Intervention de Michèle Picard sur les rapport n°15 « VOIRIE – Changement de dénomination du square Abbé Pierre en square Madeleine Bres. »
Depuis les premières révélations mi-juillet, puis la note plus détaillée du mouvement Emmaüs début septembre, de nombreuses villes et collectivités en France, de droite comme de gauche, s’apprêtent à débaptiser les rues, places, squares, écoles, portant le nom de l’Abbé Pierre. Les faits reprochés d’agressions sexuelles sont suffisamment graves pour que la Fondation Abbé Pierre elle-même ait décidé de changer de nom. Aux sept plaintes initiales, dix-sept nouveaux témoignages ont fait état de violences sexuelles, dont des agressions sur trois mineures, l’une âgée de 8 ans, commises par le prêtre entre le début des années 1950 et les années 2000.
De son côté, Emmaüs International est en train d’envisager une forme d’indemnisation des victimes. Certes, la justice ne s’est pas prononcée, mais les faits reprochés et les agissements de l’Abbé Pierre étaient connus de certaines autorités ecclésiales, le Vatican ayant reconnu en avoir été informé.
Notre ville est à la pointe du combat contre les violences faites aux femmes, il me paraît inapproprié, vu la gravité des faits, que notre square situé entre les rues Maxime Gorki et Maurice Ravel continue de porter le nom de l’Abbé Pierre. Il ne s’agit pas d’effacer de la mémoire collective un aspect de l’histoire qui ne nous convient pas, de faire en sorte que l’Abbé Pierre disparaisse de la circulation. Au contraire, aujourd’hui, l’histoire a plus que jamais besoin d’être contextualisée, mais la gravité des agissements, qui a sidéré et surpris chacun de nous, nous contraint à agir et à débaptiser notre square. Je le dis sans précipitation aucune, d’où la présente délibération. Les combats de l’Abbé Pierre contre le mal-logement et la pauvreté restent des combats salutaires et plus que jamais d’actualité. N’entretenons pas de confusion ni de raccourcis entre l’homme, dont la gravité des actes est condamnable, et les actions qu’il a menées avec détermination pour réveiller les consciences et les pouvoirs publics.
Ce soir, je vous propose donc de renommer notre square, « square Madeleine Bres ». Peu connue du grand public, première femme française à obtenir le diplôme de docteur en médecine, Madeleine Bres a consacré toute sa vie à la médecine de la femme et de l’enfant. Elle est décédée en 1921, aveugle, pauvre et oubliée. C’est l’occasion de mettre en lumière sa contribution médicale et sociale et de poursuivre la féminisation des lieux, places, rues et équipements de Vénissieux, largement déficitaire par rapport aux noms masculins, comme dans toutes les villes en France.
Je vous remercie.