Vœux à la presse

Jouer notre rôle d’amortisseur social pour les Vénissians, voilà à quoi s’est attachée notre ville tout au long de l’année 2022.

En fin de matinée, j’ai présenté mes vœux à la presse. Plus que jamais, notre démocratie nationale ou locale a besoin notamment d’une presse libre, indépendante, d’investigation, de débats d’idées pour mettre en perspective l’information et pour redonner du sens au monde qui nous entoure.

Un état de crise permanent. Voilà ce que vivent les Français, et plus particulièrement les habitants des quartiers populaires pour lesquels les crises sont plus dures et plus durables.

L’année 2022 a été anxiogène avec l’agression militaire de la Russie envers un pays souverain, qui a des conséquences sur l’inflation et la flambée des cours énergétiques, sans les expliquer entièrement non plus. Il faut trouver une solution diplomatique à un conflit qui génère des drames épouvantables, tue des hommes, femmes et enfants innocents et déplace des populations entières. A cette crise géopolitique majeure s’est ajoutée la crise climatique, dont on a mesuré les effets tout au long de cet été. Nous faisons face à un défi d’ampleur. Culpabiliser les classes populaires sera contre-productif. L’exemple doit venir d’en haut, des Etats, dont les décisions prises lors de la COP27 restent très insuffisantes.

Réponse par le haut également au sujet de la fiscalité, qui est à l’heure actuelle tout sauf solidaire. Plus vous gagnez d’argent et moins vous contribuez à l’effort national, comme nous l’a rappelé la suppression de l’ISF par Emmanuel Macron. Un chiffre parle : les 10 % les plus aisés émettent cinq fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre des Français. Tout se passe comme si l’addition des crises servait la spéculation et les dividendes de quelques-uns. Pendant la crise du Covid, le CAC 40 s’est très bien porté : 120 milliards d’euros en 2021 ! La fortune des milliardaires en France est passée de 249 milliards en 2020 à 492 milliards en 2021. Deux poids, deux mesures, impunité pour les plus riches, austérité pour les classes populaires. Avec de telles fractures, nos sociétés sont divisées, ne font plus corps pour relever les défis. Arrêtons d’exonérer de toute contribution les nantis et les multinationales, taxons les superprofits à hauteur des sommes générées, la plupart indécentes.

Il faut redonner du sens à la solidarité nationale, des plus riches vers les plus démunis, entre les territoires, réduire les inégalités criantes, insupportables, dans l’accès même à nos droits communs : la santé, l’éducation, le logement, etc. On ne peut pas continuer comme ça.

Cette feuille de route, le gouvernement ne veut pas en entendre parler. Il poursuit sa logique libérale alors que bon nombre de familles en France font face à une inflation qui touche les produits de première nécessité, l’alimentation et les énergies. Mesure-t-il les difficultés des habitants des quartiers populaires ? On peut en douter.

A l’égard des collectivités locales, il n’y a pas de changement de politique d’Emmanuel Macron. Pas de concertation, pas de dialogue, pas de négociation, l’Etat passe en force sans discernement, comme pour les 1607 heures par exemple. Pourtant il y a eu la crise sanitaire, et sur le terrain, quand les dysfonctionnements du gouvernement se multipliaient, les habitants ont vu qui était présent : les communes, les services publics de proximité, réactifs, efficaces. Emmanuel Macron continue malgré tout de ligoter les ressources financières des communes, à l’heure même où nous subissons les effets de l’inflation estimée à 6% sur l’année, du jamais vu depuis 1985. Pour notre ville, les charges d‘énergies et fluides (eau, gaz, électricité, carburants, chauffage urbain, etc), ont augmenté de 30%, soit 1,7 million d’euros. L’exercice 2022 a déjà été fortement impacté, sans oublier les prix des denrées alimentaires pour notre cuisine centrale.

C’est la raison pour laquelle, avec notre pétition, nous demandons au gouvernement de sortir le gaz et l’électricité du marché européen, à rétablir leur tarif réglementé et le blocage des tarifs, à les reconnaître comme des biens de première nécessité. Je remarque, par ailleurs, que nos services publics de proximité seront une nouvelle fois sollicités et mis à contribution en cas de coupures et délestages électriques.

Des solutions existent pour renouer des relations de confiance, très dégradées en ce moment, entre l’Etat et les Collectivités. Pourquoi ne pas corréler la dotation globale de fonctionnement (DGF) à l’inflation actuelle afin d’éviter toute perte, estimée à 10 milliards d’euros entre 2022 et 2027.

