PEAD

Le 8 novembre – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD sur le rapport N° 1 « Programme d’aide aux plus démunis – Motion», lors du conseil municipal du 7 novembre

Le 8 novembre

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD sur le rapport N° 1 « Programme d’aide aux plus démunis – Motion», lors du conseil municipal du 7 novembre

« Ce nouveau report traduit le désaveu d’un des principes fondateurs de l’Europe, visant à assurer la sécurité et l’autosuffisance alimentaire de tous, et en particulier des plus démunis. L’Europe ne peut pas laisser de côté les 18 millions d’Européens concernés par l’aide alimentaire et, au-delà, les 80 millions de citoyens européens les plus fragiles : une catastrophe humanitaire est désormais à craindre sur notre continent ».

Cette lettre ouverte, dont je viens de lire quelques extraits, c’est celle que les présidents de la Croix Rouge, des Banques alimentaires, des Restos du Cœur et du Secours Populaire, ont adressée aux chefs d’Etat et de gouvernement européens, le 20 octobre dernier. Et ils savent de quoi ils parlent : en France, cette aide européenne, prise sur le budget de la Politique Agricole Commune, permet de distribuer quelque 130 millions de repas, à près de quatre millions de personnes.

Alors que tous les voyants sont dans le rouge, le quasi-abandon du PEAD relève d’un cynisme odieux, scandaleux, révoltant. Cette décision intervient dans un contexte d’urgence sociale extrêmement aigu, peut-être le plus aigu depuis l’après-guerre. Pour prendre la situation de la France, la pauvreté mesurée par l’Insee est en hausse (13,5% de la population en 2009 !), le nombre de bénéficiaires du RSA est au plus haut (plus de 1,8 millions de foyers bénéficiaires en juin dernier), le taux de chômage s’envole, le surendettement des ménages augmente, les problèmes de logement deviennent explosifs… Le tableau dressé n’est pas propre à la France, vous pouvez le dupliquer à l’ensemble des pays européens.

Voilà donc où nous mène cette Europe des marchés, cette Europe de la finance, à laquelle, je le rappelle, les Français avaient dit non au referendum de 2005, l’Europe des capitaux qui étrangle les peuples, brade la souveraineté des Etats, sous la tutelle des agences de notation, liquide les services publics. Et pour finir : qui se désintéresse au plus haut point de la pauvreté.

J’aimerais que l’on m’explique comment la stratégie « Europe 2020 », décrétée par l’UE, de réduire de 20 millions le nombre de personnes confrontées au risque de pauvreté, sera remplie dans de telles conditions ! De qui se moque-t-on, si ce n’est des peuples grecs, portugais, italiens, français et d’ailleurs.

Toutes les mesures adoptées par Bruxelles, le FMI et le tandem franco-allemand, consistent à sauver le système bancaire, à maintenir en place la finance et la spéculation, sur le dos des populations, de l’emploi et du pouvoir d’achat. Ce sont les politiques sociales, publiques, éducatives, jusqu’à la souveraineté même des Etats, qui payent les ardoises laissées par les apprentis-sorciers du capitalisme financier.

Cette logique d’abandon des politiques sociales à l’échelle européenne est la copie conforme de celle menée par Nicolas Sarkozy à l’échelle de notre nation depuis 4 ans. Casse de l’Education nationale, casse de la santé publique, casse des services publics et de la fonction publique, étranglement financier et politique des collectivités territoriales, des associations : est-ce ainsi que l’on va lutter sur le terrain contre la pauvreté ! Ce que les classes populaires attendent, c’est un bouclier social, pas un bouclier fiscal !

Je veux finir sur un point, qui me paraît essentiel, et qui concerne aussi les Vénissians. Les associations caritatives, qui œuvrent sur notre commune, comme sur l’ensemble du territoire français, vont être de fait confrontées à des difficultés d’approvisionnement et des difficultés financières, pour remplir leurs missions et boucler leurs budgets. Vers qui vont-elles se tourner ? Vers les collectivités locales, pas vers Bruxelles qui vient de donner un bel exemple de solidarité à l’égard des plus démunis !

La question de leurs financements se pose donc, elle se pose à nous, alors que l’Etat pratique une véritable saignée dans les budgets des collectivités territoriales, en décrétant l’austérité généralisée, à l’exception des plus riches et du CAC 40.

La lutte contre la pauvreté est pourtant bien plus qu’un enjeu de société, c’est un enjeu de civilisation !

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