agit de simplifier le portage des dispositifs entre nos partenaires, en articulation avec la Cité éducative, et de développer une approche plus transversale encore de l’éducation et de la vie sociale.

Voilà pour ce panorama de rentrée assez complet à Vénissieux, je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.

Je vous souhaite une bonne reprise et je vous remercie de votre présence.

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