Le gouvernement s’y refuse. Néanmoins, face à la grogne des maires, il a fini par reculer et retirer le « pacte de confiance » du projet de loi de finances 2023. Contrat de Cahors bis, il visait à nouveau à limiter les dépenses de fonctionnement des collectivités. Est-il enterré définitivement ou resurgira-t-il en 2024 ? La question reste entière.

Dans la version définitive du PLF 2023, après révision de certains critères, notre ville pourrait devenir éligible au « filet de sécurité » sur les dépenses énergétiques, un dispositif de soutien qui reste à confirmer néanmoins.

Ces combats que nous menons, c’est le combat pour les habitants et pour le respect du principe de libre administration des collectivités territoriales. Qu’on ne se trompe pas, ce combat de l’autonomie et de la souveraineté des communes est un combat de première importance.

Il rejoint celui qui est devant nous concernant l’âge du départ à la retraite. C’est une question de dignité et de solidarité, que le gouvernement ignore et méprise en passant en force pour imposer la retraite à 65 ans. Nous serons au rendez-vous pour nous y opposer avec les syndicats et toutes les forces progressistes. 

Jouer notre rôle d’amortisseur social pour les Vénissians, voilà à quoi s’est attachée notre ville tout au long de l’année 2022. Et nous savons que cette priorité sera identique en 2023. Notre équipe municipale sera très vigilante sur les effets dévastateurs de l’inflation actuelle auprès de tous les habitants. Car nous parlons de l’alimentation, de l’énergie pour se chauffer, pour assurer les déplacements professionnels. Ne laisser personne sur le bord de la route, alerter les pouvoirs publics ou nos services de proximité si une personne, une famille, éprouvent d’énormes difficultés, cet hiver notamment : cette vigilance à laquelle j’appelle est l’affaire de tous, c’est une vigilance citoyenne.

Ce n’est donc pas un hasard si nous déployons une politique sociale et solidaire ambitieuse dans tous les quartiers. Nous intégrons de nombreux dispositifs comme l’expérimentation Territoire zéro non-recours au Moulin-à-Vent, lançons de nouveaux services comme l’accueil de jour médicalisé Résidence Ludovic Bonin, travaillons étroitement avec tous les partenaires comme le Contrat Local de Santé 2022-2026 l’illustre. Nous avons créé une cellule de veille « personne isolée », organisé et lancé notre premier forum « Rendez-vous avec ma santé ».

En termes d’insertion et de retour à l’emploi, des premières assises de l’insertion se sont tenues, une antenne de proximité de la Maison Métropolitaine pour l’insertion à l’emploi va bientôt ouvrir au sein de l’AFPA, des expériences comme Territoire zéro chômeur longue durée sont menées. Labellisée Cité de l’emploi, Cité éducative, notre ville resserre les liens pour ouvrir les portes de la formation et du marché du travail aux jeunes et aux publics dits éloignés.

En termes de sécurité, nous avons renforcé notre brigade d’ASVP, mis en œuvre une politique pénale de proximité contre les incivilités et notre commissariat est devenu le siège de la division de l’Est lyonnais. Là aussi, les lignes bougent.

Enfin, en 2022, l’opération Vénissy a quasiment été bouclée, tandis que le développement de l’entrée ouest, avec logements et commerces, du Puisoz-Grand-Parilly s’est poursuivi. Je mentionne ces dispositifs et ces moments-clés car ils montrent combien l’année 2022 a été utile et combien nos services publics de proximité sont réactifs, garantissent la cohésion sociale. Ces missions sont moins visibles qu’une inauguration ou une étape majeure de rénovation urbaine, elles n’en sont pas moins essentielles pour les Vénissians car elles les accompagnent dans leur quotidien, un quotidien de crise.

Devant nous désormais, l’année 2023 à Vénissieux. Première priorité : faire écran à l’augmentation vertigineuse des prix. Notre budget a été élaboré pour jouer son rôle d’amortisseur social, comme cela avait été le cas dès le début de la crise sanitaire. Depuis 2016, nous avons gelé les taux de notre fiscalité locale. Nous faisons le choix d’absorber au maximum le choc inflationniste afin de protéger tous les Vénissians. Ainsi, malgré la valse des étiquettes (+ 27% pour les produits laitiers, + 15% pour les fruits et légumes…), nous avons choisi de ne pas augmenter les tarifs sociaux de restauration pour les familles au quotient familial le plus bas, à savoir un euro par jour.

Selon l’AMF, environ la moitié des communes a dû déjà alourdir le prix de la cantine, jusqu’à plus de 5%. En moyenne, les tarifs de nos services n’augmentent que de 2%, alors que l’inflation en France grimpera à plus de 6% cette année. L’objectif est clair : nous ferons tout pour ne pas pénaliser deux fois les Vénissians. Malgré ce contexte, il faut qu’ils continuent de fréquenter l’ensemble de nos équipements dans des conditions normales et que nos tarifs restent préférentiels pour chaque habitant.

