Voeux SACOVIV

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD lors de la présentation des vœux de la SACOVIV,  jeudi 26 janvier dernier

2012, l’année ou jamais pour se réapproprier l’espace politique, public, économique, que la finance veut mettre définitivement à terre. L’année ou jamais pour reconquérir les vrais chantiers, les vrais enjeux, et les vrais défis de société qui nous attendent : le logement, entre autres, arrive en tête de liste. Cette question du logement est non seulement primordiale, pour sortir d’une crise sans précédent, mais parce qu‘elle intègre aussi différentes dimensions : le logement, c’est la question du pouvoir d’achat et de la précarité, le logement, c’est la question énergétique ; le logement c’est aussi une question de dignité humaine, d’où notre combat légitime pour l’interdiction des expulsions. Il faut faire sortir ce droit au logement de la spéculation et des griffes financières, car l’état des lieux est catastrophique. Il faut donc bien, et de toute urgence, se réapproprier la politique et les outils, dont nous disposons.

Vous connaissez tous ces chiffres, mais il faut les rappeler pour mesurer l’ampleur de la tâche, et agir en profondeur pour réorienter, ni plus ni moins, les dispositifs fiscaux de subvention de l’Etat, vers le logement public en priorité. Nous avons dépassé, depuis, le stade de l’urgence : il faut bien se rendre compte qu’un Français sur 6, soit 10 millions de personnes, est touché de près ou de loin par la crise du logement. La liste des indignations est longue : 16 000 enfants sont sans toit, 685 000 personnes sans domicile personnel ; 100 000 personnes sont sans domicile fixe, alors que 30% d’entre elles ont pourtant un emploi. Plus près de nous, en région Rhône-Alpes, et selon la fondation Abbé Pierre, 351 400 sont mal, ou très mal logés.

Dans le Grand Lyon, on estime qu’il y a 4 demandes pour une offre de logement, malgré une livraison de logements sociaux multipliée par trois, en l’espace de dix ans dans l’agglomération : les efforts ne sont pas suffisants en la matière. On entretient une pénurie de logements pour entretenir la bulle spéculative de l’immobilier, pendant que des familles logent dans des caravanes, que des travailleurs passent la nuit dans leur véhicule, que les plus fragilisés dorment sous une bretelle d’autoroute, ou le long du périphérique.

Sur cette notion d’efforts à fournir, il serait temps de remettre les choses et les responsabilités qui nous incombent à leur place. Le logement, c’est la compétence de l’Etat, ça relève tout simplement du droit commun, et des missions régaliennes. Or, il n’aura échappé à personne, qu’au fil des désengagements des politiques nationales, ce sont les collectivités locales qui colmatent tant bien que mal les brèches. En quelques années, la part de l’Etat, dans le financement du logement social, s’est effondrée à 4%, alors que dans le même temps, celle des collectivités atteint désormais 11% ! Cet abandon progressif s’aggrave année après année, sous l’impulsion des politiques libérales préconisées par Nicolas Sarkozy et François Fillon.

A l’aune de cette crise, et de la misère sociale qu’elle génère, qui peut comprendre que le budget Ville et Logement soit mis à contribution, dans les plans d’austérité décrétés par Matignon. C’est pourtant le cas, avec le plafonnement à 1% de l’aide personnalisée au logement, avec des aides à la pierre qui enregistrent de constantes diminutions : moins 84 millions d’euros en 2011, moins 76 millions en 2012. Ajoutons à cela, une baisse des crédits de la Politique de la Ville, de l’ordre de 88 millions pour 2012, soit depuis trois ans, une érosion globale de 30%, et la multiplication de dispositifs fiscaux de subvention du logement privé spéculatif, et vous obtenez une politique qui oscille entre le cynisme et l’indigence. Dans ce contexte, on peut utiliser le mot de racket, par l’Etat, du 1% logement, destiné à financer pour la période 2012-2014, les agences nationales pour la rénovation ANRU et ANAH.

