Inauguration des résidences du « Triangle Thioley »

… »Il y a dans ces trois bâtiments à vocation sociale, l’histoire, le caractère et la détermination de notre ville. »…

On ne peut pas dissocier la question du logement social de cette question centrale, que la ville de Vénissieux porte depuis des années, celle de la dignité humaine. C’est cette dernière qui traverse et nourrit, aussi bien les arrêtés interdisant sur la commune les expulsions locatives, sans solution de relogement, que l’inauguration du Triangle du Thioley, qui nous réunit aujourd’hui.

Donner un toit aux plus fragiles, donner des conditions de vie décentes aux familles les plus modestes. Quand bien trop de villes font du logement social un levier de la peur, et un outil de rejet, notre ville en fait un enjeu de solidarité et de responsabilité.

Ce n’est pas qu’une question de point de vue, c’est une question politique et de volonté politique, pour répondre à l’urgence sociale, et mettre fin à un cynisme ambiant détestable. 3,8 millions de personnes vivent dans des conditions d’habitation précaires. 141 500 sont sans domicile fixe (+ 50 % en 11 ans). 31 000 enfants n’ont pas de toit. Soit ces chiffres laissent chacun de nous indifférent, soit ils choquent, blessent et révoltent. Vous savez dans quel camp je me place. Pas dans l’instrumentalisation politique de la précarité sociale, argumentation indécente, mais dans la détermination, au contraire, de lutter contre une pauvreté qui gagne du terrain, année après année.

Ce programme, donc, appelé Triangle du Thioley, porte en lui l’esprit de Vénissieux. Tradition d’accueil, solidarité, dignité. Nous en sommes fiers, car il est le fruit d’une opération immobilière complexe, et d’un multipartenariat efficace et de tous les instants, entre la Ville, le Grand Lyon, Renault Trucks (propriétaire du foncier cédé), Alliade Habitat, la Majo et Emmaüs. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice, chacun a fait preuve d’ambition, et je tenais à féliciter l’ensemble des partenaires, mais aussi les architectes, les techniciens et ouvriers, des différents corps de métier. Car il a fallu franchir des obstacles techniques, comme le passage du métro sous cette parcelle, d’une ligne aérienne à haute tension, et de contraintes environnementales.

Le résultat est devant nos yeux. Ambitieux et réussi. L’opération immobilière a donné naissance à trois lots distincts, symbole de trois formes de logement social, qui n’est pas un terme générique, comme on pourrait le croire.

Les 22 logements sociaux et très sociaux de la résidence Alliade Habitat. Le foyer de 130 logements, pour la Maison des Jeunes Ouvriers, et un bâtiment comprenant 29 logements et des locaux administratifs Emmaüs.

Cela fait maintenant plus de dix ans, que la communauté Emmaüs s’est implantée à Vénissieux, entre la rue des Frères Amadéo et l’avenue Marius Berliet. Un compagnonnage fort et indéfectible, dont notre ville est fière, toujours au service d’hommes et de femmes, blessés par les épreuves de la vie, souvent difficiles à surmonter. Chacun en conviendra, il plus facile de se reconstruire, lorsqu’une main se tend, lorsqu’une porte s’ouvre, lorsque l’on a un toit, pour remonter la pente. A son bric-à-brac, le 3ème plus grand de France, vient s’ajouter, en plus des anciens logements conservés, ce nouveau bâtiment, de façon à en accroître le nombre, en particulier pour les femmes. Emmaüs rayonne à Vénissieux, et je ne doute pas que Emmaüs va désormais rayonner, sur toute l’agglomération lyonnaise.

Même sentiment de fierté, pour le nouveau foyer de jeunes travailleurs de la Majo. La vétusté des anciens locaux de la rue Louis-Blanc, a laissé la place à des logements plus confortables, et beaucoup plus agréables à vivre. Les locataires, au prix d’un loyer compris entre 350 et 509 euros, disposent désormais d’une chambre ou plus, équipée d’un coin cuisine, évier douche, et de prises téléphone, pour accéder à internet notamment. Le parking et les espaces collectifs complètent un ensemble bien conçu et apprécié, je le crois, par les locataires de la Majo. Sur les 130 logements disponibles, une cinquantaine est réservée à des jeunes de 16 à 20 ans, dont une trentaine de mineurs isolés, étrangers, dans le cadre d’une convention avec la Métropole. Ils bénéficient tous d’un accompagnement pour leur intégration, l’accès à leurs droits, et le rappel aussi à leurs devoirs, ainsi qu’un suivi de leurs démarches administratives, ou de la réalisation de leur projet de sortie.

Au cœur de ce projet, il y a aussi ce qui me paraît essentiel, à savoir la proximité des transports en commun. Travailleurs, étudiants, stagiaires ou demandeurs d’emploi, se trouvent à quelques centaines de mètres de la station de métro, ou du tramway. La question du logement social, c’est à l’évidence, la question et la présence des services publics de proximité.

La crise du logement, pour les familles les plus modestes, contient en elle, quasiment toutes les crises : le chômage et l’accès au monde du travail, la précarité et l’accès à l’éducation, à la santé, à la culture aussi. La ville de Vénissieux, et le triangle du Thioley en est l’illustration, veut apporter des réponses globales, et chaque projet de rénovation urbaine, en cours ou à venir, s’en fait l’écho.

Il y a dans ces trois bâtiments à vocation sociale, l’histoire, le caractère et la détermination de notre ville.

J’ai presque envie de dire que ce programme est typiquement vénissian, de par son esprit de solidarité, d’accueil, dans cette capacité à servir l’intérêt général, et à lutter contre les discriminations sociales et territoriales. D’un montant d’une dizaine de millions d’euros, et je tiens vraiment à féliciter tous nos partenaires, le triangle du Thioley montre combien la dignité humaine a toujours été, l’un des traits de caractère de l’identité vénissiane.

Je vous remercie.

X