L’autre priorité, c’est le dialogue avec les Vénissians. Après les assemblées générales des conseils de quartier l’automne dernier, le Grand Rendez-Vous les attend fin septembre-début octobre. A mi-mandat, ce sera l’heure de faire le point sur ce qui a été réalisé et ce qui nous reste à faire concernant nos 150 engagements. Social, économie, santé, éducation, culture, urbanisme, sport, sécurité, toutes les thématiques seront abordées, et je demande aux Vénissians de venir nombreux pour parler de leur ville, échanger avec tous nos services, prendre connaissance des projets structurants qui nous amènent à l’horizon 2030-2035.

Quelle ville construire à l’aune du réchauffement climatique ? Quelle ville imaginer pour faciliter les mobilités ? Quelle ville de demain pour plus de solidarité, plus de citoyenneté, plus de lien social et de justice sociale ? C’est à toutes ces questions et à tous ces débats que j’invite les Vénissians.

Leurs avis, on en a besoin aussi au sujet de la mise en place de la ZFE. Nous allons organiser une concertation à ce sujet dès le début de l’année. Il s’agit d’informer les habitants, dont beaucoup n’ont pas encore pris conscience des enjeux que cela implique.

Notre ville a donné un avis positif sur les objectifs et réservé sur les moyens. Personne ne nie les conséquences sanitaires de la pollution dans les grandes agglomérations, mais notre ville va défendre ses positions auprès de la Métropole. Il s’agit pour nous de revoir l’agenda de la ZFE en fonction de la montée en charge de l’offre TCL, de reporter la décision sur les Crit’Air 2, et de tenir compte des situations sociales des usagers pour accompagner vers des mobilités propres sans recourir à des sanctions injustes.

En ce qui concerne l’enfance et la jeunesse, l’année 2023 sera une année charnière de notre mandat. La maison de l’enfance Max-Barel, avec ses six salles d’activités et une capacité d’accueil de 160 à 170 enfants, ouvrira ses portes en avril prochain.

L’un des investissements majeurs de notre ville, à hauteur de 8 millions d’euros, va se concrétiser avec l’extension du groupe scolaire Jules-Guesde et sa mise en service à la rentrée 2023. Tous les autres chantiers (végétalisation des cours d’école, développement numérique dans les classes, l’extension de l’école Joliot-Curie, rénovation du groupe scolaire Parilly) vont se poursuivre tout au long de l’année.

Ludique, festive, pluriel, nous allons lancer au printemps prochain la 1ère édition d’un nouvel événement jeunesse. Valoriser les parcours et projets des jeunes, les sensibiliser à la citoyenneté et à l’engagement, mettre en place des temps festifs, cette manifestation ciblera plus particulièrement les 14-20 ans et donnera une belle image de la jeunesse vénissiane.

D’autres opérations prendront forme dans les mois qui viennent. Deux « quartiers fertiles » vont naître sur le plateau des Minguettes. Ce projet, initié par l’ANRU, prolonge notre action municipale de développement humain et durable et renforce encore notre patrimoine vert en milieu urbain, atout et identité de Vénissieux. Ainsi, il y aura à terme l’implantation de l’espace ressources dédié au jardinage, à la biodiversité et à l’alimentation dans le secteur Armstrong. La ferme maraîchère et pédagogique prendra ses quartiers secteur Marcel Cachin. Enfin un terrain visant à déployer les activités de refertilisation des sols et de la pépinière temporaire se situera dans le secteur des Balmes.

Vénissieux avance, agrège les énergies, travaille en étroite collaboration avec tous ses partenaires, institutionnels ou autres. Les résultats sont là, et nos services publics de proximité jouent un rôle considérable dans la gestion des crises à répétition que nous traversons. Ils protègent les Vénissians et font évoluer Vénissieux. A l’orée de cette nouvelle année, il y a une vraie diversité dans les événements qui nous attendent, un rayonnement de notre ville aussi, plus que jamais porte d’entrée sud de l’agglomération lyonnaise, avec ses traits de caractère et ses singularités. C’est cette actualité, plus celle qui vous est propre, que vous allez couvrir et faire partager aux Vénissians.

Plus que jamais, notre démocratie nationale ou locale a besoin notamment d’une presse libre, indépendante, d’investigation, de débats d’idées pour mettre en perspective l’information et pour redonner du sens au monde qui nous entoure.

Je vous souhaite, à vous, vos familles et vos proches, une excellente année 2023. Je vous remercie.

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