Ce détournement de fonds représente 3,25 milliards d’euros, ce qui donne une idée des préoccupations de ce gouvernement, dont les différentes lois, Boutin, Scellier, n’auront fait qu’aggraver la précarité pour les familles, et augmenter les bénéfices pour le privé et les propriétaires de patrimoine. Avec plus de 50% de logements sociaux, la ville de Vénissieux poursuit ses efforts pour faire du logement, un droit partagé par le plus grand nombre. 564 logements neufs ont été livrés en 2010, 369 en 2011, nous maintenons à la fois, le cap et nos ambitions.

Il nous faut appuyer sur plusieurs leviers en même temps, pour répondre aux besoins de logements des plus modestes, pour produire et réhabiliter un habitat de qualité, et accompagner les habitants dans leurs parcours respectifs. C’est en remplissant ces trois missions, que Vénissieux a renforcé son attractivité. Notre politique urbaine porte ses fruits et reçoit un écho favorable, dans les populations qui viennent s’installer sur notre territoire. Je pense aussi sincèrement, que le maintien de nos services publics de proximité, intervient dans le choix des nouveaux résidants vénissians.

L’attractivité dont je parle, de nombreux indicateurs la relèvent : l’intérêt des promoteurs et bailleurs ne se dément pas, et ils sont toujours plus nombreux à se porter candidats, dans les grands chantiers urbains que nous avons lancés. Après les opérations réussies de l’îlot du Cerisier et de l’avenue d’Oschatz, Vénissy est déjà un succès. Pour l’îlot A par exemple, sur les 16 logements en accession sociale, 50% des acquéreurs sont des Vénissians, et parmi ces 50%, 63% sont issus du plateau.

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A travers une réelle variété des parcours résidentiels, Vénissieux continue d’avancer, de changer, sans que les habitants soient en quelque sorte dépossédés de leur ville, ce qui est primordial. Il ne faut pas avancer n’importe comment, ni à n’importe quelle vitesse, il faut garder le contrôle des grands projets urbains, sans céder à l’appétit immobilier des uns et des autres. L’année 2012 illustrera, une fois encore, la dynamique raisonnée et durable de notre ville, en matière de constructions et de livraisons de logements.

Les 54 villas des Jardins du Monery de la Sacoviv seront inaugurées dans le courant du premier semestre, une première étape, suivie du lancement du programme de réalisation de 48 nouveaux logements sociaux. Le calendrier de l’année à venir illustre notre volonté de développer la ville dans sa globalité, de faire partager l’essor actuel à l’ensemble des quartiers, de les tirer par le haut, de façon simultanée.

Inaugurations et poses de première pierre concerneront aussi bien Vénissy que Cachin, la rue Paul Bert que l’îlot Romain Rolland, Parilly que l’avenue Ambroise Croizat. Vous l’aurez remarqué, la dynamique se poursuit, et l’année 2012 s’annonce dense, diversifiée et riche en réalisations. Le combat du logement est un combat de société, car il s’agit ni plus ni moins d’un combat pour la solidarité, pour la dignité. Sur ce point, comme pour beaucoup d’autres, il n’y a pas de fatalité, pas de laisser-faire, il existe des outils pour sortir d’une crise profonde, que la spéculation aggrave depuis plus de 30 ans.

2012 est une année charnière, une année de rendez-vous, au cours de laquelle les citoyens que nous sommes doivent se réapproprier les vrais chantiers et débats de société. L’outil citoyen est le premier des outils, de façon à réorienter les politiques actuelles, vers les attentes et besoins de nos concitoyens, vers l’humain tout simplement. De cette reprise en main découleront les outils techniques à mettre en place : encadrer les loyers, renforcer la solidarité urbaine, faire respecter la loi SRU, et augmenter le seuil de logements sociaux à 30% en zones tendues, et 25% sur le reste du territoire.
Interdire les expulsions, mettre en place un grand service public du logement, et un plan de constructions de logements à loyers modérés. Enfin bien sûr, drainer les aides et dépenses de l’Etat vers le logement public, en priorité. Des solutions existent, c’est à nous de les imposer au cœur de l’espace public et politique. Je vous souhaite à tous et à toutes, une année de plénitude, d’épanouissement, une année d’espoirs pour vous, vos familles et vos proches.

Je vous remercie.

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